Abdelkarim Guennoun: Hommage à l'un de ses plus fameux artisans de l'art du Malhoun
Mario Scolas
A partir du malhoun aussi appelé griha, sont venus se greffer "les textes de la sagesse" de la tarika des Aïssawas, Hmadcha, Samaâ et plusieurs arts qui ont découlé de ce genre poétique.

Haj Abdelkarim Guennoun à droite, en compagnie de Haj Abderrahim Amrani
Il parle de thèmes très actuels comme le racisme, de politique, de l'attention portée aux parents, parle de religion. Le malhoun parle des temps anciens des Arabes et des temps modernes. Le malhoun joue dans ce sens, un rôle pédagogique très important. La première école de malhoun est fondée au début du XVIe siècle à Meknès où il est encore enseigné comme discipline.
Rendons hommage à celui qui fut l'un de ses plus fameux artisans Haj Abdelkarim Guennoun
Abdelkarim Guennoun عبد الكريم كنون (né à Fès en 1924 décédé en 1995) fut un chanteur de malhoun marocain très apprécié des spécialiste de la poésie arabe. Il s’est distingué des autres chanteurs de son époque par la force de sa voix contrastant avec la douceur de son chant. Son chant est par ailleurs devenu une référence spécifique à la ville de Fès, par l'arabe vernaculaire rhétorique qu'il interprète avec éloquence.
Cet artisan de profession, est surtout connu pour être le chantre de la littérature et de la poésie du malhoune qu'il nous a transmis tout au long de sa vie, passion qui l'a poussé très loin dans la connaissance de cette forme musicale.
Très jeune, Abdelkarim apprit la littérature populaire et l’art de « AL Malhoune » et le conte populaire. C'est surtout grâce au célèbre poète de Malhoun El Ghali Eddemnati (décédé en 1956) qu’il a appris et assimilé les normes de chant du Tarab al Malhoune. Guennoun devient dès lors, ce narrateur poétique que l'ont connais. Il n'est pas de mystère à faire sur l’éloquence de sa prononciation qui met en évidence les termes et les significations des poèmes. Il a vécu parmi une génération de grands chanteurs comme Haj Mhammed Bouzoubaâ, (le père) et Haj Thami El Harouchi (qassidat ahl lbit parmi tant d'autres).
Abdelkrim Guennoun a enseigné l’art du Malhoune sous le Protectorat français à Dar Slah (qui est devenu ensuite le musée El Batha). Il enseigne plus tard au conservatoire de la ville de Fès, dès sa construction à Dar Âadil. Mohamed Essoussi deviendra également son élève.
Nombreux sont les musiciens et les chanteurs qui l'ont côtoyé et bénéficié de son enseignement. Il dirige également l'orchestre du Malhoun de la radio de Fès et enregistre avec eux, nombreux poèmes (qaçaïd) et plusieurs disques vinyle et environ 100 cassettes seront gravés.
Abdelkarim Guennoun a également participé à des rencontres artistiques au niveau marocain et au niveau international et reçut plusieurs distinctions sur le plan national, sous la supervision des grands professeurs et chercheurs tel feu le savant Mohammed El Fassi qui félicitait régulièrement ses performances.
Abdelkrim Guenoun s'est éteint à Fès, le lundi 27 novembre 1995.
La 5ème édition du festival de Fès de la musique «Malhoun» organisé les 12, 13 et 14 avril 2007 lui a rendu un vibrant hommage.
Bibliographie
* Anthologie d'Al-Melhun : traditions de Fès, Meknès, Salé, Marrakech - Haj Hussain Toulali, Abdelkarim Guennoun, Hussein Ghazali, ... Maison des cultures du monde, 1990