Algérie/France: un documentaire autour du "Hirak" met le feu aux poudres
AFP
Alger - Diffusé à la télévision française et dénoncé par Alger, "Algérie, mon amour", un documentaire sur la jeunesse et le "Hirak", un mouvement populaire antirégime inédit, a déclenché la polémique sur les réseaux sociaux, au sein même des "hirakistes".
Cinq jeunes Algériens, trois hommes et deux femmes entre 20 et 30 ans, parfaitement francophones, ont été interviewés par Mustapha Kessous, un journaliste français d'origine algérienne, pour "se raconter et raconter leur pays".
"Leurs destins individuels épouse désormais une cause plus grande qu'eux: la Révolution", précise le synopsis du documentaire de 70 minutes diffusé mardi soir par la chaîne du service public France 5.
Les témoignages de ces jeunes, originaires d'Alger, Oran et Tizi Ouzou, qui parlent beaucoup des frustrations de la jeunesse algérienne, sont entrecoupés d'images des manifestations du "Hirak", un mouvement protéiforme sans précédent qui a ébranlé le pouvoir algérien pendant plus d'un an jusqu'à sa suspension en raison de la pandémie de Covid-19.
C'est visiblement le lien entre les propos tenus par ces jeunes --au ton très libre, sans tabou (en particulier sexuel)-- qui parlaient au final peu de politique, et les revendications politiques et sociales "Hirak" qui a suscité la colère de nombreux internautes. Après le tollé initial, la polémique a enflé entre les pour et les contre, ces derniers largement majoritaires.
Ni le réalisateur, ni le groupe public France Télévisions, dont France 5 est une des chaînes, n'ont souhaité répondre à la controverse.
L'affaire a provoqué le rappel "immédiat" pour consultations de l'ambassadeur d'Algérie à Paris, Salah Lebdioui, le ministère des Affaires étrangères dénonçant "une attaque contre le peuple algérien et ses institutions". Une façon aussi de récupérer opportunément la contestation, relèvent malicieusement des internautes.
Un journaliste algérien a joliment résumé le scandale: "A 17 heures, tous les posts des hirakistes invitent à se mettre sur France 5. 21 heures: tout les posts des hirakistes insultent France 5".
Si beaucoup ont nuancé leurs critiques, estimant que ce reportage "dessert" le Hirak, qu'il est trop "réducteur" et démontre une "méconnaissance" de l'Algérie, d'autres internautes ont agressivement critiqué les cinq jeunes interrogés.
Certains d'entre eux ont dû faire des mises au point et même renoncer à leurs comptes sur les réseaux sociaux.
Sonia, la psychiatre interrogée dans le documentaire, a fermé sa page Facebook après avoir précisé qu'elle "assumait" ce qu'elle avait dit.
Elle a affirmé cependant regretter que le film ait été présenté comme "surtout axé" sur le "Hirak" -- "ce qui explique les vives réactions mais n'en justifie en aucun cas la violence".
Dans un témoignage diffusé sur la page Facebook d'un ami, Anis, l'étudiant algérois fan de metal, raconte avoir reçu "beaucoup de messages haineux et de menaces depuis que le documentaire a été diffusé".
Il raconte avoir été surpris de voir que n'avaient été retenues de ses réponses par le réalisateur que "celles liées à la frustration sexuelle et liberté personnelle".
Anis se considère comme "doublement victime", à la fois de Mustapha Kessous qui n'aurait pas respecté sa "vie privée" et des "démocrates avec qui j'ai marché" qui l'ont attaqué sur les réseaux.
Ce que reprochent la plupart des partisans du "Hirak", attachés au caractère pacifique du mouvement, ce n'est pas tant ces témoignages qui représentent indubitablement une partie de la jeunesse mais la référence au soulèvement populaire.
Certains internautes ont néanmoins choisi l'humour, marque de fabrique du "Hirak", pour évoquer les turbulentes relations franco-algériennes: après "l'affaire de l'éventail", prétexte à l'origine de la colonisation française, quand un consul de France avait été souffleté par le dey d'Alger en 1827, il y a désormais "l'affaire du pastis".
Une allusion à une scène du documentaire où l'on voit des jeunes, filles et garçons, boire du pastis et discuter de sexualité.
D'autres, plus prosaïquement, se demandent comment l'ambassadeur d'Algérie à Paris, rappelé d'urgence, allait pouvoir rentrer au pays en l'absence de vols réguliers à cause de la pandémie de coronavirus.
"Leurs destins individuels épouse désormais une cause plus grande qu'eux: la Révolution", précise le synopsis du documentaire de 70 minutes diffusé mardi soir par la chaîne du service public France 5.
Les témoignages de ces jeunes, originaires d'Alger, Oran et Tizi Ouzou, qui parlent beaucoup des frustrations de la jeunesse algérienne, sont entrecoupés d'images des manifestations du "Hirak", un mouvement protéiforme sans précédent qui a ébranlé le pouvoir algérien pendant plus d'un an jusqu'à sa suspension en raison de la pandémie de Covid-19.
C'est visiblement le lien entre les propos tenus par ces jeunes --au ton très libre, sans tabou (en particulier sexuel)-- qui parlaient au final peu de politique, et les revendications politiques et sociales "Hirak" qui a suscité la colère de nombreux internautes. Après le tollé initial, la polémique a enflé entre les pour et les contre, ces derniers largement majoritaires.
Ni le réalisateur, ni le groupe public France Télévisions, dont France 5 est une des chaînes, n'ont souhaité répondre à la controverse.
L'affaire a provoqué le rappel "immédiat" pour consultations de l'ambassadeur d'Algérie à Paris, Salah Lebdioui, le ministère des Affaires étrangères dénonçant "une attaque contre le peuple algérien et ses institutions". Une façon aussi de récupérer opportunément la contestation, relèvent malicieusement des internautes.
Un journaliste algérien a joliment résumé le scandale: "A 17 heures, tous les posts des hirakistes invitent à se mettre sur France 5. 21 heures: tout les posts des hirakistes insultent France 5".
Si beaucoup ont nuancé leurs critiques, estimant que ce reportage "dessert" le Hirak, qu'il est trop "réducteur" et démontre une "méconnaissance" de l'Algérie, d'autres internautes ont agressivement critiqué les cinq jeunes interrogés.
Certains d'entre eux ont dû faire des mises au point et même renoncer à leurs comptes sur les réseaux sociaux.
Sonia, la psychiatre interrogée dans le documentaire, a fermé sa page Facebook après avoir précisé qu'elle "assumait" ce qu'elle avait dit.
Elle a affirmé cependant regretter que le film ait été présenté comme "surtout axé" sur le "Hirak" -- "ce qui explique les vives réactions mais n'en justifie en aucun cas la violence".
Dans un témoignage diffusé sur la page Facebook d'un ami, Anis, l'étudiant algérois fan de metal, raconte avoir reçu "beaucoup de messages haineux et de menaces depuis que le documentaire a été diffusé".
Il raconte avoir été surpris de voir que n'avaient été retenues de ses réponses par le réalisateur que "celles liées à la frustration sexuelle et liberté personnelle".
Anis se considère comme "doublement victime", à la fois de Mustapha Kessous qui n'aurait pas respecté sa "vie privée" et des "démocrates avec qui j'ai marché" qui l'ont attaqué sur les réseaux.
Ce que reprochent la plupart des partisans du "Hirak", attachés au caractère pacifique du mouvement, ce n'est pas tant ces témoignages qui représentent indubitablement une partie de la jeunesse mais la référence au soulèvement populaire.
Certains internautes ont néanmoins choisi l'humour, marque de fabrique du "Hirak", pour évoquer les turbulentes relations franco-algériennes: après "l'affaire de l'éventail", prétexte à l'origine de la colonisation française, quand un consul de France avait été souffleté par le dey d'Alger en 1827, il y a désormais "l'affaire du pastis".
Une allusion à une scène du documentaire où l'on voit des jeunes, filles et garçons, boire du pastis et discuter de sexualité.
D'autres, plus prosaïquement, se demandent comment l'ambassadeur d'Algérie à Paris, rappelé d'urgence, allait pouvoir rentrer au pays en l'absence de vols réguliers à cause de la pandémie de coronavirus.