Algérie: grève générale des avocats pour le respect des "droits de la défense"

AFP

Alger - L'union des barreaux d'Algérie a décidé lundi d'organiser une grève générale dans le pays afin de soutenir les avocats algérois qui ont cessé leurs activités pour exiger "le respect des droits de la défense".

Dans un communiqué transmis à l'AFP, l'Union nationale des ordres des avocats appelle les robes noires à "une grève générale les 30 septembre et 1er octobre afin de protester contre les atteintes des droits de la défense".

Ce mouvement de grève s'inscrit dans un climat de répression et de tensions judiciaires, alors que le pouvoir algérien a été ébranlé par un soulèvement populaire inédit en février 2019, le "Hirak", qui réclame un profond changement du "système" et qui a conduit à la chute de l'ex-président Abdelaziz Bouteflika.

Entre les innombrables procès de militants du "Hirak" et d'anciens oligarques corrompus de l'ère Bouteflika, les avocats algériens surmenés sont soumis à un rythme de travail incessant et à des pressions politiques.

L'union des ordres des avocats rappelle que "le droit à la défense est un droit sacré qui ne peut être remis en cause quelles qu'en soient les circonstances".

Elle estime que la généralisation des jugements à distance --après de récents amendements du code pénal-- "déshumanise la justice" et qu'ils devraient "être une exception".

Selon le communiqué, les derniers procès à distance "ne respectaient pas les critères d'un procès équitable".

Dimanche, plusieurs dizaines d'avocats ont organisé un sit-in à la Cour d'Alger et lancé une grève d'une semaine de leurs activités dans tous les tribunaux dépendants de cette Cour.

Le barreau de Blida, une préfecture proche de la capitale, a également entamé une grève d'une semaine.

"Le taux de suivi (de la grève) à Alger et Blida a été de 100%" lundi, a indiqué à l'AFP Me Mustapha Bouchachi, un avocat du "Hirak".

Si Me Bouchachi se félicite de la décision d'organiser une grève, il considère que "ce n'est pas suffisant".

"Il ne peut pas y avoir de justice indépendante si on ne va pas vers une vraie démocratie", analyse l'avocat, également militant des droits humains.

Cette grève a été provoquée par un récent incident au cours duquel le bâtonnier de l'ordre des avocats d'Alger a été, selon les grévistes, "humilié" par un juge de la Cour d'Alger.

Pour le président du syndicat de la magistrature, Yessad Mabrouk, l'indépendance de la justice est "la bataille de toute la société algérienne".


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