Allemagne: l’asile religieux, dernier recours de centaines de migrants
AFP
Peshtiwan Nasser Abdal n'a pu éviter l'expulsion d'Allemagne que grâce à l'asile religieux accordé par la paroisse catholique de Tutzing, près de Munich, une pratique tolérée par les autorités mais qui confine cet irakien yazidi aux locaux appartenant à l'église.
Pour tuer la monotonie du quotidien, ce jeune homme de 21 ans trie vêtements et jouets donnés par des fidèles dans une ancienne piscine, convertie en entrepôt, attenante à la propriété de la paroisse.
"Je fais ça presque tous les jours pour m’occuper l’esprit", confie dans un allemand déjà très bon, l'Irakien issu de la communauté yazidie, une religion préislamique persécutée par le groupe jihadiste Etat islamique.
Depuis quatre mois, Peshtiwan n'a guère quitté les dépendances de l’église catholique de cette petite ville aisée, située au bord de l’idyllique lac de Starnberg, et partage avec un autre Yazidi, Suud Yazdin Arab, un petit appartement prêté par la paroisse.
-Quelque 400 cas en Allemagne-
"Ici, c’est vraiment la routine. On s’occupe, avec le tri des habits, les cours d’allemand, par exemple. Mais je ne rencontre presque jamais des gens de l’extérieur. C’est difficile", remarque Suud, 24 ans. Arrivé il y a un mois à Tutzing, il ne parle pas encore l’allemand et c'est son compatriote qui se charge de la traduction.
Comme eux, près de 400 migrants vivent protégés dans des paroisses catholiques ou protestantes pratiquant encore l’asile religieux, une tradition millénaire tombée en désuétude mais qui a repris de l'ampleur en Allemagne avec la crise migratoire européenne.
"Dans la plupart des cas, il s’agit d’empêcher leur renvoi en Hongrie ou en Bulgarie, où les conditions de vie des réfugiés ne respectent pas les droits de l'Homme", justifie le Père Peter Brummer, 58 ans, curé de Tutzing et militant depuis plus de vingt ans pour l’asile religieux.
Une telle expulsion est dictée par les règles européennes qui exigent des migrants qu’ils déposent leur demande d’asile dans le premier pays européen qui les a enregistrés. L'Allemagne a commencé à réappliquer cette procédure largement mise entre parenthèses au pic de la crise migratoire qui a vu arriver sur son territoire plus d'un million de candidats à l'asile en 2015.
Pour Peter Brummer, il s'agit de protéger des gens qui auraient toutes les chances d'obtenir le statut de réfugié en Allemagne en raison de persécutions dans leur pays d'origine.
"Nous acceptons les réfugiés dont la demande d’asile a de bonnes chances d’aboutir et dont nous sommes le dernier recours", explique-t-il.
La religion ne joue aucun rôle dans son choix. "Les chrétiens ne doivent pas faire de différence face aux nécessiteux", martèle le prêtre. À Tutzing, à côté de l’église au clocher en oignon, il arrive donc que des protégés musulmans fassent leur prière.
La nourriture, le logement et les frais médicaux des deux Yazidis sont à la charge de la paroisse qui les abrite. "Nous rendons service aux autorités qui n’ont pas besoin de payer", glisse avec un sourire le curé.
-Zone grise-
Cet asile religieux se situe dans une zone grise au regard de la loi, celui-ci ne figurant pas dans la législation allemande. Son usage, à la discrétion de chaque prêtre ou pasteur, irrite d'ailleurs parfois les autorités.
L’an dernier, le ministre allemand de l’Intérieur Thomas de Maizière l'avait même comparé à l'application de la charia --la loi islamique--, avant de se rétracter.
Dans la pratique, les autorités tolèrent l’asile religieux. "N’importe quelle institution doit respecter le droit allemand. Mais nous respectons aussi, dans le cas de l’asile religieux, la place particulière de l’Église", tempère Stephan Frey, porte-parole du ministère bavarois de l’Intérieur.
"Nous ne sommes pas une zone de non-droit, nous ne nous cachons pas et les autorités sont libres de venir dans nos locaux" assure Peter Brummer. Mais il n’exclut pas, le cas échéant, de s’opposer physiquement à l’expulsion de l’un de ses protégés.
Les deux Yazidis évitent eux, par prudence, de s'aventurer hors du domaine de l'église.
Pour Peshtiwan Nasser Abdal, la longue attente devrait cependant bientôt se terminer. Car toujours selon les règles européennes, passé six mois en Allemagne, il pourra y déposer une demande d’asile en bonne et due forme.
"Je fais ça presque tous les jours pour m’occuper l’esprit", confie dans un allemand déjà très bon, l'Irakien issu de la communauté yazidie, une religion préislamique persécutée par le groupe jihadiste Etat islamique.
Depuis quatre mois, Peshtiwan n'a guère quitté les dépendances de l’église catholique de cette petite ville aisée, située au bord de l’idyllique lac de Starnberg, et partage avec un autre Yazidi, Suud Yazdin Arab, un petit appartement prêté par la paroisse.
-Quelque 400 cas en Allemagne-
"Ici, c’est vraiment la routine. On s’occupe, avec le tri des habits, les cours d’allemand, par exemple. Mais je ne rencontre presque jamais des gens de l’extérieur. C’est difficile", remarque Suud, 24 ans. Arrivé il y a un mois à Tutzing, il ne parle pas encore l’allemand et c'est son compatriote qui se charge de la traduction.
Comme eux, près de 400 migrants vivent protégés dans des paroisses catholiques ou protestantes pratiquant encore l’asile religieux, une tradition millénaire tombée en désuétude mais qui a repris de l'ampleur en Allemagne avec la crise migratoire européenne.
"Dans la plupart des cas, il s’agit d’empêcher leur renvoi en Hongrie ou en Bulgarie, où les conditions de vie des réfugiés ne respectent pas les droits de l'Homme", justifie le Père Peter Brummer, 58 ans, curé de Tutzing et militant depuis plus de vingt ans pour l’asile religieux.
Une telle expulsion est dictée par les règles européennes qui exigent des migrants qu’ils déposent leur demande d’asile dans le premier pays européen qui les a enregistrés. L'Allemagne a commencé à réappliquer cette procédure largement mise entre parenthèses au pic de la crise migratoire qui a vu arriver sur son territoire plus d'un million de candidats à l'asile en 2015.
Pour Peter Brummer, il s'agit de protéger des gens qui auraient toutes les chances d'obtenir le statut de réfugié en Allemagne en raison de persécutions dans leur pays d'origine.
"Nous acceptons les réfugiés dont la demande d’asile a de bonnes chances d’aboutir et dont nous sommes le dernier recours", explique-t-il.
La religion ne joue aucun rôle dans son choix. "Les chrétiens ne doivent pas faire de différence face aux nécessiteux", martèle le prêtre. À Tutzing, à côté de l’église au clocher en oignon, il arrive donc que des protégés musulmans fassent leur prière.
La nourriture, le logement et les frais médicaux des deux Yazidis sont à la charge de la paroisse qui les abrite. "Nous rendons service aux autorités qui n’ont pas besoin de payer", glisse avec un sourire le curé.
-Zone grise-
Cet asile religieux se situe dans une zone grise au regard de la loi, celui-ci ne figurant pas dans la législation allemande. Son usage, à la discrétion de chaque prêtre ou pasteur, irrite d'ailleurs parfois les autorités.
L’an dernier, le ministre allemand de l’Intérieur Thomas de Maizière l'avait même comparé à l'application de la charia --la loi islamique--, avant de se rétracter.
Dans la pratique, les autorités tolèrent l’asile religieux. "N’importe quelle institution doit respecter le droit allemand. Mais nous respectons aussi, dans le cas de l’asile religieux, la place particulière de l’Église", tempère Stephan Frey, porte-parole du ministère bavarois de l’Intérieur.
"Nous ne sommes pas une zone de non-droit, nous ne nous cachons pas et les autorités sont libres de venir dans nos locaux" assure Peter Brummer. Mais il n’exclut pas, le cas échéant, de s’opposer physiquement à l’expulsion de l’un de ses protégés.
Les deux Yazidis évitent eux, par prudence, de s'aventurer hors du domaine de l'église.
Pour Peshtiwan Nasser Abdal, la longue attente devrait cependant bientôt se terminer. Car toujours selon les règles européennes, passé six mois en Allemagne, il pourra y déposer une demande d’asile en bonne et due forme.