Alstom: une tâche épineuse attend le gouvernement
AFP
Paris - En acceptant d'étudier d'autres offres de rachat partiel que celle de l'américain General Electric, Alstom a donné un répit d'un mois au gouvernement pour travailler à des solutions alternatives pour le fleuron industriel français, mais la tâche s'annonce difficile.
Le conseil d'administration d'Alstom s'est donné mardi jusqu'à la fin mai pour étudier d'éventuelles offres de rachat pour sa branche énergie, avant d'entrer en négociations exclusives avec GE, dont l'offre de 12,35 milliards d'euros a sa préférence.
Un délai que le gouvernement compte bien mettre à profit pour étudier d'autres pistes pour le fabricant de TGV et de turbines électriques, alors qu'il estime avoir été mis à l'écart dans ce dossier qu'il juge stratégique pour la France en termes d'emploi et de localisation d'activité.
"Il est tout à fait possible d'avoir une offre alternative dans un délai d'un mois", estime un bon connaisseur du secteur, tout en jugeant cette probabilité faible en raison de la concentration qui prévaut déjà dans l'énergie.
"Ce n'est pas une industrie où il y a 25 millions d'acteurs. Tout le monde se connaît, tout le monde se regarde. Il est donc difficile de dire qu'on va faire émerger un mouton à cinq pattes qu'on n'aurait pas vu".
- Politiquement compliqué -
Siemens, qui a les faveurs de Bercy, a déjà proposé de racheter la branche énergie d'Alstom en échange de son secteur trains et métro et pourrait passer à la contre-offensive, même si les doublons et les risques de concurrence apparaissent plus nombreux avec l'industriel allemand.
D'autres géants de l'énergie présentent un profil qui leur permettrait d'entrer dans le bal des prétendants, comme le japonais Mitsubishi Heavy Industries. Le groupe helvético-suédois ABB s'est dit attentif à l'évolution du dossier.
De source proche du dossier, on indique d'ailleurs que des contacts ont été pris avec les Japonais, alors que GE est déjà allié à Hitachi dans le nucléaire.
"D'autres acteurs peuvent être crédibles, mais est-ce qu'ils vont faire une offre? Tout porte à croire que non", souligne Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.
"Que le gouvernement essaie de trouver d'autres partenaires, cela paraît logique. Mais le délai d'un mois a été octroyé simplement pour l'apaiser", ajoute-t-il, estimant l'accord avec GE quasiment plié.
Pas sûr, non plus, qu'un autre investisseur non européen soit accueilli à bras ouverts, juge un autre analyste qui n'a pas souhaité être nommé.
"Pour l'instant, on ne parle que d'une offre de Siemens, et c'est tout ce qu'on voit venir. Des acteurs asiatiques pourraient se positionner, mais politiquement, ce serait compliqué", estime-t-il.
"Beaucoup plus" encore qu'avec un conglomérat américain comme GE, présent depuis plusieurs dizaines d'années en France, où il emploie 10.000 personnes. "Ils n'ont pas d'empreinte historique en France ni de track record (expérience) avec les clients actuels d'Alstom. Ce sont deux éléments qui me paraissent rédhibitoires".
- Piste franco-française -
Le gouvernement, qui dit préférer des "alliances" aux "absorptions", réfléchit aussi à une solution franco-française.
Le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, a dit étudier une montée de l'Etat au capital d'Alstom, pour répondre à la demande des syndicats d'empêcher un éclatement du groupe que le PDG, Patrick Kron, assume.
L'Etat s'était désengagé du groupe en 2006, deux ans après l'avoir sauvé de la faillite, en cédant sa participation à Bouygues, actionnaire de référence avec 29,4%, qui souhaite à son tour se retirer. L'Etat ne détient plus qu'une part minoritaire de 0,9% via la Caisse des dépôts (CDC).
"Faire entrer du cash dans la maison, c'est bien. Mais cela ne résout pas les questions structurelles auxquelles Alstom est confronté", estime un proche du dossier, citant les problèmes de taille critique, d'exposition géographique et d'endettement.
Quant à l'entrée en scène d'autres entreprises françaises, elle n'est pas jugée plus crédible.
"Même si le gouvernement essaie de faire pression sur certains acteurs, il est improbable qu'on ait une solution franco-française", considère Christopher Dembik.
Régulièrement cité, le géant du nucléaire Areva n'en a "pas les moyens", et "EDF s'est astreint à une discipline financière", explique un autre analyste.
Les portes sont beaucoup plus ouvertes pour le transport, sur lequel Alstom veut se concentrer après la cession de son pôle énergie, mais dont l'avenir inquiète aussi jusqu'au sommet de l'Etat si ces activités se retrouvaient seules.
Un délai que le gouvernement compte bien mettre à profit pour étudier d'autres pistes pour le fabricant de TGV et de turbines électriques, alors qu'il estime avoir été mis à l'écart dans ce dossier qu'il juge stratégique pour la France en termes d'emploi et de localisation d'activité.
"Il est tout à fait possible d'avoir une offre alternative dans un délai d'un mois", estime un bon connaisseur du secteur, tout en jugeant cette probabilité faible en raison de la concentration qui prévaut déjà dans l'énergie.
"Ce n'est pas une industrie où il y a 25 millions d'acteurs. Tout le monde se connaît, tout le monde se regarde. Il est donc difficile de dire qu'on va faire émerger un mouton à cinq pattes qu'on n'aurait pas vu".
- Politiquement compliqué -
Siemens, qui a les faveurs de Bercy, a déjà proposé de racheter la branche énergie d'Alstom en échange de son secteur trains et métro et pourrait passer à la contre-offensive, même si les doublons et les risques de concurrence apparaissent plus nombreux avec l'industriel allemand.
D'autres géants de l'énergie présentent un profil qui leur permettrait d'entrer dans le bal des prétendants, comme le japonais Mitsubishi Heavy Industries. Le groupe helvético-suédois ABB s'est dit attentif à l'évolution du dossier.
De source proche du dossier, on indique d'ailleurs que des contacts ont été pris avec les Japonais, alors que GE est déjà allié à Hitachi dans le nucléaire.
"D'autres acteurs peuvent être crédibles, mais est-ce qu'ils vont faire une offre? Tout porte à croire que non", souligne Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.
"Que le gouvernement essaie de trouver d'autres partenaires, cela paraît logique. Mais le délai d'un mois a été octroyé simplement pour l'apaiser", ajoute-t-il, estimant l'accord avec GE quasiment plié.
Pas sûr, non plus, qu'un autre investisseur non européen soit accueilli à bras ouverts, juge un autre analyste qui n'a pas souhaité être nommé.
"Pour l'instant, on ne parle que d'une offre de Siemens, et c'est tout ce qu'on voit venir. Des acteurs asiatiques pourraient se positionner, mais politiquement, ce serait compliqué", estime-t-il.
"Beaucoup plus" encore qu'avec un conglomérat américain comme GE, présent depuis plusieurs dizaines d'années en France, où il emploie 10.000 personnes. "Ils n'ont pas d'empreinte historique en France ni de track record (expérience) avec les clients actuels d'Alstom. Ce sont deux éléments qui me paraissent rédhibitoires".
- Piste franco-française -
Le gouvernement, qui dit préférer des "alliances" aux "absorptions", réfléchit aussi à une solution franco-française.
Le ministre de l'Economie, Arnaud Montebourg, a dit étudier une montée de l'Etat au capital d'Alstom, pour répondre à la demande des syndicats d'empêcher un éclatement du groupe que le PDG, Patrick Kron, assume.
L'Etat s'était désengagé du groupe en 2006, deux ans après l'avoir sauvé de la faillite, en cédant sa participation à Bouygues, actionnaire de référence avec 29,4%, qui souhaite à son tour se retirer. L'Etat ne détient plus qu'une part minoritaire de 0,9% via la Caisse des dépôts (CDC).
"Faire entrer du cash dans la maison, c'est bien. Mais cela ne résout pas les questions structurelles auxquelles Alstom est confronté", estime un proche du dossier, citant les problèmes de taille critique, d'exposition géographique et d'endettement.
Quant à l'entrée en scène d'autres entreprises françaises, elle n'est pas jugée plus crédible.
"Même si le gouvernement essaie de faire pression sur certains acteurs, il est improbable qu'on ait une solution franco-française", considère Christopher Dembik.
Régulièrement cité, le géant du nucléaire Areva n'en a "pas les moyens", et "EDF s'est astreint à une discipline financière", explique un autre analyste.
Les portes sont beaucoup plus ouvertes pour le transport, sur lequel Alstom veut se concentrer après la cession de son pôle énergie, mais dont l'avenir inquiète aussi jusqu'au sommet de l'Etat si ces activités se retrouvaient seules.