Amnesty International appelle le Canada à arrêter George W. Bush

AFP

Ottawa - Amnesty International a demandé mercredi aux autorités canadiennes d'arrêter et de poursuivre en justice l'ancien président américain George W. Bush, lors de sa visite au Canada prévue le 20 octobre, l'accusant de "crimes" et notamment de "torture".

George W. Bush
George W. Bush
Cette demande est contenue dans un mémorandum de mille pages remis par l'organisation humanitaire internationale aux autorités canadiennes le 21 septembre, mais rendu public seulement mercredi.

M. Bush doit faire un exposé lors d'une conférence économique régionale à Surrey, en Colombie-Britannique dans l'ouest du Canada.

"Le Canada est tenu par ses obligations internationales d'arrêter et de poursuivre en justice l'ancien président Bush, compte tenu de sa responsabilité dans des crimes contre le droit international, dont la torture", a déclaré Susan Lee, directrice d'Amnesty pour les Amériques.

"Comme les autorités des Etats-Unis n'ont pas, jusqu'à présent, déféré en justice l'ancien président Bush, la communauté internationale doit intervenir. Si le Canada s'abstient d'agir pendant sa visite, cela constituera une violation de la Convention des Nations unies contre la torture et sera une manifestation de mépris vis à vis des droits humains fondamentaux", a-t-elle poursuivi, selon un communiqué.

Le ministre canadien de l'Immigration Jason Kenney a répliqué en accusant Amnesty de "choisir soigneusement des cas à exposer, pour des raisons idéologiques".

"Ce genre de coups explique pourquoi tant de défenseurs respectés des droits humains ont quitté Amnesty International", a-t-il asséné. Le ministre a accusé la direction d'Amnesty de "banqueroute morale" et toute l'organisation de "dégénérescence et de politisation".

En février, M. Bush avait annulé une visite en Suisse, après que des appels similaires à son arrestation y avaient été lancés.

Le secrétaire général de la branche canadienne d'Amnesty, Alex Neve, a déclaré mercredi lors d'une conférence de presse que l'organisation poursuivrait son action auprès des gouvernements d'autres pays que l'ancien président envisagerait de visiter.

"Les tortionnaires doivent être poursuivis en justice et leurs crimes sont si flagrants que la responsabilité des poursuites incombe à toutes les nations", a-t-il dit.

"On doit arrêter la torture. Poursuivre en justice les personnes coupables de torture est essentiel pour attendre cet objectif. C'est la loi... Et personne, y compris l'homme ayant été pendant huit ans président de la plus puissante nation du monde ne saurait être au-dessus de cette loi".

Les accusations d'Amnesty, qui est soutenue par une ONG canadienne, le Groupe international de surveillance des libertés civiles, concernent notamment le programme secret de la CIA appliqué entre 2002 et 2009 qui infligeait aux détenus, selon l'organisation, "la torture et d'autres traitements cruels, inhumains et dégradants, ainsi que des disparitions forcées".

Elles reposent sur des documents publics, des documents américains obtenus grâce à la loi sur la liberté d'information, les mémoires de M. Bush et un rapport de la Croix-Rouge critiquant la "guerre contre le terrorisme" lancée par l'ancien président américain.

Pendant sa présidence, relève encore Amnesty, M. Bush avait autorisé des "techniques renforcées d'interrogation", dont la simulation de noyade.


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