Amos Oz, écrivain israélien et militant de la paix

AFP

​Jérusalem - L'écrivain israélien Amos Oz, décédé vendredi à l'âge de 79 ans, est connu pour son oeuvre prolifique traduite dans le monde entier et son action contre la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés.

Sa fille Fania Oz-Salzberger a annoncé sa mort des suites d'un cancer, en remerciant "ceux qui l'ont aimé".

Les ouvrages du romancier, qui explorent les êtres et leurs relations souvent complexes, ont été traduits dans plus de 30 langues.

Egalement poète et essayiste, Amos Oz est né à Jérusalem le 4 mai 1939 dans une famille d'origine russe et polonaise.

La Jérusalem austère de son enfance, dans les dernières années du mandat britannique sur la Palestine, sert de matrice et de décor à son oeuvre. La ville baigne dans les rêves messianiques, les cauchemars de la Shoah, les menaces de guerre pour la possession d'une terre revendiquée par deux peuples.

L'enfance s'achève par le suicide de sa mère, alors qu'il a 12 ans.

Cette mort tragique est un des principaux sujets d'"une Histoire d'amour et de ténèbres", publié en France en 2004, un roman salué dans le monde comme un événement majeur de la littérature contemporaine. Le livre a été porté à l'écran en 2015 par Natalie Portman qui y joue le rôle de la mère du jeune Amos.

"Après le suicide de ma mère, je me suis rebellé contre le monde des livres, cet univers de bibliothèques et de mots dans lequel je baignais. J'ai quitté la maison paternelle pour m'installer au kibboutz (...) j'ai choisi de travailler la terre", confiait-il en 2004.

C'est à cette époque, en 1954, lorsqu'il part pour le kibboutz Hulda (nord d'Israël), qu'Amos Klausner change de patronyme et devient Oz ("force, courage", en hébreu).

Il finit par revenir "au monde des livres" et publie en 1966 son premier roman, "les Terres du chacal", puis enchaîne articles, essais et romans.

Il est salué à ses débuts comme le "Camus israélien", mais il se défend de faire dans la tragédie, préférant donner dans la "comédie des familles malheureuses".

Après avoir pris part à la guerre des Six jours en juin 1967, Amos Oz milite dans le mouvement contre l'annexion des Territoires palestiniens.

En 1978, dans la foulée des accords israélo-égyptiens de Camp David, qui conduiront à la signature d'un traité de paix, il est un des fondateurs de "la Paix maintenant", la première organisation israélienne opposée à la colonisation dans les Territoires palestiniens.

A la fin des années 1980, Amos Oz et sa famille quittent Hulda, où il a enseigné pendant plus de 25 ans, pour s'installer dans le désert du Néguev (sud).

Le regard intense et le verbe clair, Amos Oz, également très apprécié par les Israéliens surtout pour son humour, est diplômé de littérature et de philosophie. Il est intervenu régulièrement dans les médias israéliens et internationaux.

Dans les années 1990, il quitte le parti travailliste pour rejoindre le Meretz, plus à gauche, dont la priorité est la paix avec les Palestiniens.

"La paix n'est pas seulement possible, elle est inévitable, parce que nous n'avons nulle part ailleurs où aller et les Palestiniens non plus", proclamait-il en septembre 2016 lors de l'éloge funèbre de son ami Shimon Peres, prix Nobel de la paix.

Parmi ses livres figurent "la Boîte noire", qui a obtenu en 1988 le Fémina étranger en France, ou encore "Seule la mer" (2002).

Son dernier ouvrage paru en français en 2016, "Judas", explore la figure du traître, qualificatif dont Amos Oz a été affublé pour ses positions politiques.

Lauréat du prestigieux prix Goethe 2005 en Allemagne, il a aussi reçu le prix d'Israël de littérature en 1998, le prix Méditerranée (étranger) en 2010 et le prix Franz Kafka en 2013.

Marié, il est père de trois enfants.