Anne Robillard : Parler aux anges
canoe.ca/Benoit Aubin
Il faut être très alerte pour rester à jour avec la production littéraire d’Anne Robillard. Cinq ou six semaines est tout le temps dont elle dispose pour produire un nouveau tome d’une des nombreuses séries de romans fantastiques qu’elle mène de front.
Mais, bien avant d’avoir fini le douzième tome de cette saga, elle avait attaqué A.N.G.E, cette histoire de fin du monde, avec les anges, les diables, les fantômes et les revenants engagés dans une lutte à finir entre les forces du bien et du mal. Elle lance le tome 5 de cette série ces jours-ci. Et ça, c’est sans compter Terra Wilder. Une histoire de réincarnation. Ce devait être un livre à part, mais impossible de résister à l’appel de la série. «Les lectrices l’ont aimé, elles voulaient le revoir, alors, je leur ai fait plaisir.»
Salon du livre
Anne Robillard a aussi écrit Enkidiev, une encyclopédie qui aide à s’y retrouver dans le monde fantastique des Chevaliers d’émeraude... Ceux-là sont une trop bonne affaire. Ils auront donc une suite: Les Héritiers, dont le premier tome devrait paraître à temps pour le prochain salon du livre.
«Une série commence à décoller rendue au quatrième, ou cinquième tome, dit-elle. Il se passe alors quelque chose; les gens se disent: ça existe, et ils embarquent.»
Comment fait-elle pour suivre le rythme? Pas évident. Elle écrit à la main. «Mon portable, c’est un cahier à spirales.» Elle n’a pas de recherchistes, d’assistants, de nègres qui écrivent à sa place. «Ils ne pourraient pas me suivre, je change trop souvent d’idée ou de plan.»
Elle anticipe la fin du monde et la venue de l’Antéchrist; elle fait parler les anges et les démons; ses héros traversent les murs et les âges, ou se transforment en reptiles. Anne Robillard écrit des romans fantastiques. En quantités industrielles. Et ils se vendent comme des petits pains chauds.
Alors, d’où vient A.N.G.E, cette histoire de fin du monde? «Je me suis tapé les prophéties de la Bible, j’ai lu des livres là-dessus en anglais, puis j’y ai rajouté du mien.»
Émotions fortes
Judas Escariote fait partie de la distribution. Le fantôme de Hadrien, dernier empereur de Rome aussi. Est-il l’Antéchrist dont la mort sonnera le glas de l’Humanité? L’héroïne chargée de le tuer, mais qui tombe amoureuse de lui, s’appelle Océane. C’est une Québécoise. Vivante ou fantôme? Je ne vous le dis pas. «Mes lecteurs sont des gens qui cherchent des émotions fortes. Ils veulent rêver, avoir peur. Ils veulent lire autre chose que ce qu’ils trouvent dans les journaux», dit-elle.
Mais ces héros surnaturels aux pouvoirs ésotériques se comportent comme des humains, souvent bêtes, jaloux, à courte vue. C’est le secret de son succès. «Les gens embarquent, ils suivent ça comme un téléroman qui se passe dans un autre univers.»
C’est que les lecteurs ont cet irrésistible besoin de croire à l’impossible. «Beaucoup de gens croient à la fin du monde, qu’elle est imminente. Je vous jure qu’il y en a.» Cela, Anne Robillard le sait. Elle les rencontre dans toutes les foires littéraires. Et elle leur vend des livres.