Anniversaire posthume : John Fante "n'avait pas peur de l'émotion"

lepoint.fr/Charlotte Pons

Bien sûr, ce n'est pas si évident. Bien sûr le manichéisme est facile. Mais les fans le savent : il y a bien deux États-Unis dans la littérature américaine ; ceux de Jay McInerney, Bret Easton Ellis & Co. et ceux de Jim Harrisson, Carver, Bukowski ou Fante. Question de génération, d'espace, de milieu. Question d'écriture.

Anniversaire posthume : John Fante
Parmi les "monuments", John Fante donc. À l'honneur à l'occasion du centenaire de sa naissance le 8 avril 1909. Sûr qu'il aurait pensé "ça me fait une belle jambe" dirait-on pour rester dans le ton. L'auteur n'a jamais connu qu'une gloire posthume et son oeuvre a longtemps peiné à trouver un public outre-Atlantique. Accueil médiocre et critique acerbe, Fante opta dans les années 50 pour une carrière de scénariste à Hollywood. Et pour le golf. Et puis il y eut Bukowski. "Un jour, j'ai attrapé un livre, je l'ai ouvert et c'était ça... Je restai planté un moment en le lisant, comme un homme qui a trouvé de l'or à la décharge publique...[...] Enfin je découvris un homme qui n'avait pas peur de l'émotion. Le début de ce livre me fit l'effet d'un miracle énorme et violent. Le livre était Demande à la poussière et l'auteur John Fante. Toute ma vie son influence a illuminé mon travail... Oui, Fante a eu un énorme effet sur moi. [...] Fante était mon dieu", écrit ainsi Bukowski en préface de Demande à la poussière.
En France, le succès ne se dément pas depuis que l'éditeur Christian Bourgois a fait le pari de publier l'auteur, sur les conseils de son traducteur Philippe Garnier. Au total plus d'un million d'exemplaires de ses romans se sont vendus en édition de poche chez 10/18. "C'est vraiment un auteur culte qui passe toutes les générations. Un auteur qui continue de se vendre à ce rythme, c'est vraiment exceptionnel", déclare Emmanuelle Heurtebize, directrice éditoriale de 10/18, à l'Agence France Presse. À travers les aventures de son avatar littéraire, Arturo Bandini, Fante nous raconte son enfance de gamin des rues, obsédé par sa condition de fils d'immigrés italiens, les femmes et l'irrésistible envie d'écrire. À lire, vite.


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