Apple en vedette à l'assemblée générale de Berkshire

Reuters

OMAHA, Nebraska - Warren Buffett a justifié samedi ses achats massifs d’actions Apple et a dit être disposé à renforcer encore sa participation si le cours de Bourse est intéressant.

Lors de l’assemblée générale de sa société Berkshire Hathaway, le financier de 87 ans a crédité le fabricant de l’iPhone d’avoir développé des produits “très addictifs” et a dit soutenir sa politique de rachats d’actifs, estimant que c’était le meilleur moyen d’employer sa montagne de trésorerie.

Berkshire a indiqué vendredi avoir acheté 75 millions d’actions supplémentaires d’Apple au premier trimestre, à un prix estimé autour de 12,5 milliards de dollars (10,5 milliards d’euros), profitant du coup de mou du titre fin janvier et début février.

Avec 5% environ du capital, la société de Warren Buffett est désormais le troisième actionnaire du groupe californien derrière Vanguard Group et BlackRock.

La nouvelle a fait grimper l’action Apple à un nouveau record de 184,25 dollars à Wall Street vendredi, alors qu’elle avait reculé jusqu’à 150 dollars en février.

“On adorerait voir rebaisser le prix d’Apple”, a dit Warren Buffett devant les plus de 40.000 actionnaires et investisseurs réunis samedi à Omaha, dans le Nebraska.

“Je suis ravi qu’ils rachètent des actions”, a-t-il ajouté à propos d’Apple qui a annoncé mardi pouvoir consacrer 100 milliards de dollars de plus à ses rachats de titres après en avoir déjà racheté pour 23,5 milliards sur le trimestre écoulé, un montant sans précédent pour une entreprise américaine.

“J’adore l’idée d’avoir 5% ou quelque chose de cet ordre et que cela puisse monter à 6 ou 7% sans qu’on ait à sortir un centime”, a déclaré Warren Buffett.

Le directeur général de Berkshire et son complice Charlie Munger, 94 ans, ont aussi répondu à des questions sur la Chine, les scandales à Wells Fargo & Co, les armes à feu et leurs choix d’investissements en général lors de l’AG qui a duré plus de six heures et demie.

PAS DE GUERRE COMMERCIALE
Sur la Chine, Buffett a jugé peu probable que Pékin et Washington en arrivent à une guerre commerciale qui ne serait dans l’intérêt de personne.

“Les Etats-Unis et la Chine resteront les deux superpuissances mondiales, économiquement et dans d’autres domaines, pendant de longues, longues années”, a-t-il dit.

“Il est trop évident (...) que les bénéfices (des échanges commerciaux) sont énormes et que le monde est trop interdépendant pour que deux pays intelligents en arrivent à faire quelque chose d’extrêmement stupide”, a-t-il expliqué, tout en notant qu’il arrivait à tout le monde de faire “des choses modérément stupides de temps en temps.”

Buffett a suggéré que le président Donald Trump devienne un “éducateur en chef” sur les apports invisibles du commerce, mais Charlie Munger, en réponse à une question sur l’acier, a reconnu que les producteurs américains souffraient.

“Même Donald Trump peut avoir raison sur une partie de ces questions”, a-t-il concédé.

Prié de dire pourquoi Buffett continuait d’accepter de faire affaire avec les fabricants d’armes, il a répondu : “Je ne crois pas au bien-fondé de mélanger mes convictions politiques et nos activités.”

Le vice-président de Berkshire a ajouté que les baisses d’impôts représentaient une bonne nouvelle pour les actionnaires mais il a reconnu que les effets à long terme de la politique économique de Trump étaient difficiles à évaluer.

Buffett de son côté a prédit “de mauvaises fins” pour les cryptomonnaies comme le bitcoin et redit que les obligations d’Etat américaines de long terme constituaient un “très mauvais” investissement à cause de l’inflation.

BÉNÉFICE D’EXPLOITATION RECORD
A la question - très applaudie dans l’assistance - de savoir quand Berkshire sortirait de Wells Fargo, l’une de ses plus importantes participations, Buffett a pris la défense de la banque californienne et de son patron Tim Sloan.

Il a reconnu que la banque avait commis le “péché capital” d’avoir poussé ses employés, à coups d’incitations et de primes, à adopter de mauvaises pratiques commerciales, ce qui lui a valu le mois dernier plus d’un milliard de dollars d’amendes de plusieurs autorités de régulation.

Mais il a réaffirmé que la banque n’était pas “inférieure”, ni moralement ni comme investissement, à ses concurrentes.

Berkshire détenait pour 25,2 milliards de dollars d’actions Wells Fargo à fin mars, un montant en baisse de 14% sur un an

Buffett a aussi justifié son projet de coentreprise dans l’assurance santé avec Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase & Co, et le patron d’Amazon Jeff Bezos en affirmant que les coûts de santé “parasitaient” l’économie américaine.

“Nous voulons que nos employés obtiennent de meilleurs services médicaux pour un coût moindre. (...) La résistance sera terrible, et si on rate au moins aura-t-on essayé”, a-t-il dit, formant le voeu que le dirigeant de la future entité soit rapidement désigné. Amazon.com, Berkshire et JPMorgan emploient à eux trois plus d’un million de personnes.

Après cinq trimestres consécutifs de baisse, Berkshire Hathaway a accru son bénéfice d’exploitation de 49% sur les trois premiers mois de l’année, au montant record de 5,29 milliards de dollars, même si la société a accusé une rare perte nette en raison d’un changement comptable.

Son résultat opérationnel par action de Classe A, à 3.215 dollars, est supérieur au consensus qui était à 3.116 dollars, selon Thomson Reuters I/B/E/S.

L’assemblée générale de Berkshire avait accueilli 42.000 participants l’an dernier, l’année du 50e anniversaire de l’entrée en fonctions de Buffett, et un plus grand nombre encore de billets a été vendu cette année. Un public plus important encore a probablement bu les paroles de “l’oracle d’Omaha” sur Yahoo Finance, qui retransmettait l’AG en direct.


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