Après la claque des régionales, Sarkozy garde le cap et rassure sa majorité

AFP

Paris - Trois jours après la déroute de la droite aux régionales, Nicolas Sarkozy a confirmé mercredi qu'il poursuivrait les réformes pour sortir de la crise mais a donné des gages à sa majorité, très critique, notamment en confirmant le report de la taxe carbone.

Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy
Sévèrement mis en cause mardi par des députés et sénateurs UMP remontés par leur revers électoral, le chef de l'Etat a rompu le silence après le premier Conseil des ministres de son gouvernement, remanié à droite avec la ferme intention de ramener l'ordre dans son camp.

Dans une déclaration d'un petit quart d'heure lue devant la presse, Nicolas Sarkozy s'est gardé de reconnaître la victoire de la gauche mais a assuré avoir entendu le "message" d'inquiétude sorti des urnes.

"Vous avez voulu exprimer ce que vous ressentiez dans un contexte de crise économique, financière, agricole qui rend si dure la vie quotidienne de tant d'entre vous", a-t-il jugé. Dans un rare moment d'autocritique, le président a également concédé que sa politique avait "bousculé les habitudes" et pu "faire naître des incertitudes, parfois des angoisses".

Mais, malgré les nombreuses critiques de ces derniers jours sur le "fouillis" et le "rythme" des réformes, Nicolas Sarkozy a fermement écarté tout changement de cap. "Nous devons continuer les réformes. Arrêter maintenant, ce serait ruiner les efforts accomplis", a-t-il martelé.

Il a donc justifié ses grandes orientations, du "choix de la compétitivité et du travail" au refus de "toute augmentation des impôts" pour "protéger nos emplois", "garder nos agriculteurs (et) notre protection sociale".

Au passage, le chef de l'Etat a sèchement renvoyé dans les cordes tous ceux qui, parmi ses troupes, ont dénoncé l'ouverture à gauche. Même s'il a nommé mardi une femme de droite, Jeannette Bougrab, à la tête de la Halde, pas question d'y renoncer, a-t-il lancé, "c'est ma responsabilité de veiller à ce que la pluralité des opinions soit respectée".

Autre pied de nez aux élus de l'UMP, le patron des députés Jean-François Copé en tête, qui souhaitaient encadrer le programme de l'exécutif jusqu'à la présidentielle de 2012 dans un "pacte majoritaire", Nicolas Sarkozy a décliné, sans les attendre, ses "priorités" des prochains mois. Des priorités conçues comme autant de signes à son propre camp.

Premier chantier, il s'est engagé à défendre bec et ongles la politique agricole commune (PAC) que certains membres de l'Union européenne (UE) souhaitent démanteler. "Je suis prêt à aller à une crise en Europe", a-t-il asséné.

Le chef de l'Etat a également réaffirmé sa fermeté pour la réforme controversée des retraites, qui suscite l'ire des syndicats. "Je ne passerai pas en force", a-t-il promis, "mais je vous promets qu'avant six mois les mesures nécessaires et justes seront adoptées".

Autre clin d'oeil à l'électorat de droite, il a réaffirmé sa volonté de lutter contre la violence, remis en selle l'éventuelle suppression des allocations familiales aux parents pour réduire l'absentéisme scolaire et confirmé un projet de loi à venir sur l'interdiction de la burqa.

Et surtout, Nicolas Sarkozy a confirmé le report sine die de son emblématique taxe carbone annoncé mardi par François Fillon, au grand dam des écologistes mais au soulagement de ceux qui, nombreux à l'UMP, n'y voyaient qu'un "nouvel impôt". "Je subordonne la création d'une taxe carbone à une taxe aux frontières" de l'UE, a-t-il dit.

Sans surprise, ce message a réjoui le patron de l'UMP Xavier Bertrand, qui a jugé que "le message des Français" avait été "entendu". A l'inverse, Benoît Hamon (PS) a dénoncé un "coup de barre à droite" et regretté que Nicolas Sarkozy "ne se préoccupe que de la crise à l'UMP".


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