Après les premiers succès militaires, la propagande libyenne redouble
AFP
Tripoli - Les habitants de Tripoli ont reçu vendredi, jour de prière et de mobilisation potentielle de l'opposition, un SMS annonçant que la rébellion anti-Kadhafi dans l'est de la Libye était sur le point d'être vaincue: la machine de propagande libyenne tourne à plein régime.
Forte de ces victoires, la machine d'Etat a multiplié les discours triomphateurs, qu'il s'agisse de la télévision, des officiels ou des compagnies de téléphone.
Les Libyens ont ainsi reçu vendredi matin des SMS annonçant que l'armée fidèle au pouvoir déferlerait bientôt sur Benghazi, capitale de la rébellion.
"Le Benghazi fidèle à Mouammar Kadhafi embrassera bientôt la révolution" lancée par le dirigeant libyen, au pouvoir depuis bientôt 42 ans, indique un SMS. "Que les populations tristes de Benghazi se réjouissent. La jour de libération est proche", annonce un autre message.
La télévision se gausse aussi des succès militaires: "la population de Ras Lanouf est comblée de joie après que la ville a été purgée des gangs armés appuyés par Al-Qaïda".
Un rassemblement pour célébrer les autorités libyennes doit avoir lieu à Tripoli vendredi.
Mais signe de l'inquiétude du pouvoir de voir la capitale basculer une nouvelle fois dans la violence, le quartier de Tadjoura -point chaud de la contestation- était inaccessible aux journalistes vendredi.
Une dizaine de correspondants ont tenté de s'y rendre -des clashs ayant opposé police et habitants les deux vendredi passés après la grande prière- mais ils ont été renvoyés à l'hôtel Rixos, où ils sont cantonnés la plupart du temps par le pouvoir libyen.
"On était arrivé à la mosquée de Tadjoura, le centre de la contestation, quand soudain deux jeeps ont surgi et des gens non identifiés nous ont interpellés", a raconté à l'AFP le correspondant de le télévision publique portugaise RTP, Paulo Dentunho.
Des représentants du comité libyen en charge des médias étrangers sont ensuite arrivés: "ils ont dit qu'il n'était pas possible de rester, qu'il fallait partir car des milices (pro-gouvernementales) allaient bientôt arriver", a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, des manifestants ont accroché sur les barrières entourant l'hôtel des banderoles à la gloire du colonel Kadhafi et des slogans appelant la presse internationale à dire la "vérité" sur les évènements en Libye, que le régime impute à des "terroristes" islamistes.
"Mouammar est notre père", "Nous sommes tous des Mouammar Kadhafi", "Journalistes, pourquoi ne donnez-vous pas les faits tels qu'ils sont en Libye?", peut-on lire sur ces affiches en anglais approximatif, accompagnées de portraits du colonel.
L'internet n'est disponible que dans cet hôtel et les téléphones non libyens ne fonctionnent plus depuis jeudi soir.
Jeudi, dans un discours devant une foule de jeunes surexcités, le fils de Kadhafi, Seif Al-Islam, s'était adressé à la presse internationale en montrant ces centaines de partisans du régime: "Voilà, c'est ça le peuple libyen, et non pas les quelques éléments qui tiennent en otage les populations des villes" à l'est de Tripoli.