Areva: l'augmentation de capital menacée d'être repoussée au printemps

AFP

Paris - Les chances de réaliser l'augmentation de capital d'Areva avant la fin de l'année semblent proche de zéro, les pouvoirs publics s'opposant, selon la presse, à l'entrée de deux des trois investisseurs pressentis au tour de table du groupe nucléaire public.

Areva: l'augmentation de capital menacée d'être repoussée au printemps
"La volonté du gouvernement est de maintenir inchangée l'ouverture du capital d'Areva", a assuré mardi le porte-parole du gouvernement François Baroin, à l'issue du Conseil des ministres.

Interrogé par les journalistes, le ministre du Budget n'a pas voulu s'exprimer sur un éventuel report du calendrier au printemps. "Je n'entrerai pas dans les négociations, dans les discussions, dans les rumeurs, dans les fuites de presse", a-t-il dit.

Du côté du ministère de l'Economie, on indiquait qu'il n'y avait "rien de nouveau" mardi et que les négociations se poursuivaient "toujours".

Pourtant, selon Le Figaro et Les Echos, l'Elysée aurait opposé une fin de non-recevoir aux exigences exprimées par le fonds souverain du Qatar, un des trois investisseurs potentiels avec le fonds souverain du Koweit et le groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI).

Le Qatar Investment Authority (QIA) souhaitait pouvoir convertir ses futures actions Areva en participation dans ses mines d'uranium, secteur qu'il juge plus rentable et dans lequel le groupe français est numéro un mondial.

Le Premier ministre du Qatar cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr al-Thani a rencontré le président français Nicolas Sarkozy à Paris la semaine dernière à ce sujet, avait révélé le Financial Times samedi.

Les divergences entre l'Etat français (actionnaire à 93% d'Areva) et le Qatar auraient aussi porté sur le prix. QIA estimerait en effet à 8 milliards d'euros la valeur du groupe nucléaire, soit très loin des évaluations de l'Etat français, d'après le magazine Challenges.

Lors de sa création en 2001, Areva avait été évalué à 12,2 milliards d'euros.

L'arrivée du japonais Mitsubishi poserait aussi problème. Le patron d'Alstom, Patrick Kron, réputé proche de Nicolas Sarkozy, n'a pas caché son opposition à une entrée de MHI au capital d'Areva.

Début novembre, il avait qualifié cette perspective d'inconvénient "majeur" et de "mauvaise idée" car "Mitsubishi est un concurrent direct d'Alstom".

Le patron d'EDF, Henri Proglio, lui aussi proche de Nicolas Sarkozy, craindrait en outre une entente des deux fournisseurs, en cas de rapprochement capitalistique Areva-MHI.

La calendrier, fixé par l'Elysée, d'une augmentation de capital "avant la fin de l'année", a donc de fortes chances de ne pas être tenu.

Pour que l'opération ait lieu dans les temps, il faudrait qu'une assemblée générale d'Areva l'approuve "autour du 10 décembre", selon une source proche du dossier. Or, il faut 15 jours pour convoquer cette assemblée d'actionnaires...

L'opération devrait donc être repoussée "au moins jusqu'au printemps", selon Le Figaro.

Entre-temps, "la note d'Areva, qui a déjà été abaissée de deux crans par l'agence Standard and Poor's, pourrait à nouveau en pâtir", a mis en garde un analyste financier, interrogé par l'AFP.

Le groupe devra alors payer des intérêts plus élevés pour emprunter de l'argent sur les marchés financiers, a-t-il ajouté.

Selon la presse, EDF pourrait participer à un éventuel tour de table au printemps. L'électricien public cherche à exercer un plus grand contrôle sur son principal fournisseur en augmentant sa participation dans le groupe nucléaire à 10% à 15% (contre 2,4% actuellement).

Une demande à laquelle s'oppose la présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, qui craint qu'une présence d'EDF à son conseil de surveillance ne fasse fuir ses autres clients électriciens.


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :