Armes chimiques: les discussions à l'OIAC trébuchent sur les retards syriens

AFP

La Haye - Le conseil exécutif de l'OIAC, chargé de superviser la destruction des armes chimiques syriennes, n'a pas réussi à se mettre d'accord vendredi sur la réaction à adopter face aux retards syriens, les Etats-Unis rejettant notamment une proposition de prolongement de Damas.

Alors que certains pays, comme la Chine, l'Iran ou la Russie veulent se montrer souples avec les propositions du régime syrien, d'autres, notamment les Etats-Unis ou l'Union Européenne veulent se montrer plus sévères, ont confié différentes sources diplomatiques à l'AFP.

Pour les Etats-Unis, "la Syrie devrait revoir son calendrier de transport de 100 jours pour respecter les recommandations de l'OIAC et de l'ONU (...) pour accélérer la destruction".

La Syrie a récemment signifié à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) qu'elle se donnait 100 jours et qu'elle achèverait l'évacuation de 1.200 tonnes d'agents chimiques dits de catégorie 1 et 2 d'ici à la fin mai.

La Syrie "continue d'utiliser son énergie à trouver des excuses et non à passer à l'action", a ajouté le représentant des Etats-Unis à l'OIAC, Robert Mikulak.

Le Royaume-Uni, lui, a assuré que la Syrie n'avait "pas accompli de progrès substantiels".

"Notre inquiétude est que la date limite du 30 juin pour la destruction ne sera pas respectée. L'engagement de la Syrie au respect de cette date est en question", a ajouté Philip Hall, chef du service contre la prolifération au ministère britannique des Affaires étrangères.

Les dates évoquées par la Syrie représenteraient un retard de plusieurs mois sur le programme approuvé par l'ONU à la suite d'un accord russo-américain ayant permis d'éviter des frappes militaires américaines contre la Syrie, et qui prévoyait une destruction totale au 30 juin.

Le procédé qui doit permettre de les détruire, et qui doit prendre place sur un navire de la marine américaine, devrait en effet durer 90 jours.

Le 6 février, le Conseil de sécurité de l'ONU avait enjoint le régime syrien à "respecter ses obligations" et à accélérer le transport de ses armes chimiques hors de Syrie.

L'UE a également fait des déclarations en ce sens vendredi.

Le Conseil exécutif se réunira de nouveau mardi dans l'après-midi, et en réunion formelle début mars, pour continuer la discussion.

Les Etats n'arrivent en effet pas à s'accorder sur "la façon de qualifier l'attitude syrienne", a indiqué l'une de ces sources.

Damas n'a évacué que 11% de ses agents chimiques et n'a pas respecté plusieurs dates intermédiaires.

La Syrie, en proie à une guerre civile depuis trois ans, évoque notamment le manque de sécurité et assure ne pas encore disposer du matériel nécessaire.

Le Royaume-Uni a affirmé que la Syrie disposait bel et bien des ressources nécessaires pour pouvoir expédier les agents chimiques.

La Syrie a déclaré posséder 700 tonnes d'agents chimiques de catégorie 1, les plus dangereux, 500 tonnes d'agents de catégorie 2 et 122 tonnes d'isopropanol.

Les agents de catégorie 1 et 2 auraient dû être évacués au 31 décembre et au 5 février, respectivement, mais jusqu'à présent, seuls trois chargements d'agents chimiques ont quitté la Syrie via le port de Lattaquié.


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