Assad dit qu'il n'y aura pas de réformes dans le chaos, parle de "complot"
AFP
Damas - Le président syrien Bachar al-Assad, confronté à une contestation sans précédent, a affirmé qu'il n'y aurait pas de réformes "dans le chaos" et parlé de nouveau d'un "complot" contre son pays, dans un discours très attendu à l'Université de Damas.
Bachar al-Assad
"Pas de développement sans stabilité, pas de réformes à travers le sabotage et le chaos", a-t-il dit. "Ce qui se passe aujourd'hui de la part de certains n'a rien à voir avec les réformes ou le développement, il s'agit de sabotage".
"Il y a certainement un complot" contre la Syrie, a poursuivi le président syrien, accueilli dans la salle par des slogans à sa gloire et des applaudissements.
"Les complots sont comme des microbes qu'on ne peut éliminer, mais nécessitent que l'on renforce notre immunité", a-t-il ajouté dans ce discours retransmis par la télévision d'Etat.
"Je ne pense pas qu'il y ait eu un seul jour où la Syrie n'a pas fait l'objet d'un complot, que ce soit en raison de sa situation géographique ou en raison de sa position politique", a souligné M. Assad.
Le président syrien a dit que le pays se trouvait à un "tournant" après des "jours difficiles", présentant ses "condoléances aux familles des martyrs".
"Nous nous retrouvons aujourd'hui à un tournant dans l'histoire de notre pays", a encore M. Assad.
Les opposants, les militants pro-démocratie et les manifestants syriens réclament aujourd'hui la chute du régime, des élections libres et l'annulation de la suprématie du parti Baas qui gouverne le pays depuis plus de 40 ans, après avoir jugé tardives et insuffisantes des annonces de réformes.
Le pouvoir a envoyé ces derniers mois ses troupes et ses chars dans de nombreuses villes pour réprimer les contestataires, arguant que leur intervention avait été dictée par la présence de "terroristes armés qui sèment le chaos", sans vouloir reconnaître explicitement l'ampleur de la contestation.
Le 30 mars, dans sa première intervention publique, M. Assad avait dénoncé devant le Parlement une "conspiration" contre son pays et n'avait annoncé aucune réforme de libéralisation, provoquant la déception des opposants qui ont poursuivi les manifestations.
Deux semaines plus tard, le 16 avril, il annonçait la prochaine abrogation de la loi d'urgence et exprimait ses "regrets" pour les victimes. Une semaine après, il promulguait des décrets, levant l'état d'urgence en vigueur depuis 48 ans, abolissant la Cour de sûreté de l'Etat, une juridiction d'exception, et changeant la réglementation sur les manifestations.
Mais là aussi les opposants, sceptiques face aux intentions du régime, ont estimé ces mesures insuffisantes et affirmé que sa chute était devenue leur "principale revendication", alors que la répression continuait.