Assurance chômage : "La CFDT ne signera pas toute seule"
Le Point.fr/AFP
Le secrétaire général de la CFDT François Chérèque a affirmé mercredi sur France Inter , que "la CFDT ne signera[it] pas toute seule" l'accord élaboré dans la nuit par les partenaires sociaux sur l'assurance chômage .
Pour lui, l'accord va "améliorer l'accès à l'assurance chômage pour, selon [leurs] calculs, 200.000 à 300.000 chômeurs". Cela concernera "les plus précaires, les plus jeunes, parce qu'au bout de 4 mois de travail sur les 28 derniers mois, on sera indemnisé un mois de travail pour un mois d'indemnisation. C'est important car en période de crise, c'est surtout les jeunes et surtout les précaires qui vont en subir les conséquences et ceux-là rentreront dans l'assurance chômage". Il a souligné aussi des "déceptions". "On souhaitait que lorsqu'un chômeur reprend du travail avant d'avoir usé son indemnisation, il puisse garder ses droits en stock pour un futur chômage. Le patronat n'a pas voulu", a-t-il regretté. Il a aussi dénoncé "un débat déplacé sur la baisse des cotisations" des employeurs. "Mais cette baisse ne sera possible que s'il y a des excédents, c'est-à-dire qu'en aucun cas cette baisse ne pourra empêcher d'indemniser les chômeurs", a-t-il assuré.
Dans la nuit, à l'issue des néogociations, la CFDT et à un degré moindre la CFE-CGC s'étaient montrées les moins hostiles, la première saluant "des avancées". La CFTC a exprimé sa "déception", jugeant que l'accord n'était "pas à la hauteur des enjeux", et témoignait d'"une considération nulle pour les salariés". FO a dit sa "frustration" car "ce n'est pas la négociation du siècle". Selon la CGT, "le compte n'y est pas pour les salariés". Le texte, résultat de sept séances de discussions étalées sur plus de deux mois, prévoit une baisse des cotisations pouvant aller jusqu'à 0,5 point par an à partir du 1er juillet 2009 si le régime d'assurance chômage dégage à ce moment-là "un résultat d'exploitation semestriel d'au moins 500 millions d'euros", le cas de figure le plus probable compte tenu de l'amélioration des comptes jusqu'alors. Le projet, qui concerne les nouveaux demandeurs d'emploi et non les allocataires actuels, élargit les conditions d'accès à l'indemnisation pour les jeunes et les précaires.
Les partenaires sociaux pressés par Nicolas Sarkozy d'aboutir avant la fin de l'année
Cela devrait concerner entre 100.000 et 200.000 personnes, pour un coût allant de 270 à 700 millions d'euros, selon le Medef, qui a salué "un accord innovant". Mais, à le comparer aux règles prévalant jusqu'ici, le projet d'accord restreint, de l'aveu même du patronat, la durée de versement des allocations pour une partie des demandeurs d'emploi, en l'occurrence ceux ayant travaillé pendant au moins 16 mois sur les 26 derniers mois. "On va sortir énormément de personnes indemnisées, et beaucoup plus rapidement, vers les minima sociaux", a protesté Maurad Rabhi (CGT).
Les partenaires sociaux avaient été pressés par Nicolas Sarkozy d'aboutir avant la fin de l'année. Lors d'une ultime séance marathon (plus de 16 heures), le Medef, qui avait fait de la diminution des cotisations son principal cheval de bataille, est parvenu à ses fins, même s'il a renoncé à obtenir une baisse immédiate. Selon le chef de file de la délégation patronale, Patrick Bernasconi, réduire les cotisations est "un besoin vital dans la situation de crise que traversent les entreprises". La CGT a qualifié cette mesure d'"inacceptable". Le pourcentage de baisse des cotisations, qui sera calculé au prorata des contributions des entreprises et des salariés et ne pourra excéder 0,5 point par an, dépendra de la situation financière de l'Unedic au 30 juin prochain. Pour 2008, l'Unedic prévoit un excédent de 4,5 milliards d'euros.
En échange, le patronat a fait une série de concessions. Pourront prétendre à des allocations chômage les demandeurs d'emploi qui auront travaillé au moins quatre mois (dans les 28 ou 36 mois précédents, selon leur âge), contre six mois actuellement et cinq mois dans un projet patronal antérieur. Néanmoins, la durée de travail minimale requise pour être indemnisé passera à six mois s'ils se réinscrivent au chômage dans les 12 mois. Autres concessions, un jour travaillé donnera droit à un jour indemnisé tandis que la durée maximale d'indemnisation est fixée à 24 mois, contre 18 dans le projet patronal initial. Les chômeurs de 50 ans et plus auront droit, selon leur durée d'activité, à une indemnisation pouvant se prolonger jusqu'à 36 mois, comme actuellement. Tous les syndicats voulaient obtenir une augmentation du nombre de chômeurs indemnisés.