Attentats au Niger: assaut franco-nigérien à Agadez, les derniers islamistes tués
AFP
Niamey - Un assaut des forces nigériennes et françaises a mis fin vendredi à Agadez à la prise d'otages qui avait suivi l'un des deux attentats-suicides ayant fait la veille une vingtaine de morts dans le nord du Niger.
A Agadez, la grande ville du Nord désertique, l'armée nigérienne et les forces spéciales françaises sont intervenues vendredi matin dans le dortoir du camp militaire où étaient retranchés les derniers assaillants.
"L'assaut s'est déroulé vendredi à l'aube" et a fait au moins deux morts, "deux terroristes, preneurs d'otages", a-t-on appris auprès du ministère français de la Défense.
Sur la radio publique nigérienne, le ministre nigérien de la Défense Mahamadou Karidjo a confirmé que deux islamistes aux "ceintures bourrées d'explosifs" ont été abattus. Il a cependant démenti toute "prise d'otages" d'élèves officiers en formation sur le site, comme annoncé dans un premier temps par Niamey.
"Trois personnes", initialement considérées comme des otages, ont en réalité été tuées "à bout portant dans la nuque" dès jeudi par les jihadistes, a-t-il affirmé. "A Agadez, il y a eu huit tués du côté des assaillants et nous avons enregistré malheureusement 24 morts", a indiqué M. Karidjo en dressant le bilan depuis l'attentat à la voiture piégée de jeudi.
De son côté, sous couvert d'anonymat, un élu d'Agadez a expliqué que l'assaut final de vendredi s'était soldé par la mort de "trois terroristes", de "trois otages" et d'une autre personne touchée par une balle perdue.
"La situation est stabilisée, en particulier à Agadez, où nos forces spéciales sont intervenues en soutien des forces nigériennes à la demande du président (nigérien Mahamadou) Issoufou", a souligné le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sur BFMTV. Il a jugé essentiel que le nord du Niger ne devienne pas un "sanctuaire islamiste", comme le nord du Mali voisin l'était devenu en 2012, avant que les groupes jihadistes n'en soient délogés depuis janvier par une opération franco-africaine.
"Le Borgne" réapparaît
Le groupe Les Signataires par le sang, dirigé par Mokhtar Belmokhtar, dit "le Borgne", a créé la surprise en revendiquant le spectaculaire double attentat de jeudi. "Nous allons lancer plus d'opérations" au Niger, a affirmé le mouvement, dans un communiqué mis en ligne sur des sites islamistes et signé de Belmokhtar lui-même. Il a menacé également la France et tous les pays engagés militairement au Mali, "même au nom du maintien de la paix", assurant qu'ils "goûteront à la saveur de la mort".
Dans un autre communiqué cité par l'agence mauritanienne en ligne Alakhbar, le porte-parole du groupe, El-Hassen Ould Khlil, alias "Jouleibib", a déclaré que "c'est Belmokhtar qui a supervisé lui-même les plans d'opération des attaques".
Selon Les Signataires par le sang, l'opération a été menée conjointement avec le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Le Mujao, l'un des groupes armés islamistes qui occupaient le nord du Mali en 2012, avait auparavant revendiqué ces attaques.
Mokhtar Belmokhtar, un ancien dirigeant d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a quitté ce groupe fin 2012 pour créer son propre mouvement, Les Signataires par le sang, dont la première action d'envergure avait été une prise d'otages massive et sanglante en janvier sur un site gazier à In Amenas, en Algérie.
Le président tchadien Idriss Déby Itno, dont l'armée intervient aussi au Mali, avait affirmé en avril que Belmokhtar s'était "fait exploser" peu après la mort fin février dans le Nord malien d'Abou Zeïd, un des dirigeants d'Aqmi. La France avait confirmé le 23 mars la mort d'Abou Zeid, mais pas celle de Belmokhtar.
Dans une déclaration adoptée à l'unanimité, le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné "les attentats terroristes" au Niger et demandé que les responsables soient traduits en justice.
Areva a fait état d'un tué et de 14 blessés parmi ses employés nigériens à Arlit, après l'explosion d'un autre véhicule piégé peu après l'attentat d'Agadez. Deux kamikazes ont été tués, selon les autorités nigériennes. Le patron du groupe nucléaire, Luc Oursel, s'est rendu sur place vendredi.
"Beaucoup de gens s'interrogent encore sur comment ça a pu arriver, malgré l'impressionnant dispositif sécuritaire et militaire, y compris français, mis en place depuis des mois", a confié un agent d'Areva.