Au Maroc, Hollande sous la pression croissante de l'affaire Cahuzac

AFP

Rabat - Le président français François Hollande a salué jeudi devant le Parlement marocain les relations entre les deux pays, au second jour d'une visite sous la pression croissante du scandale de la mise en examen de l'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac pour fraude fiscale.

Au Maroc, Hollande sous la pression croissante de l'affaire Cahuzac
Le Maroc accomplit "chaque jour" des pas décisifs vers la démocratie, s'affirmant comme "un pays de stabilité", a-t-il déclaré devant le Parlement à Rabat.
 
Mercredi à Casablanca, M. Hollande a soigneusement évité l'affaire Cahuzac, alors que les aveux de son ancien ministre sur un compte bancaire secret à l'étranger ont provoqué un tsunami politique à Paris.
 
Pas un mot, y compris devant la communauté française de la ville, auprès de laquelle il s'est même permis quelques plaisanteries sur la météo pluvieuse.
 
Mais les ministres qui l'accompagnaient ne cachaient pas leur inquiétude sur ce scandale qui éclabousse l'exécutif tout entier.
 
Le chef de l'Etat tiendra une conférence de presse en fin de journée à Rabat, et il aura bien du mal cette fois à esquiver le sujet.
 
Avant de quitter Paris pour le Maroc, M. Hollande a voulu déminer le terrain en annonçant une série de mesures pour garantir une "exemplarité totale" des responsables publics, mais elles ont été jugées largement insuffisantes par la droite.
 
Devant les députés marocains, François Hollande a notamment évoqué l'adoption, à l'été 2011, d'une nouvelle Constitution, dans le contexte du Printemps arabe, qui garantit selon lui "la tolérance" et "reconnaît le caractère multiple de l'identité marocaine".
 
"Je sais aussi, malgré ces progrès, ce que sont encore les attentes des Marocains", a ajouté M. Hollande. "Il y a des impatiences partout (...) mais je sais que vous avez la volonté de faire face et de réaliser ce que vous avez promis aux Marocains", a-t-il estimé.
 
Evoquant la question du Sahara occidental, qui dure depuis plus de 30 ans, M. Hollande a estimé que "la crise au Sahel rend encore plus urgente la nécessité de mettre fin à cette situation".
 
"La France soutient la démarche du secrétaire général des Nations unies pour parvenir à un règlement politique acceptable" sur la base des résolutions de l'Onu, a-t-il poursuivi.
 
"Le plan présenté en 2007 par le Maroc prévoit un statut de large autonomie pour la population" de cette région et "je le redis ici, c'est une base et sérieuse et crédible en vue d'une solution négociée", a-t-il lancé, très applaudi par les députés, debout dans l'hémicycle.
 
Ex-colonie espagnole, le Sahara occidental est contrôlé par le Maroc qui propose une large autonomie sous sa souveraineté. Mais les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l'Algérie, réclament un référendum d'autodétermination.
 
Le président français doit ensuite s'entretenir avec le chef du gouvernement islamiste Abdelilah Benkirane, intervenir devant des chefs d'entreprises, et dialoguer avec des étudiants puis des personnalités de la société civile.
 
Après la signature mercredi d'une trentaine d'accords et de contrats bilatéraux, pour un montant de 300 millions d'euros, en particulier dans le domaine des transports, M. Hollande devrait de nouveau exhorter les chefs d'entreprises à investir au Maroc, alors que la France a perdu en 2012 sa place de premier fournisseur.
 
Lors de sa rencontre jeudi avec des représentants de la société civile, M. Hollande est attendu sur les droits de l'Homme, au sujet desquels les ONG Human Rights Watch et Reporters sans frontières l'ont exhorté à s'exprimer.


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