Bangkok demande à Facebook d'effacer 10.000 pages anti-monarchie

AFP

Bangkok - Le gouvernement thaïlandais a demandé au réseau social Facebook d'effacer plus de 10.000 pages qui contiennent des photos ou commentaires considérés comme insultants envers la monarchie, protégée par une des lois les plus sévères du monde.

Bangkok demande à Facebook d'effacer 10.000 pages anti-monarchie
"Nous avons informé et demandé assistance pour effacer les contenus qui offensent notre monarchie", a indiqué jeudi à l'AFP le ministre de l'Information et de la Technologie Anudith Nakornthap, appelant les internautes à ne pas les propager.

Plus de 10.000 adresses URL sont concernées par cette demande faite il y a quelques jours, a-t-il précisé.

Cette requête intervient alors que la loi contre le crime de lèse-majesté, que l'ONU a récemment stigmatisée comme un texte qui "encourage l'auto-censure et étouffe des débats importants sur des sujets d'intérêts publics", fait l'objet d'un débat de plus en plus vif au sein de la société.

Mercredi, un homme de 61 ans avait été condamné à vingt ans de prison pour avoir envoyé en mai 2010 quatre SMS jugés insultants envers la monarchie au secrétaire personnel du Premier ministre de l'époque, Abhisit Vejjajiva.

Cette condamnation a déclenché sur Twitter une avalanche de commentaires pour ou contre cette loi, dans des termes parfois très polémiques.

La famille royale, qui n'a aucun rôle politique officiel, est un sujet très sensible. Le roi Bhumibol Adulyadej, 83 ans, jouit auprès de certains de ses sujets d'un statut de demi-dieu.

Les poursuites et condamnations pour lèse-majesté se sont multipliées depuis le coup d'Etat militaire de 2006 contre le Premier ministre Thaksin Shinawatra, aujourd'hui en exil et considéré par les élites de Bangkok comme un danger pour la monarchie.

Selon Human Rights Watch, le nombre de cas serait passé de 164 en 2009 à plus de 400 en 2010. Et biens d'autres organisations de défense des droits de l'Homme ont accusé le pouvoir précédent, proche de l'establishment, de s'en servir pour faire taire toute voix dissonante.

Depuis, Yingluck Shinawatra a gagné les élections et émis le voeu que cette loi ne soit pas utilisée de façon "inappropriée".

Mais la soeur de Thaksin a aussi assuré qu'elle ne prévoyait pas de l'amender et son gouvernement a promis de punir toute insulte envers l'institution.


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