Barack Obama rattrapé par le 11-Septembre
Le Point.fr/Michel Colomès
C'est évidemment respectable de la part de Barack Obama de vouloir supprimer l'une des armes de George W. Bush dans la lutte contre le terrorisme, le camp de rétention de Guantanamo, et les tribunaux d'exception qui vont avec.
C'est par exemple le cas de Khalid Sheikh Mohamed, qui se proclame lui-même responsable des attentats du 11-Septembre et a annoncé qu'il plaiderait coupable devant la cour spéciale de Guantanamo. Il ne fait guère de doute qu'il écopera de la peine capitale. Lui, et quatre de ses complices. Et dans ce cas, seul le président des États-Unis pourrait les grâcier. Or, compte tenu des délais de la procédure et de la date de l'intronisation du président Obama, le 20 janvier, c'est lui qui va devoir décider s'il sauve la vie de celui qui reconnaît avoir été le cerveau et l'organisateur de l'attentat qui, dans les tours du World Trade Center, a fait 2.974 victimes et fait prendre conscience à l'Amérique, pour la première fois depuis Pearl Harbor, à quel point elle était vulnérable, même sur son propre sol.
Compte tenu de ce qu'il a déclaré au cours de sa campagne, Obama serait logiquement enclin à commuer la peine. Au moins pour tenir compte du fait que les aveux des accusés ont été obtenus par des moyens que la morale des démocraties réprouve. Mais peut-il ainsi oublier que toute l'Amérique ou presque veut faire justice de l'un des actes les plus ignobles qui aient été commis contre elle ? C'est dans ces situations-là que l'on reconnaît les vrais hommes d'État. Barack Obama n'aura pas attendu longtemps pour devoir faire ses preuves.