Bayrou votera Hollande: la droite crie à la trahison, la gauche confortée

AFP

Paris - Nicolas Sarkozy a estimé jeudi que le choix personnel de François Bayrou de voter François Hollande au second tour de la présidentielle manquait de "cohérence" et était "en contradiction" avec son souhait de mettre l'accent sur la maîtrise des déficits publics.

Bayrou votera Hollande: la droite crie à la trahison, la gauche confortée
Nicolas Sarkozy, qui n'a obtenu aucun ralliement de candidats du premier tour, a balayé d'un revers de main, sur Europe 1, le manque de "cohérence" de M. Bayrou. "Je ne pense pas que ça ait une plus grande importance que cela", a-t-il minimisé.

"L'essentiel", a-t-il assuré, c'est que "la quasi-totalité des élus qui soutiennent François Bayrou m'ont rejoint, je les en remercie, pour le reste chacun est libre d'exprimer le vote de son choix".

A quelques heures de la fin de la campagne officielle, il lui reste peu de temps pour éteindre l'incendie, même si, d'après les sondeurs, M. Bayrou ne va pas déplacer avec lui vers le candidat PS ses 3,3 millions d'électeurs du premier tour (9,13% des voix).

"L'effet peut exister" mais, "depuis longtemps, les électeurs sont autonomisés", a évalué Brice Teinturier (TNS Sofres), tandis que pour Etienne Mercier (Ipsos), c'est un électorat "très disparate".

Les lieutenants de M. Sarkozy, tels les députés UMP Sébastien Huyghe, Valérie Rosso-Debord, Françoise Hostalier ou Jacques Myard, ont ciblé "l'isolement" d'un homme qui agit par "haine" et "inimitié personnelle" pour mieux contrecarrer le réquisitoire implacable contre le chef de l'Etat qu'a prononcé jeudi le président du MoDem pour justifier sa position.

"Triste fin pour un homme seul", a asséné, cinglant, le ministre de la Défense Gérard Longuet, sur LCI.

Henri Guaino, conseiller spécial du président, a jugé "blessant et insultant" le discours du centriste.

Jeudi soir à Bordeaux, en plein meeting UMP, l'annonce de M. Bayrou a résonné comme un mini coup de tonnerre au moment du discours de François Fillon, certains visages de militants se figeant brusquement.

Le Premier ministre, proche de la droite sociale sur l'échiquier politique, a qualifié d'"incompréhensible" l'acte du leader centriste, disant l'avoir encore eu au téléphone le week-end dernier pour évoquer, notamment, le programme économique de M. Hollande.

Ce dernier a salué vendredi sur RTL un choix qui "honore celui qui le fait" et qui est "cohérent". Mais ce n'est pas "un choix de projet" et il ne prépare pas d'alliance, a souligné le candidat socialiste.

M. Hollande en a profité pour attaquer son rival. C'est un choix "entre un sortant qui malmène les valeurs de la République et celui que je suis, socialiste et de gauche, qui préserve l'essentiel de ce qui est notre République", a-t-il dit.

Ce ralliement au lendemain du duel télévisé avec M. Sarkozy, qui avait déjà conforté son statut de favori, est du pain béni pour le député de Corrèze, d'autant plus que rien n'a été négocié.

"Il n'y a pas d'alliance qui se prépare, il n'y a pas de tractation", a-t-il insisté.

Son directeur de campagne, Pierre Moscovici, s'est félicité d'un "vote éthique", d'un "vote de valeur", "pas facile pour un centriste", tout en niant que cela signifiait "une recomposition" de la vie politique.

"C'est un moment important dans la vie politique, même si ce n'est pas une recomposition", a-t-il jugé.

A gauche du PS, on reste sur ses gardes face à un éventuel élargissement des alliances autour des socialistes. Pour Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche), M. Bayrou est "dans une impasse politique absolue", même s'il lui reconnaît "un fond républicain" qui fait "qu'il est scandalisé, comme beaucoup de gens à droite par le tour qu'a pris la campagne depuis 15 jours".

La député européenne Corinne Lepage, qui a déjà rallié M. Hollande, s'est "réjouie" du choix du Béarnais, mais a regretté qu'il "reste au milieu du gué" en n'appelant pas ses électeurs à faire comme lui. Jeudi soir, M. Bayrou les a laissés libres de choisir "en conscience" dimanche.


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