Ben Laden, d'ennemi public numéro un à argument électoral pour Obama

AFP

Washington - Un an après, l'élimination d'Oussama ben Laden est devenue l'un des principaux arguments de Barack Obama lors de ses discours électoraux, le président démocrate espérant neutraliser ainsi toute accusation républicaine de faiblesse en matière de sécurité nationale.

Ben Laden, d'ennemi public numéro un à argument électoral pour Obama
Depuis qu'il a commencé à défendre son bilan en vue de la présidentielle du 6 novembre, M. Obama rappelle systématiquement le raid du commando qui, sous ses ordres, a abattu le maître d'Al-Qaïda le 2 mai 2011 dans son repaire d'Abbottabad au Pakistan.

Son équipe de campagne a même diffusé vendredi une vidéo dans laquelle l'ancien président Bill Clinton salue "la décision la plus difficile et la plus honorable" prise par son successeur malgré les risques politiques induits.

Cette publicité rappelle aussi que le présidentiable républicain Mitt Romney s'était jadis opposé à l'idée de "remuer ciel et terre et de dépenser des milliards pour capturer une seule personne".

Le 18 avril, M. Obama remarquait que "pour la première fois en neuf ans, il n'y a plus d'Américains qui combattent en Irak. Nous avons concentré nos efforts sur les terroristes qui nous ont vraiment attaqués le 11-Septembre. Al-Qaïda est plus faible que jamais, et grâce à nos formidables soldats, Oussama ben Laden n'est plus de ce monde (...) C'est cela, le changement".

Le vice-président Joe Biden, jeudi à New York, a employé un raccourci plus saisissant: "si l'on devait résumer sur un autocollant ce qu'il a fait à partir de ce dont nous avons hérité, ce serait assez simple: +Oussama ben Laden est mort, et General Motors est vivant+".

Les démocrates poussent leur avantage dans un dossier où ils ont souvent été vulnérables; Jimmy Carter avait vu sa tentative de décrocher un second mandat torpillée en 1980 par la crise des otages en Iran, tandis que John Kerry, en 2004, avait souffert des attaques de l'équipe Bush sur sa supposée incompétence pour diriger un pays en guerre.

M. Romney a lui aussi tenté d'employer cette thématique, en accusant M. Obama de s'être "excusé au nom des Etats-Unis" à l'étranger et d'avoir "laissé tomber Israël" face à l'Iran.

M. Obama avait sèchement répondu en décembre: "demandez à Oussama ben Laden et aux 22 dirigeants d'Al-Qaïda sur 30 qui ont été mis hors d'état de nuire si je pratique l'apaisement".

Début février, dans un sondage du Washington Post, 56% des personnes interrogées disaient faire confiance à M. Obama face à la menace terroriste, contre 36% qui pensaient M. Romney plus compétent sur ce dossier.

"Toutes les données disponibles semblent montrer que le président Obama est jugé de façon favorable par le public en matière de sécurité nationale. La mort de Ben Laden en est l'une des raisons, mais pas la seule", remarque Thomas Mann, de l'institut Brookings.

Il dit douter que les électeurs se déterminent sur cette seule problématique, "étant donné les circonstances économiques difficiles". Mais M. Obama "a réussi à neutraliser un sujet qui dans le passé, a surtout servi les républicains", selon lui.

Rick Nelson, du groupe de réflexion CSIS, juge lui aussi que la sécurité nationale ne sera pas le principal sujet de débat d'ici à novembre.

"Mais en fin de compte, le président a dû prendre la décision de lancer une mission très difficile et risquée pour aller à Abbottabad et tuer Ben Laden", dit-il, "et il pourra toujours s'en prévaloir pour montrer à quel point il peut être fort en sécurité nationale".

L'équipe de M. Romney, même si elle a accusé jeudi M. Obama d'avoir laissé les alliés des Etats-Unis "vulnérables et isolés", concentre ses attaques sur son bilan économique.

"C'est toujours l'économie (qui est importante), et nous ne sommes pas stupides", a lancé mardi M. Romney, reprenant à peu de mots près le slogan démocrate qui, depuis fin 1992, symbolise la défaite à la présidentielle du républicain George Bush senior, pourtant vainqueur de la guerre du Golfe 18 mois plus tô t.


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