Ben Laden menace la France, lie le sort des otages au retrait d'Afghanistan

AFP

Dubaï - Le chef du réseau Al-Qaïda Oussama ben Laden a, dans un nouveau message audio menaçant, lié le sort des otages français au retrait de la France d'Afghanistan et averti que les positions du président Nicolas Sarkozy coûteraient "cher" à son pays.

Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier
Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier
Cet enregistrement sonore diffusé vendredi par la chaîne de télévision du Qatar Al-Jazira est le deuxième message de Ben Laden menaçant la France en moins de trois mois.

Dans une première réaction officielle, le ministère des Affaires étrangères à Paris a affirmé que la France était "déterminée" à poursuivre sa mission en Afghanistan, en précisant que l'enregistrement était "en cours d'authentification".

"Nous vous répétons le même message: la libération de vos prisonniers des mains de nos frères est liée au retrait de vos soldats de notre pays", a dit la voix attribuée à Ben Laden par la chaîne, qui n'a pas précisé comment elle s'est procurée l'enregistrement.

S'adressant au peuple français, il a ajouté: "le refus de votre président de se retirer d'Afghanistan est le résultat de son suivisme de l'Amérique et ce refus est un feu vert pour tuer vos prisonniers (...) mais nous ne ferons pas cela au moment qui lui convient à lui".

Cette position de M. Sarkozy "lui coûtera et vous coûtera cher sur différents fronts, à l'intérieur et à l'extérieur de la France", a poursuivi Ben Laden.

"Je ne vous annonce rien en vous disant qu'avec le montant de votre dette et votre budget en déficit, vous vous passerez de l'ouverture de nouveaux fronts", a-t-il ajouté.

"La France est aux côtés de ses alliés à la demande de l'ONU pour aider le peuple afghan. Je pense à nos deux otages en Afghanistan et nous travaillons quotidiennement à leur libération", a dit la ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie en tournée au Proche-Orient.

Huit Français sont retenus en otages à l'étranger.

Le 14 juillet 2009, un agent des services du renseignement français a été enlevé en Somalie, probablement à Mogadiscio ou dans la périphérie sous contrôle des islamistes shebab.

Le 30 décembre 2009, deux journalistes de France 3, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, ont été kidnappés avec leurs trois accompagnateurs afghans en Afghanistan. Les talibans nient d'abord toute implication mais en avril, une vidéo diffusée sur internet montre les deux journalistes lisant un texte dans lequel ils demandent à Paris de satisfaire les exigences des talibans.

Le 16 septembre 2010, cinq Français ainsi qu'un Togolais et un Malgache, pour l'essentiel des collaborateurs des groupes Areva et Satom, sont enlevés au Niger sur un site d'extraction d'uranium, et seraient détenus au Mali. Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué leur rapt.

En juillet, Aqmi avait exécuté Michel Germaneau, un ingénieur à la retraite de 78 ans, enlevé en avril au Niger.

Le 8 janvier 2011, deux jeunes Français enlevés le 7 janvier au Niger par Aqmi ont été retrouvés morts après un assaut des troupes franco-nigérienne destiné à les libérer à la frontière du Mali.

Environ 3.750 soldats français sont stationnés en Afghanistan.

Dans son dernier message diffusé le 27 octobre 2010, Ben Laden avait averti que la France ne connaîtrait la sécurité que si elle se retirait d'Afghanistan et cessait "ses injustices" à l'égard des musulmans. Il avait alors justifié l'enlèvement de cinq Français au Niger.

Fin octobre, le ministre français de la Défense de l'époque, Hervé Morin, avait évoqué de possibles premiers retraits français d'Afghanistan en 2011, tout en assurant qu'ils n'avaient "absolument aucun lien" avec les menaces d'Al-Qaïda.

La trace de ben Laden a été perdue après les attentats du 11 septembre 2001, et les Etats-Unis ont mis à prix sa tête pour 25 millions de dollars.


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