Berlinale: face aux régimes répressifs, fuir ou se révolter ?
AFP
Berlin - Parole muselée en Algérie, homosexuels persécutés en Tchétchénie: quelle attitude adopter face aux régimes répressifs? A la Berlinale, fidèle à sa tradition de festival engagé, fuite ou opposition frontale apparaissent alors comme seuls recours.
"Manifester est un moyen puissant d'exprimer son mécontentement: c'est une entreprise sociale en soi qui demande du contact, de la sueur, de la présence et toutes ces choses qui nous rendent humains", s'exclame auprès de l'AFP Karim Aïnouz.
Dans "Nardjes A.", le réalisateur brésilien (prix 2019 Un certain regard à Cannes pour "La Vie invisible d'Eurídice Gusmão") accompagne durant 24 heures une jeune militante dans les manifestations du "Hirak", le "mouvement" populaire de contestation inédit qui agite l'Algérie depuis un an.
Il dépeint une jeunesse qui descend dans la rue avec confiance pour protester contre la corruption et lutter pour l'avenir démocratique de leur pays. Ce même pays où leurs parents et grands-parents ont lutté pour l'indépendance vis-à-vis de la France.
Cette confrontation directe avec le pouvoir est également dépeinte dans "Comrades", court-métrage de la Hongkongaise Kanas Liu.
Au plus près des protestataires pro-démocratie qui, depuis le début de l'été 2019, battent le pavé dans la ville semi-autonome, en réclamant plus d'indépendance à l'égard de Pékin, la réalisatrice de 33 ans décrit la solidarité inhérente au mouvement.
"Libérez Hong Kong, la révolution de notre temps !", scandent les manifestants, la plupart uniquement munis de casques de protection, masques à poussière et parapluies face à des policiers armés. Beaucoup en paient le prix fort: environ 7.000 personnes ont été arrêtées depuis le début du mouvement.
A l'inverse, "Welcome to Chechnya" opte pour la fuite, solution inéluctable face à une répression potentiellement sanglante.
Son réalisateur américain David France (Oscar du meilleur documentaire 2013 pour "How to Survive a Plague") aborde crûment les châtiments - électrocution, tonte et tabassage sur la place publique - subis parfois jusqu'à la mort, par les homosexuels en Tchétchénie.
Dans cette république russe, le gouvernement du président Ramzan Kadyrov mène depuis 2017 "une campagne brutale, à tous les niveaux. C'est la première fois depuis Hitler que des membres de la communauté LGBT sont rassemblés pour être exterminés", dénonce-t-il à l'AFP.
Son documentaire suit les tentatives d'exfiltration d'une association LGBT basée à Moscou d'homosexuels tchétchènes. Cachées provisoirement dans un refuge secret, plus de 150 personnes ont ensuite pu obtenir l'asile politique à l'étranger.
Mais, en l'absence de solidarité internationale, certains ne peuvent compter que sur leur courage: comme Muna, 26 ans, qui, à l'aide de son téléphone portable, documente en secret, notamment à travers son hijab, sa fuite d'Arabie saoudite.
"Saudi Runaway" présente des images sans précédent du quotidien vécu par ces femmes victimes d'un des régimes patriarcaux les plus répressifs au monde.
"Allah voulait-il vraiment que nous, les femmes, vivions comme des humains de seconde zone qui ne devraient pas avoir d'opinion?", s'interroge la courageuse jeune femme.
Quitter sa maison sans la présence d'un homme lui est interdit par son père ou simplement faire ses courses, tout comme passer son permis malgré les assouplissements récents du régime.
Ne voulant se résoudre à un destin tout tracé, elle entreprend de profiter de son voyage de noces aux Emirats arabes unis, après un mariage arrangé, pour fuir.
Mais parfois, le fatalisme face à une société sclérosée peut pousser à une fuite symbolique: dans "Namo", Bakhtiar, un enseignant kurde en Iran décide de ne plus lutter face aux injustices du quotidien, jusqu'à tout perdre.
"Dans une société où la lutte est impossible, la fuite constitue la seule solution possible. Comme Sisyphe ! Que se passe-t-il, si un jour, il ne soulève pas la pierre de la montagne? Se tenir debout et ne rien faire est alors la seule façon de lutter!", explique à l'AFP son réalisateur, l'Iranien Nader Saeivar (prix du scénario à Cannes 2018 pour "Trois visages").
Dans "Nardjes A.", le réalisateur brésilien (prix 2019 Un certain regard à Cannes pour "La Vie invisible d'Eurídice Gusmão") accompagne durant 24 heures une jeune militante dans les manifestations du "Hirak", le "mouvement" populaire de contestation inédit qui agite l'Algérie depuis un an.
Il dépeint une jeunesse qui descend dans la rue avec confiance pour protester contre la corruption et lutter pour l'avenir démocratique de leur pays. Ce même pays où leurs parents et grands-parents ont lutté pour l'indépendance vis-à-vis de la France.
Cette confrontation directe avec le pouvoir est également dépeinte dans "Comrades", court-métrage de la Hongkongaise Kanas Liu.
Au plus près des protestataires pro-démocratie qui, depuis le début de l'été 2019, battent le pavé dans la ville semi-autonome, en réclamant plus d'indépendance à l'égard de Pékin, la réalisatrice de 33 ans décrit la solidarité inhérente au mouvement.
"Libérez Hong Kong, la révolution de notre temps !", scandent les manifestants, la plupart uniquement munis de casques de protection, masques à poussière et parapluies face à des policiers armés. Beaucoup en paient le prix fort: environ 7.000 personnes ont été arrêtées depuis le début du mouvement.
A l'inverse, "Welcome to Chechnya" opte pour la fuite, solution inéluctable face à une répression potentiellement sanglante.
Son réalisateur américain David France (Oscar du meilleur documentaire 2013 pour "How to Survive a Plague") aborde crûment les châtiments - électrocution, tonte et tabassage sur la place publique - subis parfois jusqu'à la mort, par les homosexuels en Tchétchénie.
Dans cette république russe, le gouvernement du président Ramzan Kadyrov mène depuis 2017 "une campagne brutale, à tous les niveaux. C'est la première fois depuis Hitler que des membres de la communauté LGBT sont rassemblés pour être exterminés", dénonce-t-il à l'AFP.
Son documentaire suit les tentatives d'exfiltration d'une association LGBT basée à Moscou d'homosexuels tchétchènes. Cachées provisoirement dans un refuge secret, plus de 150 personnes ont ensuite pu obtenir l'asile politique à l'étranger.
Mais, en l'absence de solidarité internationale, certains ne peuvent compter que sur leur courage: comme Muna, 26 ans, qui, à l'aide de son téléphone portable, documente en secret, notamment à travers son hijab, sa fuite d'Arabie saoudite.
"Saudi Runaway" présente des images sans précédent du quotidien vécu par ces femmes victimes d'un des régimes patriarcaux les plus répressifs au monde.
"Allah voulait-il vraiment que nous, les femmes, vivions comme des humains de seconde zone qui ne devraient pas avoir d'opinion?", s'interroge la courageuse jeune femme.
Quitter sa maison sans la présence d'un homme lui est interdit par son père ou simplement faire ses courses, tout comme passer son permis malgré les assouplissements récents du régime.
Ne voulant se résoudre à un destin tout tracé, elle entreprend de profiter de son voyage de noces aux Emirats arabes unis, après un mariage arrangé, pour fuir.
Mais parfois, le fatalisme face à une société sclérosée peut pousser à une fuite symbolique: dans "Namo", Bakhtiar, un enseignant kurde en Iran décide de ne plus lutter face aux injustices du quotidien, jusqu'à tout perdre.
"Dans une société où la lutte est impossible, la fuite constitue la seule solution possible. Comme Sisyphe ! Que se passe-t-il, si un jour, il ne soulève pas la pierre de la montagne? Se tenir debout et ne rien faire est alors la seule façon de lutter!", explique à l'AFP son réalisateur, l'Iranien Nader Saeivar (prix du scénario à Cannes 2018 pour "Trois visages").