Bioéthique: les mères porteuses ne font pas recette
AP
Les mères porteuses non, les couples gays qui adoptent oui. Telle est l'opinion des Français si l'on en croit Jean Leonetti, président du comité de pilotage des Etats-généraux sur la bioéthique. Le député UMP a estimé mardi que les consultations menées au cours des six derniers mois auprès des citoyens montraient une "unanimité contre les mères porteuses", alors qu'en revanche, l'adoption par des couples homosexuels ne semblait plus rebuter les Français.
"Les citoyens prônent une modernité sociétale, et en même temps une certaine rigueur d'une non-commercialisation de l'humain en votant à l'unanimité contre les mères porteuses", a-t-il résumé.
Sadek Beloucif, professeur en anesthésie-réanimation au CHU Avicenne à Bobigny et président du Conseil d'orientation de l'agence de la biomédecine, a observé pour sa part qu'il faudrait attendre le 30 juin, avec la remise du rapport sur les Etats-généraux à Nicolas Sarkozy, pour connaître les conclusions précises des consultations menées auprès des citoyens, par le biais de débats et d'un site Internet (http://www.etatsgenerauxdelabioethique.fr).
Mais il a noté que les premiers éléments recueillis montraient notamment que les jurys citoyens proposaient "d'ouvrir la recherche sur les cellules embryonnaires". La loi actuelle les interdit, mais il y a des dérogations possibles. "Les jurys proposent de modifier ça, en disant 'autorisation sous conditions'", a précisé à l'Associated Press Sadek Beloucif, membre du comité de pilotage. "C'est un voeu exprimé par les chercheurs depuis longtemps. Reste à savoir si les parlementaires suivront".
Il a aussi observé que les jurys semblent "d'accord pour modifier la loi afin de favoriser l'adoption à un couple d'homosexuel", et "pensent que les techniques d'assistance à la procréation ne sont justifiées qu'en cas d'infertilité".
Certains thèmes divisent en revanche plus les citoyens en matière de bioéthique, comme les dons d'organes, où les avis sont partagés sur le fait de le "limiter à la famille" ou de "l'élargir", a remarqué Jean Leonetti.
Il a en tous cas jugé que ce serait "une erreur politique et une faute morale" de ne pas se servir de l'avis des citoyens pour la révision de la loi du 6 août 2004 relative à la bioéthique. Mme Roselyne Bachelot a assuré que cette révision "devra beaucoup à l'implication" des citoyens qui ont donné leur avis sur le sujet, louant cette "démarche de démocratie participative".
La ministre de la Santé a précisé que la loi sur la bioéthique devra être revue avant 2011, le moratoire de la recherche sur les cellules souches embryonnaires s'achevant en février de cette année-là. "Le projet de loi sera certainement déposé par le gouvernement au début de l'année 2010 et débattu au Parlement durant le premier semestre 2010", a-t-elle noté.
Elle a souhaité que désormais, la loi ne soit plus "révisable à date fixe, tous les cinq ans, mais qu'elle puisse être révisable en continu, parce que les choses évoluent vite".
Remarquant par ailleurs que l'aide médicale à la procréation n'est remboursée que jusqu'à 43 ans, Roselyne Bachelot a souhaité "que l'on envisage un remboursement au-delà de 43 ans" étant donné "la date de plus en plus reculée de l'âge de la maternité".
La ministre a aussi souhaité une avancée sur la levée de l'anonymat du don de gamètes. "C'est un droit à chacun (...) de connaître ses origines, de savoir d'où il est issu, qui est son père ou sa mère génétique", a-t-elle affirmé, en précisant toutefois que "cela doit être assorti de protections".