Birmanie: Aung San Suu Kyi a rencontré un ministre de la junte
AFP
Rangoun - La figure de l'opposition birmane Aung San Suu Kyi a rencontré mercredi un ministre de la junte et officier de liaison pour la troisième fois en deux mois, a indiqué un responsable birman sous couvert de l'anonymat.
Aung San Suu Kyi
L'objectif de la rencontre n'a pas été précisé.
Le mois dernier, l'opposante avait écrit à la junte pour demander un entretien avec le numéro un du régime, le généralissime Than Shwe, afin de discuter avec lui de l'avenir du pays.
L'homme fort du régime militaire n'a jamais caché détester profondément la "Dame de Rangoun". Cette requête est restée officiellement sans réponse à ce jour.
Aung San Suu Kyi a été privée de liberté pendant 14 des 20 dernières années.
Elle a été condamnée récemment à 18 mois supplémentaires d'assignation à résidence, ce qui l'exclut de facto des élections prévues en 2010. La cour suprême doit entendre le 21 décembre les arguments de ses avocats contre cette condamnation.
Mais elle a repris un début de discussion avec les militaires depuis deux mois, après voir exprimé publiquement sa volonté d'aider à la levée des sanctions occidentales, qui pèsent contre la population sans faire fléchir la junte.
C'est la troisième fois qu'elle s'entretient avec le ministre depuis début octobre, alors qu'ils ne s'étaient plus adressés la parole depuis janvier 2008. Elle a ensuite rencontré des diplomates en poste à Rangoun pour évoquer les moyens de lever les sanctions.
Plus récemment, l'opposante a fait sa première apparition publique -son procès excepté- depuis 2003 dans un hôtel de Rangoun, accompagnée du secrétaire adjoint américain pour l'Asie de l'Est et le Pacifique, Kurt Campbell, plus haut responsable américain à se rendre en Birmanie depuis 14 ans.
Les Etats-Unis considèrent désormais qu'une discussion est indispensable pour convaincre le pouvoir de Naypyidaw d'engager des réformes démocratiques. Une stratégie adoptée à son tour la semaine passée par l'Union européenne, qui a décidé d'engager "un dialogue politique soutenu" avec les généraux.
Mercredi, la presse officielle birmane a accusé Mme Suu Kyi et son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), d'avoir été "malhonnêtes" en publiant ses deux derniers courriers à la junte.
"Si la LND et Aung San Suu Kyi veulent vraiment travailler ensemble avec le gouvernement dans l'intérêt national, ils peuvent apporter leur lettre directement au chef de l'Etat", a écrit le quotidien New Lights of Myanmar dans un éditorial, dénonçant "une tentative de faire pression" sur la junte avec l'aide des médias étrangers.