Carnage à Oslo: le suspect recherche la publicité pour sa 1ère comparution

AFP

Oslo - Anders Behring Breivik, le suspect des attaques qui ont ensanglanté la Norvège vendredi, va comparaître pour la première fois devant la justice lundi lors d'une audience qu'il souhaite publique et où il veut se présenter en uniforme, recherchant apparemment un maximum d'attention.

Carnage à Oslo: le suspect recherche la publicité pour sa 1ère comparution
Ayant reconnu être l'auteur de l'attentat à la voiture piégée contre le siège du gouvernement puis de la fusillade visant quelque 600 jeunes sur l'île d'Utoeya qui ont fait au total 93 morts, Behring Breivik doit comparaître à 13H00 (11H00 GMT) devant un juge en vue de sa mise en détention provisoire.

"Il a deux souhaits: le premier est que l'audience soit publique et le second est qu'il puisse être vêtu d'un uniforme", a déclaré l'avocat, Geir Lippestad, à la télévision NRK, sans pouvoir dire "de quel uniforme il s'agit".

"Il veut s'expliquer pour ce qu'il a fait. Il veut le faire publiquement", a-t-il ajouté.

Lors de cette première comparution, la police va demander un huis clos et le placement de Behring Breivik en détention provisoire pour une durée exceptionnelle de huit semaines renouvelables, le double du maximum habituel.

"Généralement, le maximum est de quatre semaines mais, dans des cas spéciaux, on peut demander jusqu'à huit semaines renouvelables", a expliqué à l'AFP une porte-parole de la police, Viola Bjelland.

Selon le tribunal d'Oslo, le juge, Kim Heger, tranchera d'abord sur le caractère public ou non de l'audience, puis se prononcera sur la question de la détention provisoire.

Dès 08H00 (06H00 GMT), de nombreuses équipes TV venues du monde entier et plusieurs camions équipés d'antennes satelitte étaient rassemblés devant le tribunal, a rapporté un journaliste de l'AFP.

Visiblement planifié de longue date, le carnage, l'un des plus sanglants de l'histoire, a fait 93 morts, 97 blessés et un nombre indéterminé de disparus, selon le bilan fourni dimanche par la police.

Celle-ci a précisé que 86 personnes avaient péri dans la fusillade visant une université d'été de la jeunesse travailliste sur la petite île d'Utoeya et que sept autres sont mortes dans l'explosion qui a ravagé le quartier des ministères, dans le centre d'Oslo.

Le tabloïde Dagbladet a publié lundi en Une les noms et photos de 10 disparus, âgés entre 14 et 21 ans.

Grand blond aux cheveux courts, Anders Behring Breivik, 32 ans, a affirmé avoir opéré seul lors de ses auditions par la police, qui dit toutefois ne toujours pas connaître ses mobiles.

Il "reconnaît les faits mais il ne reconnaît pas sa responsabilité criminelle", a précisé le commissaire Sveinung Sponheim.

Juste avant la tuerie, il a diffusé sur internet un manifeste de 1.500 pages dans lequel il se présente comme un croisé engagé dans une lutte contre l'islam et le marxisme notamment.

Dans ce manifeste rédigé en anglais sous le nom d'Andrew Berwick et intitulé "A European Declaration of Independence - 2083", il explique avoir décidé de passer à l'acte dès l'automne 2009, détaillant par avance son modus operandi.

Il évoque "l'usage du terrorisme comme un moyen d'éveiller les masses".

"Il considère que c'était cruel de devoir mener ces actions mais que, dans sa tête, c'était nécessaire", a déclaré l'avocat, M. Lippestad.

En Norvège, où la peine maximale est de 21 ans de prison, des voix se sont élevées sur internet pour réclamer le rétablissement de la peine de mort.

Sur l'île d'Utoeya, le suspect, déguisé en policier et en possession de deux armes à feu, dont un fusil automatique, a tiré sans relâche sur les jeunes pendant plus d'une heure.

Des rescapés ont expliqué comment il avait pris pour cible des jeunes tentaient de s'enfuir à la nage, achevé les blessés ou encore ciblé les tentes dans lesquelles les adolescents campaient.

Sur fond d'interrogations sur le délai d'une heure entre la première alerte sur la fusillade d'Utoeya et l'arrestation du tireur, la police a fourni dimanche de premières explications, soulignant qu'une unité spéciale avait dû venir d'Oslo, à une quarantaine de kilomètres de là, et débarquer en bateau.

Le carnage a suscité une vague d'indignation et de compassion à travers le monde.

A Oslo, une messe a été célébrée dimanche dans la cathédrale en présence de nombreuses personnalités dont le roi Harald V, les yeux baignés de larmes, et le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg.

"Nous sommes un petit pays mais nous sommes un peuple fier", a déclaré le chef du gouvernement, assurant que la Norvège "n'abandonnera jamais ses valeurs".

La Norvège rendra encore hommage aux victimes lundi avec une minute de silence entre 12H00 et 12H01 (10H00-10H01 GMT). Les autres pays nordiques (Finlande, Islande, Suède et Danemark) observeront aussi une minute de silence et ont mis les drapeuax en berne.

Behring Breivik a aussi publié une longue vidéo sur YouTube, condensé de son manifeste, où il affiche sa farouche hostilité au multiculturalisme. A la fin de ce document, le suspect apparaît sur trois photos, dont l'une le montre en position de tir avec un fusil d'assaut.

Egalement publiée le jour des attaques, la vidéo décrit l'islam comme "la principale idéologie génocidaire". "Avant de commencer notre Croisade, nous devons faire notre devoir en décimant le marxisme culturel", est-il également écrit.

Décrit comme un "fondamentaliste chrétien" par la police, Behring Breivik a été membre jusqu'en 2006 du parti du Progrès (FrP), une formation de la droite populiste norvégienne, favorable à une politique d'immigration ultra-restrictive.

Sur son profil Facebook, Behring Breivik se décrit comme "conservateur", "chrétien", célibataire, intéressé par la chasse et par des jeux vidéo de guerre.


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