Caucase russe: 19 morts dans un attentat suicide en Ingouchie
AFP
Nazran - Au moins 19 personnes ont été tuées et 70 blessées dans un attentat suicide à l'aide d'une camionnette remplie d'explosifs à Nazran en Ingouchie, république instable du Caucase en proie à une rébellion islamiste qui multiplie les attaques contre les autorités.
Vers 09H00 (05H00 GMT), "une camionnette a défoncé le portail du bâtiment de l'état-major de la police municipale et est entrée dans la cour. Une puissante explosion a retenti ensuite", a indiqué le comité d'enquête du parquet fédéral de Russie dans un communiqué.
Selon un bilan provisoire du comité, 19 personnes ont été tuées et 58 blessées. Un précédent bilan faisait état de 16 tués. Interrogé par l'AFP, le porte-parole du président ingouche, Kaloï Akhilgov, a indiqué que 11 enfants se trouvaient parmi les blessés dont il a estimé le nombre à 70.
"L'explosion était de très forte puissance", a précisé une source au ministère ingouche de l'Intérieur, citée par Interfax, soulignant qu'il y avait "au moins 50 kilos de TNT".
La camionnette s'est dirigée vers le dépôt d'armement de la police, provoquant l'explosion de munitions stockées dans la bâtiment, a raconté la police à un journaliste de l'AFP.
En conséquence, des bâtiments proches de celui de la police visé par l'attentat ont été endommagés ainsi qu'une trentaine d'automobiles aux alentours, selon la même source.
Réagissant à cet attentat, le président russe, Dmitri Medvedev, a chargé son ministre de l'Intérieur, Rachid Nourgaliev, de mettre de l'ordre dans les structures policières ingouches et de renforcer les effectifs, a indiqué son service de presse cité par les agences russes.
Trois jours de deuil ont été décrétés en Ingouchie à partir de lundi.
Cette attaque intervient quelques jours après l'annonce par le Kremlin que le président de l'Ingouchie, Iounous-Bek Evkourov, a repris officiellement ses fonctions après avoir été grièvement blessé fin juin dans une tentative d'assassinat.
Cette république frontalière de la Tchétchénie est touchée par une rébellion qui s'inspire des mouvements indépendantistes et islamistes ayant lutté contre Moscou au cours de deux guerres en Tchétchénie pendant les années 1990 et au début des années 2000. Des attaques visent fréquemment les autorités et les forces de l'ordre.
"Il y a longtemps que nous n'avions pas connu une telle attaque", a observé M. Akhilgov. "Il n'y a pas assez de sang" pour soigner les blessés, a-t-il ajouté.
Aux yeux de M. Evkourov, des islamistes étaient derrière l'attentat suicide de lundi, qui vise à déstabiliser l'Ingouchie.
"Il ne fait aucun doute que c'est l'oeuvre de combattants qui cherchent à accroître leur importance. Il s'agit d'une tentative de déstabiliser la situation et de semer la panique", a ajouté M. Evkourov, selon des propos rapportés par son, M. Akhilgov.
Le président ingouche a exigé un accroissement des mesures de sécurité autour des bâtiments publics. Actuellement en convalescence dans un établissement de soins près de Moscou, M. Evkourov devrait retourner en Ingouchie à la fin du mois.
La semaine dernière, le ministre ingouche de la Construction, Rouslan Amerkhanov, avait été tué par balles dans son bureau à Magas, capitale administrative de l'Ingouchie.
La situation dans le Caucase est "hors de tout contrôle et empire chaque jour", avait indiqué vendredi Grigory Chvedov, rédacteur en chef de Caucasianknot.info, un portail internet spécialisé dans la couverture du Caucase.