Célèbre et insaisissable, Hergé se dévoile un peu dans une expo à Paris
AFP
Disparu en 1983, Hergé, le père de Tintin, demeure l'un des hommes les plus connus au monde mais aussi l'un des plus insaisissables.
L'exposition qui lui est consacrée au musée parisien du Grand Palais à partir de mercredi confirme le génie du dessinateur mais laisse dans l'ombre le mystère de l'homme.
Hergé? c'est Tintin bien sûr! Le héros aux plus de 250 millions d'albums vendus dans le monde, traduits dans 110 langues et dialectes. Mais Tintin, créé en 1929, n'est que la partie la plus visible de l'oeuvre d'une exceptionnelle richesse du Belge Georges Rémi, le vrai nom d'Hergé.
La rétrospective du Grand Palais propose (jusqu'au 15 janvier) de montrer le processus créatif du dessinateur, l'influence qu'ont exercées sur lui d'autres formes d'art comme la photographie ou le cinéma.
L'exposition accorde une large place à la parole à l’artiste lui-même, qui se raconte à travers différents écrits, témoignages et interviews.
Outre les dessins, on trouve de nombreuses photos qui éclairent la vie d'Hergé. Images de l'enfance à Bruxelles où il est né en mai 1907, de son premier amour, "Milou", surnom de Marie-Louise Van Cutsem ou encore en compagnie, en 1934, du jeune Chinois Tchang Tchong-jen, étudiant à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles qu'on retrouvera dans "Le lotus bleu" (1936) et surtout "Tintin au Tibet" (1960), l'album préféré d'Hergé.
Mais c'est évidemment à l'oeuvre graphique d'Hergé que nous confronte essentiellement cette exposition. Des dizaines de planches originales, crayonnées ou à l'encre de Chine, de Tintin où se révèle le génie de la "ligne claire" sont mises en valeur.
Outre les 24 albums de Tintin (dont le dernier, "Tintin et l'Alph-Art" resté à jamais inachevé), Hergé est l'auteur de la série "Quick et Flupke", histoires de deux garnements espiègles de Bruxelles, des aventures de "Jo, Zette et Jocko" sans oublier "Popol et Virginie".
Il fut aussi un brillant illustrateur, auteur de centaines de couvertures dessinées pour "Le Petit Vingtième" puis le "Journal Tintin", d'innombrables affiches publicitaires ainsi que de cartes postales et de calendriers avidement recherchés aujourd'hui par les collectionneurs et dont on trouve quelques spécimens au Grand Palais.
- Le peintre Hergé -
Autodidacte, Hergé fut un grand collectionneur d'oeuvres d'artistes contemporains (Fontana, Warhol et Lichtenstein comptent parmi ses peintres préférés) rappelle également l'expo Hergé. Il a lui-même signé une trentaine de tableaux, dont six, marqués notamment par l'influence de Joan Miro ou Paul Klee, sont exposés au Grand Palais.
Dans les années 1960, alors en plein bouleversement dans sa vie privée - il tombe amoureux de Fanny Vlamynck, une coloriste de 27 ans sa cadette qui deviendra sa seconde épouse - Hergé songera à s'éloigner de la BD pour se tourner vers la peinture.
L'expo ne s'aventure pas sur la vie d'Hergé au-delà de son oeuvre. Pour la comprendre, il faut se plonger dans les multiples biographies d'Hergé dont beaucoup sont rééditées à l'occasion de l'expo, comme "Hergé intime" (Flammarion) de Benoît Mouchart et François Rivière.
La vie d'Hergé ne fut pas aussi lisse que les traits du visage de Tintin. Derrière le masque rassurant que le créateur du jeune reporter voulait laisser à la postérité, se cachait un personnage tourmenté.
Le jeune Hergé a été très affecté par la détérioration mentale de sa mère (le thème de la folie est récurrent dans son oeuvre). Il a longtemps trainé la réputation de colonialiste, à cause de "Tintin au Congo" (1930) dont les exemplaires ont été retirés du rayon enfant dans certaines bibliothèques américaines et a été soupçonné d'avoir eu de la sympathie pour le chef pro-nazi belge Léon Degrelle ou d'antisémitisme. Brièvement arrêté à la Libération, il sera blanchi de ces accusations.
On trouve dans l'expo un court "strip" peu connu du dessinateur datant de décembre 1939. On voit un petit monsieur à l'air timide écoutant la radio où une voix dénonce la neutralité de la Belgique. Le petit homme, excédé, quitte son fauteuil et sort dans la rue pour écrire sur un mur: "Hitler est un fou".
Hergé? c'est Tintin bien sûr! Le héros aux plus de 250 millions d'albums vendus dans le monde, traduits dans 110 langues et dialectes. Mais Tintin, créé en 1929, n'est que la partie la plus visible de l'oeuvre d'une exceptionnelle richesse du Belge Georges Rémi, le vrai nom d'Hergé.
La rétrospective du Grand Palais propose (jusqu'au 15 janvier) de montrer le processus créatif du dessinateur, l'influence qu'ont exercées sur lui d'autres formes d'art comme la photographie ou le cinéma.
L'exposition accorde une large place à la parole à l’artiste lui-même, qui se raconte à travers différents écrits, témoignages et interviews.
Outre les dessins, on trouve de nombreuses photos qui éclairent la vie d'Hergé. Images de l'enfance à Bruxelles où il est né en mai 1907, de son premier amour, "Milou", surnom de Marie-Louise Van Cutsem ou encore en compagnie, en 1934, du jeune Chinois Tchang Tchong-jen, étudiant à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles qu'on retrouvera dans "Le lotus bleu" (1936) et surtout "Tintin au Tibet" (1960), l'album préféré d'Hergé.
Mais c'est évidemment à l'oeuvre graphique d'Hergé que nous confronte essentiellement cette exposition. Des dizaines de planches originales, crayonnées ou à l'encre de Chine, de Tintin où se révèle le génie de la "ligne claire" sont mises en valeur.
Outre les 24 albums de Tintin (dont le dernier, "Tintin et l'Alph-Art" resté à jamais inachevé), Hergé est l'auteur de la série "Quick et Flupke", histoires de deux garnements espiègles de Bruxelles, des aventures de "Jo, Zette et Jocko" sans oublier "Popol et Virginie".
Il fut aussi un brillant illustrateur, auteur de centaines de couvertures dessinées pour "Le Petit Vingtième" puis le "Journal Tintin", d'innombrables affiches publicitaires ainsi que de cartes postales et de calendriers avidement recherchés aujourd'hui par les collectionneurs et dont on trouve quelques spécimens au Grand Palais.
- Le peintre Hergé -
Autodidacte, Hergé fut un grand collectionneur d'oeuvres d'artistes contemporains (Fontana, Warhol et Lichtenstein comptent parmi ses peintres préférés) rappelle également l'expo Hergé. Il a lui-même signé une trentaine de tableaux, dont six, marqués notamment par l'influence de Joan Miro ou Paul Klee, sont exposés au Grand Palais.
Dans les années 1960, alors en plein bouleversement dans sa vie privée - il tombe amoureux de Fanny Vlamynck, une coloriste de 27 ans sa cadette qui deviendra sa seconde épouse - Hergé songera à s'éloigner de la BD pour se tourner vers la peinture.
L'expo ne s'aventure pas sur la vie d'Hergé au-delà de son oeuvre. Pour la comprendre, il faut se plonger dans les multiples biographies d'Hergé dont beaucoup sont rééditées à l'occasion de l'expo, comme "Hergé intime" (Flammarion) de Benoît Mouchart et François Rivière.
La vie d'Hergé ne fut pas aussi lisse que les traits du visage de Tintin. Derrière le masque rassurant que le créateur du jeune reporter voulait laisser à la postérité, se cachait un personnage tourmenté.
Le jeune Hergé a été très affecté par la détérioration mentale de sa mère (le thème de la folie est récurrent dans son oeuvre). Il a longtemps trainé la réputation de colonialiste, à cause de "Tintin au Congo" (1930) dont les exemplaires ont été retirés du rayon enfant dans certaines bibliothèques américaines et a été soupçonné d'avoir eu de la sympathie pour le chef pro-nazi belge Léon Degrelle ou d'antisémitisme. Brièvement arrêté à la Libération, il sera blanchi de ces accusations.
On trouve dans l'expo un court "strip" peu connu du dessinateur datant de décembre 1939. On voit un petit monsieur à l'air timide écoutant la radio où une voix dénonce la neutralité de la Belgique. Le petit homme, excédé, quitte son fauteuil et sort dans la rue pour écrire sur un mur: "Hitler est un fou".