Centrafrique: en finir avec les groupes armés, premier défi de la présidente

AFP

Bangui - La présidente de transition Catherine Samba Panza, qui prêtera serment jeudi, veut s'attaquer immédiatement au fléau des groupes armés pullulant en Centrafrique, avec le défi de proposer un autre avenir aux jeunes qui prennent les armes.

Mercredi la capitale centrafricaine offrait une animation inhabituelle depuis des semaines, avec un retour à une circulation normale.

Des habitants joints régulièrement par l'AFP depuis le début des violences à grande échelle dans la ville début décembre faisaient le même constat: ils n'ont pas entendu un seul coup de feu pendant la nuit, pour la première fois depuis longtemps.

Mais les soldats français et de l'opération Sangaris et africains de la Misca qui quadrillent en permanence Bangui et les centaines de milliers de déplacés entassés dans des camps de fortune rappellent que rien n'est réglé pour l'instant, même si l'élection lundi de Mme Samba Panza a été favorablement accueillie par la population comme par la communauté internationale.

La nouvelle présidente centrafricaine doit prêter serment jeudi après-midi et prendre ainsi officiellement la suite de Michel Djotodia.

M. Djotodia, avait renversé le régime de François Bozizé en mars 2013 à la tête de sa coalition rebelle Séléka et a été contraint à la démission le 10 janvier, sous pression de la communauté internationale excédée par son incapacité à arrêter les tueries entre chrétiens et musulmans.

S'exprimant mardi devant la presse à Bangui, Mme Samba Panza a souligné que "nous avons des milliers de jeunes qui ont des armes, qui sont soit dans la Séléka (combattants à majorité musulmane de M. Djotodia), soit anti-balaka (miliciens chrétiens hostiles à M. Djotodia). Si on lâche ces jeunes dans la rue, on n'aura pas résolu le problème", a-t-elle relevé.

Si la Centrafrique a vécu des semaines de tueries interreligieuses, oeuvres notamment de ces combattants, le fléau des groupes armés et rébellions qui rançonnent et s'en prennent aux populations dure depuis des années dans un pays où l'administration - y compris la police et la gendarmerie - a disparu de régions entières.

Jeunesse "sans avenir"

"Il faut qu'on voie avec le gouvernement qui sera mis en place (...) quelles opportunités offrir à ces jeunes là", a promis la nouvelle présidente, "parce que c'est par dépit souvent, dans l'extrême pauvreté et sans avenir, que ces jeunes se lancent dans des actions de violence".

"Il faut les écouter, connaître leurs attentes, analyser si c'est réaliste ou pas. Ce qui est faisable sera faisable, ce qui ne sera pas faisable, je le leur expliquerai", a-t-elle promis.

Car pour pacifier et désarmer durablement, il faut réinsérer tous ces hommes armés - à qui le fusil d'assaut garantit de trouver à manger tous les jours - en leur assurant tout de suite un minimum de ressources.

Or dans l'immédiat, Mme Samba Panza se trouve face à une muraille budgétaire. Les caisses de ce qui reste de l'Etat centrafricain sont totalement vides. Là encore ce n'est pas une nouveauté dans un pays où certains fonctionnaires cumulent sept à huit années d'arriérés de salaire.

"Je n'ai pas d'argent dans les caisses pour le moment et c'est une préoccupation pour moi (...) Sans paiement de salaires, les fonctionnaires n'auront pas la possibilité de reprendre le travail" et remettre en marche une administration totalement paralysée, a-t-elle insisté en soulignant une nouvelle fois l'urgence à agir.

Lundi, les pays donateurs se sont engagés à débloquer 496 millions de dollars (365 millions d'euros) en 2014 pour aider la Centrafrique.

Cette somme va "couvrir 90% des besoins humanitaires pour 2014" et "100% du plan d'urgence des trois premiers mois", selon le ministre français au Développement, Pascal Canfin.


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