Ces menaces de mort visent Sarkozy et plusieurs personnalités de droite
Le Point.fr
Des lettres de menaces de mort, accompagnées chacune d'une balle de 9 mm, ont été adressées par un ou des inconnus à plusieurs personnalités de droite, dont Nicolas Sarkozy lui-même. Trois femmes du gouvernement sont visées par les courriers : la ministre de la Justice Rachida Dati, la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie et la ministre de la Culture Christine Albanel.
"Vous croyez disposer de nos vies, eh bien non, c'est nous qui disposons de la vôtre et de celle de vos familles et amis", est-il écrit dans la missive reçue à la mairie de Bordeaux. Celle-ci, révélée par le quotidien régional Sud-Ouest, avait la forme d'une "lettre circulaire" d'une vingtaine de lignes au ton inquiétant. L'ancien Premier ministre a décidé de porter plainte. Le député des Hauts-de-Seine, porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre et le député UMP du Nord Christian Vanneste ont fait savoir mardi également qu'ils avaient reçu une lettre. "Ce n'est pas la première fois que je suis l'objet de menaces. Ça ne m'inquiète pas outre mesure. Je n'ai pas l'intention, pour l'instant, de porter plainte, mais ça peut changer s'il y a réitération", a déclaré Christian Vanneste. Le maire UMP de Perpignan, Jean-Paul Alduy, fait également partie de la liste d'une dizaine de personnalités citées.
"Vous n'êtes que des morts en sursis"
"Ministres, députés, sénateurs, pourvoyeurs de lois liberticides (...) vous n'êtes que des morts en sursis", proclame le courrier qui menace également "l'UMP, le Nouveau Centre, FN et autres collabos centristes ou socialos collabos". "C'est pas la peine de me chercher, j'utilise du matériel d'occasion, vous ne me trouverez pas", poursuit-il. Le vocabulaire utilisé "piste", "cible", "verrouillé", "silence radio total" fait penser au langage des militaires, a indiqué une source proche de l'enquête. "Ce courrier est le dernier. Nous faisons le black-out, silence radio total", écrivent le ou les expéditeurs en évoquant en fin de lettre "10.000 combattants et une mystérieuse "cellule 34 (expéditeur courrier)".
Toutes les personnes menacées ont reçu une lettre identique dactylographiée sur un papier blanc, sans en-tête, logo ni signature, a précisé le parquet en évoquant des propos "décousus". Une lettre, qu'un journaliste de l'AFP a pu consulter, contient de nombreuses fautes d'orthographe et des propos injurieux, affirmant que les destinataires ne sont "que des morts en sursis, mais des morts verrouillés".
Précédemment, des intimidations similaires ont été adressées à deux élus UMP. En fin de semaine dernière, c'est le sénateur UMP de Lozère Jacques Blanc, maire de Lacanourgue, qui a réceptionné une lettre accompagnée d'une cartouche de 9 mm. Deux semaines auparavant, le sénateur-maire (UMP) de Béziers, Raymond Couderc, a reçu des menaces, cette fois accompagnées d'une balle de calibre 38. Dans la missive adressée à l'élu de l'Hérault, Nicolas Sarkozy, Rachida Dati, Michèle Alliot-Marie et Alain Juppé étaient également cités et visés.
Quatre services de police chargés de l'enquête
Le parquet antiterroriste de Paris a ouvert fin février une enquête préliminaire concernant cette affaire. Quatre services de police ont été chargés de mener les investigations : la brigade criminelle, la sous-direction antiterroriste (SDAT), et les directions interrégionales de la police judiciaire de Marseille et de Bordeaux. Certaines lettres ont été postées depuis Montpellier, Bordeaux ou Bédarieux dans l'Hérault, d'après une source policière.
L'envoi de menaces de mort est puni d'une peine d'emprisonnement allant jusqu'à 3 ans et 45.000 euros d'amende.
Ce n'est pas la première fois que le chef de l'État est visé par ce genre de message. Le 15 octobre dernier, un homme lui a envoyé un e-mail contenant des menaces de mort. Il a été interpellé dans la nuit du 23 au 24 octobre dans un cybercafé du 1er arrondissement de Paris. Après son interpellation, l'individu, âgé de 26 ans, sans profession ni domicile fixe et connu des services de police, a reconnu les faits. Il a alors subi un examen comportemental et a été admis à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police. Le 27 janvier, cette fois, un père de famille de 40 ans, originaire de l'Oise, a lui aussi adressé un e-mail de mise en garde au Président via le site Internet de l'Élysée. L'homme, qui a invoqué l'alcool et la crise économique pour expliquer son geste, devrait être jugé le 16 mars.