Chine: le prix Nobel Liu Xiaobo "dans un état critique"
AFP
Le dissident chinois Liu Xiaobo est "dans un état critique", a annoncé lundi l'hôpital où le Nobel de la paix 2010 a été admis pour un cancer du foie, mais ses partisans exigent toujours qu'il soit hospitalisé d'urgence à l'étranger.
"L'équipe nationale d'experts pense que le patient est dans un état critique", a fait savoir dans un communiqué l'hôpital universitaire médical N°1 de Shenyang (nord-est de la Chine), se disant prêt à transférer au besoin le défenseur des droits de l'homme en soins intensifs.
Le dissident avait été placé en liberté conditionnelle et hospitalisé après avoir été diagnostiqué en mai d'un cancer du foie en phase terminale.
Les derniers examens révèlent que sa tumeur s'est agrandie et qu'il souffre d'une hémorragie du foie, d'une baisse de la pression artérielle et d'insuffisance rénale, selon l'hôpital.
Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme et proches de M. Liu ont reproché à Pékin d'avoir attendu que son état de santé empire avant de lui permettre de sortir de prison, mais les autorités affirment qu'il est soigné par des cancérologues réputés.
- Une manoeuvre? -
L'hôpital de Shenyang avait affirmé samedi que le malade n'était pas en état d'être transporté à l'étranger, contredisant le souhait de Liu Xiaobo, qui a demandé à pouvoir être soigné hors de Chine.
Mais des médecins américain et allemand qui ont pu l'examiner ont plaidé dimanche pour son évacuation "le plus vite possible", assurant que cela pouvait être fait "sans danger".
Selon ses partisans, le communiqué alarmiste de l'hôpital sert les intentions du régime communiste, qui cherche à tout faire pour éviter que le défenseur des libertés parte à l'étranger.
"Les experts étrangers ont dit qu'ils pouvaient garantir sa sécurité s'il était transporté rapidement à l'étranger. Si l'on continue à attendre, il risque de tomber dans le coma, jusqu'au point où on ne pourra plus le déplacer", observe le dissident Hu Jia dans un communiqué.
"Le communiqué de l'hôpital relève de la manoeuvre dilatoire: le gouvernement chinois cherche probablement à se tirer de cette situation sans trop embarrasser (le président) Xi Jinping avant le congrès du Parti communiste" à l'automne, suppose Patrick Poon, spécialiste de la Chine pour Amnesty International.
L'ambassade d'Allemagne à Pékin a, quant à elle, fait part de sa "profonde préoccupation" au sujet d'une vidéo qui a fuité et dans laquelle M. Liu apparaît très amaigri, tandis que les médecins allemand et américain parlent à son épouse et des confrères chinois.
"Certaines autorités ont, de toute évidence, réalisé des enregistrements audio et vidéo de surveillance" lors de cette visite, et ce "contre le souhait exprimé par la partie allemande", a indiqué l'ambassade, qui parle d'une violation du secret médical.
- "Jusqu'à la mort" -
Pour Ye Du, un dissident proche de la famille de Liu Xiaobo, Pékin entend détenir l'opposant politique "jusqu'à la mort".
"Ils ne veulent pas qu'il parte à l'étranger, car même si son existence y serait brève, il pourrait s'exprimer politiquement en tant que lauréat du prix Nobel, ce qui aurait un impact négatif sur le congrès du parti et sur le pays. C'est quelque chose qu'ils veulent absolument empêcher", explique-t-il à l'AFP.
Mais si le régime chinois ne l'autorise pas à partir, "il devra porter la faute historique d'avoir persécuté un prix Nobel, comme le font d'autres régimes autoritaires envers leurs prisonniers politiques, comme la Corée du Nord", avertit Patrick Poon.
A Hong Kong, une trentaine de manifestants se sont réunis lundi devant le bureau de liaison de la Chine, pour demander la libération de Liu Xiaobo.
Interrogé par des journalistes au sujet d'une éventuelle autorisation de quitter la Chine, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Geng Shuang a jugé qu'il ne s'agissait pas d'une "question de diplomatie. Il s'agit d'une affaire interne à la Chine. Nous nous opposons à ce que n'importe quel pays s'immisce dans les affaires chinoises en utilisant les soi-disant cas individuels".
De son côté, Steffen Seibert, le porte-parole du gouvernement allemand, a dit espérer que Pékin fasse un "geste humanitaire (envers M. Liu) et sa famille".
Liu Xiaobo, 61 ans, a été condamné en 2009 à 11 ans de réclusion pour "subversion" après avoir appelé à des réformes démocratiques. Il avait co-rédigé un manifeste, la Charte 08, prônant notamment des élections libres. Lors de la cérémonie de remise du Nobel à Oslo en 2010, il avait été représenté par une chaise vide.
Le dissident avait été placé en liberté conditionnelle et hospitalisé après avoir été diagnostiqué en mai d'un cancer du foie en phase terminale.
Les derniers examens révèlent que sa tumeur s'est agrandie et qu'il souffre d'une hémorragie du foie, d'une baisse de la pression artérielle et d'insuffisance rénale, selon l'hôpital.
Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme et proches de M. Liu ont reproché à Pékin d'avoir attendu que son état de santé empire avant de lui permettre de sortir de prison, mais les autorités affirment qu'il est soigné par des cancérologues réputés.
- Une manoeuvre? -
L'hôpital de Shenyang avait affirmé samedi que le malade n'était pas en état d'être transporté à l'étranger, contredisant le souhait de Liu Xiaobo, qui a demandé à pouvoir être soigné hors de Chine.
Mais des médecins américain et allemand qui ont pu l'examiner ont plaidé dimanche pour son évacuation "le plus vite possible", assurant que cela pouvait être fait "sans danger".
Selon ses partisans, le communiqué alarmiste de l'hôpital sert les intentions du régime communiste, qui cherche à tout faire pour éviter que le défenseur des libertés parte à l'étranger.
"Les experts étrangers ont dit qu'ils pouvaient garantir sa sécurité s'il était transporté rapidement à l'étranger. Si l'on continue à attendre, il risque de tomber dans le coma, jusqu'au point où on ne pourra plus le déplacer", observe le dissident Hu Jia dans un communiqué.
"Le communiqué de l'hôpital relève de la manoeuvre dilatoire: le gouvernement chinois cherche probablement à se tirer de cette situation sans trop embarrasser (le président) Xi Jinping avant le congrès du Parti communiste" à l'automne, suppose Patrick Poon, spécialiste de la Chine pour Amnesty International.
L'ambassade d'Allemagne à Pékin a, quant à elle, fait part de sa "profonde préoccupation" au sujet d'une vidéo qui a fuité et dans laquelle M. Liu apparaît très amaigri, tandis que les médecins allemand et américain parlent à son épouse et des confrères chinois.
"Certaines autorités ont, de toute évidence, réalisé des enregistrements audio et vidéo de surveillance" lors de cette visite, et ce "contre le souhait exprimé par la partie allemande", a indiqué l'ambassade, qui parle d'une violation du secret médical.
- "Jusqu'à la mort" -
Pour Ye Du, un dissident proche de la famille de Liu Xiaobo, Pékin entend détenir l'opposant politique "jusqu'à la mort".
"Ils ne veulent pas qu'il parte à l'étranger, car même si son existence y serait brève, il pourrait s'exprimer politiquement en tant que lauréat du prix Nobel, ce qui aurait un impact négatif sur le congrès du parti et sur le pays. C'est quelque chose qu'ils veulent absolument empêcher", explique-t-il à l'AFP.
Mais si le régime chinois ne l'autorise pas à partir, "il devra porter la faute historique d'avoir persécuté un prix Nobel, comme le font d'autres régimes autoritaires envers leurs prisonniers politiques, comme la Corée du Nord", avertit Patrick Poon.
A Hong Kong, une trentaine de manifestants se sont réunis lundi devant le bureau de liaison de la Chine, pour demander la libération de Liu Xiaobo.
Interrogé par des journalistes au sujet d'une éventuelle autorisation de quitter la Chine, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Geng Shuang a jugé qu'il ne s'agissait pas d'une "question de diplomatie. Il s'agit d'une affaire interne à la Chine. Nous nous opposons à ce que n'importe quel pays s'immisce dans les affaires chinoises en utilisant les soi-disant cas individuels".
De son côté, Steffen Seibert, le porte-parole du gouvernement allemand, a dit espérer que Pékin fasse un "geste humanitaire (envers M. Liu) et sa famille".
Liu Xiaobo, 61 ans, a été condamné en 2009 à 11 ans de réclusion pour "subversion" après avoir appelé à des réformes démocratiques. Il avait co-rédigé un manifeste, la Charte 08, prônant notamment des élections libres. Lors de la cérémonie de remise du Nobel à Oslo en 2010, il avait été représenté par une chaise vide.