Clash Duflot/Valls: tous les regards sont tournés vers Hollande

AFP

Paris - Au lendemain d'une visite symbolique à Florange parasitée par la polémique sur les Roms, tous les regards étaient tournés vendredi vers François Hollande, sommé publiquement par Cécile Duflot d'intervenir dans ce dossier sensible remis sous les projecteurs par Manuel Valls.

Clash Duflot/Valls: tous les regards sont tournés vers Hollande
C'est peu dire que les propos fracassants de la ministre écologiste du Logement contre son collègue socialiste de l'Intérieur, Manuel Valls, ont été mal vécus par l'équipe de François Hollande. Ils ont pollué la visite présidentielle à Florange, une promesse de campagne honorée malgré le sentiment de trahison des syndicats du site métallurgique.

Alors que M. Hollande était venu annoncer la mise en place d'un centre de recherche sur l'acier de demain, à vocation mondiale, implanté à Florange, il a été pressé de questions par les journalistes sur la sortie de Mme Duflot. Le visage fermé, il s'est refusé à tout commentaire.

L'ex-numéro un d'EELV, depuis Angers où se tenaient les journées parlementaires de son parti en pleine tourmente, venait d'accuser Manuel Valls d'être allé "au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain" avec ses propos sur l'incapacité des Roms à s'intégrer. Elle a publiquement sollicité l'arbitrage présidentiel.

"A mon sens, c'est la première fois qu'un membre du gouvernement en appelle de manière aussi explicite au chef de l'Etat contre un de ses collègues", a commenté auprès de l'AFP le politologue Pascal Perrineau. Selon lui, "d'habitude, ce type de chicayas se règlent en coulisse", comme par exemple cet été entre Manuel Valls et Christiane Taubira au sujet de la réforme pénale.

Les propos de Cécile Duflot, fragilisée récemment par les critiques acerbes de Noël Mamère, le départ annoncé de Pascal Durand de la direction d'EELV et la polémique sur la fiscalité écologique, n'étaient sans doute pas exempts d'une part de calcul politique en lui permettant de reprendre la main.

Ils vont surtout à l'encontre des règles fixées depuis plusieurs mois par François Hollande et Jean-Marc Ayrault selon lesquelles les ministres n'étalent pas publiquement leurs divisions et évitent les "jeux personnels".

Présent aux journées parlementaires EELV, le Premier ministre a lui renvoyé à la circulaire interministérielle de l'été 2012 fixant la politique du gouvernement sur les Roms, avec le double objectif de la fermeté et de l'accompagnement vers l'intégration. Il a souligné que ce texte avait été signé par l'ensemble des ministres, dont Manuel Valls et Cécile Duflot.

Montebourg en appelle aussi à Hollande

"Fables et allégations"

Très critique à l'égard de M. Valls la semaine dernière, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, s'est depuis rapproché de la ligne de son ancien adversaire à la primaire socialiste.

"Finalement quand on enlève la question des propos (...) et qu'on revient sur l'essentiel: Qu'est ce qui se passe sur le terrain? Une exaspération considérable!" à l'égard des campements illicites, a-t-il lancé sur RTL. Pour clore la polémique, il en a aussi appelé au chef de l'Etat.

Le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, a lui aussi voulu jouer les démineurs en estimant sur LCI-Radio Classique que chacun des deux "solistes" jouait sa "partition". Pour lui, les critiques de Mme Duflot ne doivent pas déboucher sur son départ du gouvernement.

M. Hollande ne va donc rien faire face à ce différend public? "Si, il va rappeler ce qu'est la position: il n'y a pas deux positions différentes à l'intérieur du gouvernement, il n'y en a qu'une et peut-être va-t-il dire à chacun des solistes: il faut conjuguer les deux positions", l'un plus sur la sécurité, l'autre plus sur l'intégration.

Le président PS de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a pour sa part jugé sur Europe 1 que le ministre de l'Intérieur était "dans son rôle" avec son caractère et son "côté impulsif quelquefois". "Mais qui peut mettre en cause les valeurs républicaines de Manuel Valls ? Qui peut le mettre en cause ?", a-t-il demandé.

Au centre et à droite, ces nouveaux tumultes dans l'équipe gouvernementale ont constitué un nouvel angle d'attaque après la "pause fiscale" et la Syrie.

Le président du MoDem, François Bayrou, a dénoncé sur France 2 "une énième mise en scène d'un affrontement interne au gouvernement". "Ca devient pour les Français quelque chose d'insupportable", selon l'ex-député béarnais.

Le président de l'UMP, Jean-François Copé, a demandé "solennellement" jeudi soir à François Hollande "de trancher immédiatement le différend et de définir clairement sa ligne politique" sur les Roms.


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