Clinton et Gates à Séoul: démonstration de solidarité à la frontière des 2 Corées
AFP
Panmunjom (Corée du Sud) — Hillary Clinton et Robert Gates, les têtes de la diplomatie et de la défense américaines, ont manié les symboles et le concret mercredi pour manifester la solidarité de Washington avec Séoul, avec notamment un passage remarqué à la frontière intercoréenne.
Hillary Clinton
En visitant une salle de réunion traversée par la ligne de démarcation intercoréenne, les deux responsables ont brièvement posé le pied du côté nord-coréen de la pièce, sous le regard curieux du militaire de faction derrière la vitre.
Panmunjom est situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de Séoul dans une bande démilitarisée de 4 kilomètres de large, de part et d'autre de la ligne de démarcation intercoréenne.
Quatre mois après le naufrage imputé à la Corée du Nord d'une corvette sud-coréenne, l'épisode visait à donner un relief particulier à la commémoration du 60e anniversaire de la guerre de Corée (1950-53) par les Etats-Unis et la Corée du Sud.
Dans un communiqué conjoint publié un peu plus tard, les deux alliés ont prévenu le régime de Pyongyang que tout acte d'agression de sa part aurait de "sérieuses conséquences", et demandé à nouveau au régime communiste de reconnaître avoir torpillé le Cheonan.
Séoul et Washington accusent la Corée du Nord - qui dément fermement - d'avoir torpillé le 26 mars la corvette sud-coréenne près de la ligne de démarcation maritime intercoréenne, provoquant la mort de 46 marins sud-coréens.
Pyongyang a nié vigoureusement toute implication tout en agitant la menace d'une "guerre totale" en cas de nouvelles sanctions de l'ONU.
Les hauts responsables américains et sud-coréens ont estimé dans leur déclaration commune que "des provocations militaires irresponsables" menaçaient la stabilité régionale.
Questionné sur la signification de l'incident et le risque qu'il se répète, Robert Gates a spéculé sur "le processus de succession" en cours actuellement en Corée du Nord.
Quelques semaines après une déclaration de l'ONU qui n'avait pas été assortie de sanctions nouvelles contre la Corée du Nord, Hillary Clinton a annoncé aussi de nouvelles représailles américaines contre Pyongyang.
Parmi elles, des mesures contre l'achat et la vente d'armes, mais aussi de produits de luxe. Ces dernières visent directement la direction du régime, a précisé ensuite un responsable américain.
Le département d'Etat et celui du Trésor vont aussi geler les avoirs de nouvelles entités et individus, et "développer de nouveaux efforts (...) pour empêcher des sociétés nord-coréennes ayant des activités illicites" d'opérer à l'étranger et d'utiliser des services bancaires.
Le fait que la plupart de ces entités et individus n'ont pas de comptes bancaires aux Etats-Unis importe peu, a expliqué un diplomate américain. Leurs banques n'en prendront pas moins garde aux risques pour leur réputation, a-t-il expliqué.
Washington et Séoul avaient annoncé mardi que des exercices militaires navals conjoints à grand échelle débuteraient dimanche en mer du Japon.
Le premier mobilisera jusqu'au 28 juillet 8.000 Américains et Sud-Coréens, une vingtaine de navires et sous-marins, dont le porte-avions nucléaire américain George Washington, ainsi que quelque 200 avions, dont le chasseur américain F-22, selon un communiqué de l'armée américaine.
La Chine, alliée de Pyongyang, a déjà exprimé son opposition à des jeux de guerre se déroulant à proximité de son territoire. Mercredi, le ministère chinois des Affaires étrangères a fait part de sa "préoccupation".