"Coco Chanel et Igor Stravinsky", deux légendes vues par Jan Kounen
AFP
Paris - Avec "Coco Chanel et Igor Stravinsky" qui sort mercredi en salles, le réalisateur Jan Kounen raconte les amours brèves et orageuses entre deux légendes de la musique et de la mode, qui chacune à sa manière ont révolutionné leur époque.
Coco Chanel et Igor Stravinsky
Jan Kounen ("Doberman", "Blueberry", "99 Francs"..), s'inspire ici du livre et du scénario du Britannique Chris Greenhalgh selon lequel Coco, qui a véritablement aidé financièrement Stravinsky, a eu une brève liaison avec lui.
Tous les biographes de Chanel n'en font pas état. La maison de couture parle de "fiction" mais a apporté son soutien au film, de même que son couturier Karl Lagerfeld, pour habiller l'actrice Anna Mouglalis, égérie de la griffe.
Paris 1913. La création du "Sacre du printemps" composé par Igor Stravinsky, donne lieu à l'un des plus fameux scandales de l'histoire de la musique, avec empoignades entre spectateurs, sifflets et hurlements couvrant la musique. Coco Chanel y assiste, elle est subjuguée.
Paris 1920. Coco (Anna Mouglaglis, élégante mais au jeu un peu figé), inconsolable depuis la mort en 1919 du grand amour de sa vie Boy Capel, rencontre dans une soirée Stravinsky (Mads Mikkelsen), réfugié en France après la révolution russe. Ils sont attirés l'un vers l'autre.
Elle lui donne rendez-vous et décide qu'il viendra habiter chez elle avec femme et enfants. Désargenté, il accepte. Rapidement, ils vont s'aimer avant de se quitter.
"Coco Chanel et Igor Stravinsky", qui n'évite pas quelques longueurs, part de cet amour pour mettre en parallèle le processus de création - musicale pour Igor, d'un parfum pour Coco.
La première scène plonge avec brio le spectateur dans le scandale du "Sacre", reconstitué au plus près des événements historiques comme "un hommage à Stravinsky et à Nijinsky", le chorégraphe, expliquait en mai Jan Kounen au Festival de Cannes, dont le film a fait la clôture.
Cauchemar pour Igor, la soirée est une révélation pour Coco, femme indépendante qui reconnaît en lui un alter-ego créatif.
Dès que la famille Stravinsky arrive dans la maison de Melle Chanel, le film bascule dans l'intime et un huis clos de plus en plus étouffant pour la femme de Stravinsky (Elena Morozova, subtile).
Jan Kounen décrypte le combat jamais frontal entre les deux femmes, l'épouse affaiblie par la maladie qui place l'oeuvre de son mari avant elle, et la femme libre, patronne très dure avec ses employés.
L'amour entre Stravinsky et Chanel sera aussi fort que court. Car Stravinsky ne verra jamais en Coco son égale : "Vous n'êtes pas une artiste Coco, mais une femme qui vend des tissus", lui lance-t-il dans un moment de dépit.
Pour évoquer les années 20, période de grande créativité pour les arts, Kounen a beaucoup travaillé sur l'univers de Chanel, notamment dans la maison où elle héberge la famille du musicien, décorée en noir et blanc, couleurs emblématiques de la couturière.