Colin Firth, en roi bègue, fait son entrée dans la cour des grands

AFP

Hollywood - Il a déjà son étoile à Hollywood et une renommée plus qu'établie en Grande-Bretagne, mais l'oscar de Colin Firth pour "Le discours d'un roi" le fait entrer dans la cour des grands et lui permet d'en finir avec une encombrante image d'acteur romantique.

Colin Firth
Colin Firth
En 1995, la scène où il émerge dégoulinant d'un étang, sa chemise blanche plaquée sur le torse, dans la célèbre adaptation d'"Orgueils et Préjugés" de Jane Austen par la BBC, propulse en une soirée l'acteur britannique vers la célébrité.

Avec sa longue silhouette élégante et ses yeux sombres, il devient l'incarnation de M. Darcy, ténébreux gentilhomme anglais, tiraillé entre l'amour et la raison sociale, pour les millions de téléspectateurs de la série.

Il a pourtant essayé de prendre ses distances avec le personnage, en assurant qu'il s'agissait "d'un rôle parmi d'autres", depuis ses débuts au cinéma dans "Another country - Histoire d'une trahison" (1984) et son rôle titre dans "Valmont" de Milos Forman (1989).

"Ce nom de Darcy est comme un fantôme qui ne me laisse jamais en paix", se plaignait-il encore dans une interview l'an dernier.

Il endosse pourtant le même patronyme dans une comédie sur les déboires sentimentaux d'une jeune trentenaire, "Le journal de Bridget Jones" (2001) où il joue le rôle d'un avocat baptisé... Mark Darcy, suivi en 2004 d'un deuxième opus. Deux succès populaires (et une suite annoncée) qui contribueront encore à l'ancrer dans ce registre, pourtant assez éloigné de l'image d'acteur engagé qu'il renvoie en privé.

Avec sa seconde femme, la productrice italienne Livia Giuggioli, il a lancé en 2009 un site pour promouvoir le cinéma social et politique et appuyer le combat d'ONG.

Il y a quelques mois, il a retiré son soutien public aux libéraux démocrates (centre) britanniques parce qu'ils avaient accepté de voter la hausse des droits universitaires.

"Mes parents et mes grands-parents (missionnaires) étaient dans l'enseignement ou dans des professions médicales et j'ai ainsi grandi en m'intéressant à la vie des autres", raconte ce fils d'universitaires, père de trois enfants, qui a passé une partie de son enfance en Afrique.

En 2009, son interprétation subtile d'un professeur homosexuel suicidaire dans "A Single man" de Tom Ford lui permet de rompre avec cette image publique trop lisse. Elle lui vaut d'ailleurs un prix d'interprétation masculine au Festival de Venise et -- déjà -- une nomination aux Oscars.

Un an plus tard, Colin Firth transforme l'essai en se distinguant dans "Le discours d'un roi", où il incarne avec justesse le roi George VI engagé dans un véritable combat pour maîtriser un bégaiement tenace, hantise de ses apparitions publiques. Le succès est mondial.

Ce rôle lui vaut à 50 ans un Golden Globes, le Bafta du meilleur acteur dans son pays et la consécration d'un Oscar.

Il a aussi désormais son étoile sur le "Boulevard de la gloire" à Hollywood, aux côtés d'autres grands noms du cinéma. Un succès face auquel il affiche un flegme très britannique.

"A quoi sert la célébrité?", a-t-il répondu un jour à un journaliste: "à avoir une table plus vite au restaurant".


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