Collomb dénonce un degré de violence inédit à Calais

Reuters

Lille - Le ministre de l’Intérieur a dénoncé vendredi le rôle de passeurs et de bandes dans les affrontements qui ont fait 22 blessés dont cinq par balles jeudi après-midi à Calais, dans un déchaînement de violence inédit.

“La situation est extrêmement grave”, a dit à l‘issue d‘une réunion à la sous-préfecture de Calais Gérard Collomb, venu sur place en urgence dans la nuit. “Jamais on n‘avait vu ce degré de violence à Calais.”

Selon un dernier bilan, quatre des cinq blessés par balles sont dans un état “extrêmement préoccupant”. Il s‘agit de jeunes de 16 à 18 ans, précise-t-on de source judiciaire.

Les rixes de jeudi après-midi ont notamment opposé des migrants afghans et érythréens. Selon une source policière, les forces de l’ordre sont à la recherche de plusieurs Afghans.

“C’est une situation qui ne peut plus durer”, a déclaré la maire Les Républicains de Calais, Natacha Bouchart.

Gérard Collomb a dit redouter des violences plus graves, en raison notamment de l‘exaspération des habitants de Calais.

“Il y aura des gens à bout de nerf qui réagiront face à cette présence croissante et de plus en plus violente d‘un certain nombre de migrants dont on voit bien qu‘ils sont aujourd‘hui totalement organisés en bandes”, a-t-il dit

“On vient bien qu‘il y a des chefs de bandes qui entraînent autour d‘eux et donc ce sont ces réseaux-là qui doivent être démantelés”, a ajouté le ministre de l‘Intérieur.

“MONTÉE EN PUISSANCE”

Selon Gérard Collomb, qui a cité le directeur de la police aux frontières, six réseaux de passeurs ont déjà été démantelés depuis le 1er janvier. Il y en avait eu 20 sur toute l‘année 2017. “Six en l‘espace d‘un mois, on voit bien la montée en puissance et on ne peut pas parler de phénomène spontané”, a souligné le ministre de l‘Intérieur.

Il a dit vouloir “faire baisser la pression” à Calais, où des renforts de forces de l‘ordre étaient attendus vendredi.

Il a confirmé que les pouvoirs publics allaient prendre en charge la distribution des repas aux migrants, en partenariat avec des associations choisies et dans des lieux mobiles et éloignés de la ville et de ses zones industrielles, afin d’éviter de créer des points de fixation.

Il a appelé les autres associations actives dans la région à respecter ce dispositif. “Il ne peut plus y avoir d’organisation sauvage en dehors de l’Etat de droit”, a-t-il dit.

Les rixes auraient débuté au moment de la distribution de repas en présence de passeurs armés. Selon la préfecture, elles ont éclaté entre 15h00 et 17h00 entre migrants de plusieurs communautés. “La police est intervenue pour protéger des migrants afghans menacés par environ 200 migrants de nationalité érythréenne”, a-t-on précisé de même source.

Les heurts les plus violents se sont déroulés à proximité de l’hôpital de Calais.

Selon les associations humanitaires, environ 800 migrants seraient présents dans Calais et sa région, 600 selon les derniers chiffres de la préfecture.

Gérard Collomb a réaffirmé que les autorités françaises feraient en sorte, en accord avec Londres, que plus aucun migrant ne passe en Grande-Bretagne à partir de Calais.

“Le message que je veux faire passer c‘est que si on veut aller en Grande-Bretagne, ce n‘est pas ici qu‘il faut venir.”


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