Côte d'Ivoire : 155 migrants "esclaves" en Libye rapatriés

Xinhua

Les autorités ivoiriennes ont annoncé mardi le rapatriement de 155 migrants de nationalité ivoirienne "victimes d'esclavage" en Libye. Un deuxième contingent de 260 personnes est annoncé pour mercredi, à en croire le gouvernement qui indique qu'au total 595 personnes "en détresse" sont concernées par l'opération de rapatriement.

Un premier contingent comprenant 89 femmes et des enfants est arrivé lundi soir à l'aéroport international Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan à l'issue de cette opération menée par l'Etat ivoirien et l'Organisation internationale des migrations (OIM).

"Ces personnes étaient traitées comme des esclaves en Libye et le gouvernement ivoirien ne pouvait pas rester indifférent à cette situation en laissant ses compatriotes dans un pays qui n'a pas signé la Convention de Genève", a déclaré Issiaka Konaté, le directeur général des Ivoiriens de l'extérieur, au ministère de l'Intégration africaine et des Ivoiriens de l'extérieur.

Outre un kit alimentaire, ces personnes bénéficieront d'un hébergement de deux à trois jours et d'un appui financier "symbolique".

Cette opération coïncide avec la diffusion d'un reportage de CNN révélant que des migrants, issus d'Afrique subsaharienne, sont vendus aux enchères comme esclaves en Libye.

Des voix se sont élevées pour crier leur indignation et des marches ont été organisées en Afrique et en France sur les ambassades libyennes.

Le gouvernement ivoirien a interpellé samedi la communauté internationale, non sans insister sur"l'impérieuse nécessité" de diligenter une "enquête", promettant de mettre "en bonne place" cette question à l'ordre du jour du sommet UA-UE qui se tient à Abidjan les 29 et 30 novembre.

La Côte d'Ivoire s'est dotée récemment d'un plan d'assistance pour le retour volontaire et la réintégration des migrants ivoiriens dont le nombre ne cesse de croître.

Ce plan d'assistance pour le retour volontaire et la réintégration des migrants passe par "l'assistance aux migrants en situation irrégulière qui souffrent dans une précarité de vie et qui ont besoin d'aide pour mieux s'intégrer dans leur pays d'accueil ou pour revenir dans leur pays d'origine", mais concerne également "ceux qui ont des compétences pour contribuer au développement de la Côte d'Ivoire".

La Côte d'Ivoire a été déclarée éligible, en février dernier, au fonds fiduciaire d'urgence pour l'Afrique de l'Union européenne, un fonds destiné à prévenir la migration irrégulière et à faciliter le retour des migrants.

Le fonds d'un montant de 1,88 milliard d'euros lancé en 2015 a déjà accordé des financements à plusieurs pays de la Corne de l'Afrique pour lutter contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique.

Depuis 2015, le gouvernement a procédé au rapatriement de 351 migrants "en situation d'extrême précarité retenus en Libye".

En 2016, l'OIM a estimé à près de 5.000 Ivoiriens, soit 7% de la totalité des migrants enregistrés à Lampedusa (Italie) de janvier à juin 2016, faisant passer la Côte d'Ivoire de la "10e à la 4e place" des pays d'où partent les migrants.

Le gouvernement ivoirien a décidé d'intensifier une campagne publique de sensibilisation contre la migration irrégulière lancée en 2014 dans les zones de départ identifiées, notamment à Daloa (centre-ouest, 400km d'Abidjan).

Plus de 200.000 migrants clandestins ont tenté de joindre l'Europe à partir de Lampedusa au cours de l'année écoulée.

Ces vingt dernières années, environ 20.000 personnes sont mortes en tentant de joindre l'Europe par la Méditerranée, selon des organisations internationales.



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