Côte d'Ivoire: missiles français, combats au sol contre Gbagbo à Abidjan
AFP
Abidjan - Des hélicoptères français ont de nouveau tiré des missiles lundi vers la résidence de Laurent Gbagbo à Abidjan, une zone d'où s'élevait une épaisse fumée, quelques heures après une campagne de frappes menée avec l'ONU sur les bastions du président ivoirien sortant qui résiste toujours à son rival Alassane Ouattara.
Peu après les derniers tirs de missiles français, des "combats à l'arme individuelle" ont débuté vers le boulevard situé en contrebas de la résidence de M. Gbagbo et qui mène au Golf Hôtel, QG d'Alassane Ouattara, président reconnu par la communauté internationale, a ajouté le témoin contacté par l'AFP.
"Des hélicoptères de (la force française) Licorne survolaient entre 10H00 et 11H00 (locales et GMT) le secteur de la résidence. Ils ont tiré plusieurs missiles sur la zone. Une très grosse fumée noire s'élève du côté de la résidence", a indiqué cet habitant.
Un peu plus tôt, des combats à l'arme lourde et légère avaient opposé pendant une heure et demi les forces de M. Ouattara à celles de son rival dans le quartier de la résidence de M. Gbagbo, selon un habitant.
Les combats n'avaient pas lieu dans les environs immédiats du batiment mais entre la télévision d'Etat RTI et l'Ecole de gendarmerie, deux autres fiefs du chef de l'Etat sortant, également situés dans le quartier de Cocody, dans le nord de la métropole.
De fortes détonations ont aussi été signalées par plusieurs habitants dans le quartier du Plateau (centre) qui abrite le palais présidentiel.
De dimanche 17H00 jusqu'au coeur de la nuit, la mission de l'ONU et la force française Licorne avaient tiré des missiles vers ces deux sites, alors que M. Gbagbo, retranché dans sa résidence, refuse de se rendre malgré une dizaine de jours de combats à Abidjan.
Le camp Gbagbo, dont les forces avaient réussi ces derniers jours à regagner du terrain à Abidjan, a immédiatement accusé dimanche la France, ancienne puissance coloniale, de chercher à assassiner" le président sortant.
Lundi, un de ses proches, Charles Blé Goudé, a ajouté que "ces dernières heures, les hélicoptères de l'armée française ont tiré sur la résidence privée du président Laurent Gbagbo, détruisant partiellement cette résidence".
Le conseiller spécial du président français Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a répondu lundi que la participation de la France aux frappes était destinée à éviter "un bain de sang à Abidjan".
"La France n'a pas pour mission de chasser Laurent Gbagbo militairement", a déclaré M. Guaino à la chaine France 2.
L'ONU a expliqué de son côté qu'il s'agissait de "neutraliser les armes lourdes" du camp Gbagbo pour protéger les civils.
Lundi matin, Paris a justifié les tirs en disant être intervenu à la demande expresse de l'ONU.
"Conformément à la résolution 1975 et en accord avec le président Ouattara, le secrétaire général des Nations unies (Ban Ki-moon) a demandé au président de la République (Nicolas Sarkozy) la poursuite de la participation des forces françaises aux opérations menées par l'Onuci pour neutraliser les armes lourdes utilisées contre la population civile", indique un communiqué de la présidence.
Les combats ont mis Abidjan, capitale économique dont la population est évaluée à quatre millions d'habitants, au bord d'une catastrophe humanitaire.
"Nous avons de très vastes mouvements de population d'un quartier à l'autre car aucun quartier n'est vraiment sécurisé", a déclaré le coordonnateur humanitaire entre les agences de l'ONU et des ONG, Ndolamb Ngokwey, contacté au téléphone depuis Paris.
"Beaucoup de personnes m'ont raconté qu'il y avait beaucoup de cadavres qui jonchaient les rues, et pas seulement dans le quartier des ambassades", a-t-il dit.