Crédit Agricole axe sa stratégie de croissance sur la proximité

AFP

Le Crédit Agricole, qui souhaite croître grâce à des métiers qu'il "maîtrise" au terme de deux années chaotiques, a présenté jeudi un plan stratégique à horizon 2016 axé sur l'épargne et la banque de proximité.

"Nous sommes réalistes, nous sommes pragmatiques. Nous devons continuer de faire ce que nous savons bien faire. (... ) Nous allons investir dans les métiers que nous maîtrisons", a assuré le directeur général de la banque, Jean-Paul Chifflet, lors d'une conférence de presse.

Le nouveau plan stratégique prévoit un bénéfice net supérieur à 4 milliards d'euros en 2016 pour l'entité cotée du groupe, Crédit Agricole SA (CASA), soit une hausse de 60% par rapport à son niveau de 2013.

L'an dernier CASA a dégagé un bénéfice net de 2,50 milliards d'euros, redevenant bénéficiaire après deux exercices de pertes marqués par des cessions et le nettoyage du bilan.

Au niveau du groupe, qui intègre la totalité des résultats des caisses régionales, le bénéfice a atteint 5,13 milliards d'euros en 2013, mieux que les performances des concurrentes BNP Paribas et Société Générale.

"Grâce aux décisions fortes que nous avons prises depuis 2011, le Crédit Agricole est devenu un leader européen, en ordre de marche et prêt à délivrer une performance durable", a estimé Jean-Paul Chifflet.

Pour 2016, le groupe Crédit Agricole vise un bénéfice net de plus de 6,5 milliards d'euros accompagné d'une croissance annuelle des revenus de l'ordre de 2%.

CASA s'est fixé un objectif de rentabilité des fonds propres (ROTE) de 12%, contre 9,3% fin 2013. Elle prévoit également de distribuer à ses actionnaires environ 50% de ses bénéfices dès 2015, payables pour moitié en numéraire.

- Départs pas systématiquement remplacés -

Pour soutenir sa croissance, le groupe, qui a fixé des objectifs pour chaque pôle d'activité, mise sur la banque de détail en France mais aussi en Europe où elle a l'ambition de devenir "leader de la banque universelle de proximité".

En France, où elle prévoit plus de 2 milliards d'investissements pour basculer vers le multicanal, elle souhaite gagner des parts de marché "sur tous les segments de clientèle" et vise notamment 360.000 clients particuliers supplémentaires chez LCL.

"Nous avons une chance en France, c'est d'avoir un pays propice au métier bancaire", a souligné M. Chifflet, qui ne compte pas "sacrifier au phénomène de mode qui oppose le digital au conseiller".

En banque de financement et d'investissement, le groupe vise une croissance annuelle de 3% des revenus de CACIB assortie d'un ROTE de 12% en 2016.

La banque souhaite également se renforcer sur l'assurance et la gestion d'actifs qui devraient lui permettre "d'intensifier les synergies de revenus" .

Elle vise un encours de 1.000 milliards d'euros d'actifs en 2016 (contre 777 mds fin 2013) pour sa filiale Amundi qu'elle veut développer en Europe.

Pour y parvenir, la banque envisage l'acquisition d'acteurs "de taille moyenne" si l'opportunité se présente et précise qu'au-delà de la gestion d'actifs et de la banque privée, aucune acquisition n'est prévue.

Parallèlement, le groupe prévoit de nouvelles mesures d'économie réparties entre caisses régionales et CASA en complément du programme de 650 millions d'euros déjà entamé.

Au total, il souhaite réduire ses coûts de 950 millions d'euros entre 2012 et 2016, sachant que 351 millions d'euros d'économies ont déjà été réalisées ces deux dernières années.

Si les conséquences en termes d'emploi n'ont pas été précisées, cela se traduira par un "projet de remplacement partiel des 5.000 départs naturels sur la durée du plan" pour CASA et sur une "évolution de l'effectif au rythme des départs naturels" chez LCL, selon le communiqué.

Philippe Brassac, vice-président du conseil d'administration, a estimé qu'en termes d'emploi, tout dépendrait du degré de réussite du projet multicanal du groupe.

Quant aux contraintes réglementaires, la banque vise un ratio de fonds propres "durs" supérieur à 10,5% en 2016 pour CASA (contre 8,3% fin 2013) et égal à 14% pour le groupe (11,2% fin 2013), selon les règles de Bâle III.


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