Daniel Couturier : "Le paravent n'est pas un triptyque"
Benhmza Abderrahman
Homme de Lettres français, éditeur, critique d'art et collectionneur, Daniel Couturier, aujourd'hui âgé de soixante quinze ans, fait aussi partie du paysage artistique et culturel marocain pour ses fréquentes implications dans la promotion de la culture au pays. Ce membre de l'Académie d'Angers (la 2ème à être fondée après l'Académie française) mène un travail colossal en recençant les Bulletins de toutes les académies de France et d'Europe, comme il continue de diriger des éditions littéraires et de donner des conférences ici et là sur l'art plastique en général. Nous l'avons rencontré à l'occasion de l'exposition des paravents à la médiathèque de la Mosquée Hassan II à Casablanca. Entretien:
Entretien avec Daniel Couturier
Daniel Couturier: Les gens prennent souvent un paravent pour un triptyque. Or c'est différent. Dans un paravent, chaque feuille est indépendante de l’autre, mais pourrait en être un prolongement. Posé par terre, on l'appréhende au niveau des yeux. Il peut être peint d'un seul côté ou des deux et offrir ainsi un double intérêt. Il peut devenir une toile utile, modifier les volumes, cacher la misère… C'est une toile-meuble, avec une partie décorative et une autre partie meuble. C'est pour cela qu'il est plus facile à vendre par rapport à un tableau proprement dit…
-Comment vous est venue l'idée de la collection de paravents?
A Angers, j'avais une galerie il y a quelque dix sept ans, aujourd’hui vendue. J’y avais montré une dizaine de paravents contemporains faits par des amis peintres assez connus nationalement, mais aussi par des artistes étrangers, gens en fin de carrière et qui ont abordé le paravent pour la première fois. Petit à petit, la collection s'est vue augmentée de nouveaux noms parmi eux des Marocains comme Raja Atlassi, Fatima Hajjaji, Housseine Maouhoub. Avec les temps, j'ai organisé des expositions à Angers dans des lieux historiques tels le Château de Monsoreau qui fait allusion au roman d’Alexandre Dumas père – la Dame de Monsoreau - , l'Abbaye de Bouchemain, le Château de Riveau. C'était dans les années 90. Il y a eu beaucoup d'écrits dans la presse à ce sujet, des couvertures télévisées, des rencontres, etc. La collection continuait de grossir et le point d'orgue ce fut l'exposition que j'avais montée à la grande piscine de Roubaix, à côté de Lille. Un excellent catalogue avait été édité à cet effet par le groupe Somogy, connu pour s'intéresser, en fait de publication, aux grands événements artistiques et culturels. Après ce coup d'éclat et la notoriété qui en a résulté, est venue une autre exposition non moins importante à la plus grande et la plus ancienne Bibliothèque Technique de Paris à Forney, dans le 1er arrondissement, exactement à l'Hôtel de Sens qui date du 16ème siècle.
Comment s'est opéré votre partenariat avec le Syndicat Marocain des arts plastiques?
Cela fait 18 mois que nous travaillons, Afif Bennani (secrétaire général du syndicat), Abdallah Yacoubi et moi au projet, aujourd'hui réalisé, d'une exposition de ma collection de paravents augmentée de celle que présente le syndicat, c'est-à-dire une quinzaine d'œuvres.
C'est l'artiste peintre Maouhoub susmentionné, que je connais depuis une dizaine d'années, qui est derrière l'idée d'une expo en partenariat avec le syndicat en question. Sur présentation du dossier de Afif Bennani, j'ai fait un papier sur son travail d'artiste, que je trouve fort appréciable, et c'est à partir de là que nous avons décidé d'organiser ensemble cette exposition-événement la première du genre au Maroc.
Daniel Couturier
Comme la médiathèque ne peut pas garder la collection plus de dix sept jours, nous allons la déplacer après à MéKnès pour quatre jours (20/24 courant) à la salle de la délégation régionale du ministère de la Culture. Ensuite, ce sera Rabat (27/31) dans le foyer du Théâtre Mohammed V. C'est le Syndicat marocain des arts plastiques qui assure cette itinérance en impliquant ledit ministère pour une subvention et une nouvelle édition de la version du catalogue de la médiathèque, qui sera légèrement remaniée au niveau de la présentation et des pages de garde. La médiathèque à laquelle j'exprime ici mes remerciements pour son accueil et ses prestations logistiques afin de réussir l'événement et à laquelle je réponds par le sacrifice des fêtes de Noël chez moi en France, que je consens à faire en vue de recevoir les visiteurs qui viennent tous les jours, désireux d'être éclairés sur l'histoire des paravents. Je rappelle que la collection des paravents contemporains est déjà retenue en France, à Vaison La Romaine (près d'Orange); c'est l'association La Ferme des Arts, qui gère le théâtre romain antique qui l'accueille du 25 avril au 27 juin 2012. De même est retenue ma collection de Girouettes contemporaines, qui a fait l'objet d'un beau livre en 2008, sera exposée à Criel-sur-Mer, à côté de Dieppe sur la Manche, du 10 juin au 10 juillet 2012.
Qu'en est-il de Daniel Couturier, l’écrivain et l’éditeur?
Eh bien, je continue toujours de travailler, de faire des livres. Je viens d'en terminer un de 440 pages sur mon parcours éditorial. Après les éditions du Vieux Logis, qui s'occupent surtout de littérature du terroir, je me suis associé aux éditions Cheminements à Saumur en 2000, et pendant douze ans, nous avons sorti quelque 940 titres relevant de dix sept collections. Toujours avec Cheminements, nous avons lancé une autre maison d'édition appelée Arsis (mot qualifiant le premier moine qui donne la mesure dans un chant liturgique). Maintenant, et toujours avec Cheminements, nous avons remonté une maison de livres lus et qui sont sur C.D.