David Douglas Duncan: un maître dans l'art de photographier la guerre
AFP
Perpignan - L'Américain David Douglas Duncan, 92 ans, continue de pleurer quand il explique les circonstances dans lesquelles il a photographié la guerre de Corée il y a 58 ans. Des photos, exposées à Perpignan, qui restent des références en matière de reportage de guerre.
Un homme couvert d'un manteau lourd, protégé par sa capuche, regarde au loin dans le vide; il mange une boîte de conserve. Le jeune homme au visage abîmé est un marine. Cette photo a été prise le 9 décembre 1950, en pleine guerre de Corée.
"J'ai un souvenir très vif" des circonstances dans lesquelles ont été prises ces photos de Corée, dit le très respecté David Douglas Duncan. Celle-ci, "c'était au lever du soleil. Il faisait très froid, dans les moins 30 degrés, nous avions faim, nous n'arrivions plus à parler", raconte David Douglas Duncan, la voix étranglée par l'émotion.
"Je suis désolé de pleurer comme ça. (...) Je ne comprends pas comment font les médecins le soir après avoir vu tant de choses horribles", confie David Douglas Duncan, lors d'une conférence de presse organisée dans le cadre du festival Visa pour l'image à Perpignan.
"Pendant la guerre de Corée, j'étais photographe pour Life, mais j'étais aussi un marine à la retraite puisque j'avais été dans l'armée pendant la Seconde guerre mondiale à partir de 1942", explique-t-il, racontant que cela l'avait aidé à rejoindre les troupes en Corée. Les soldats sont le sujet de son travail dans cette guerre.
David Douglas Duncan a compilé les photographies dans un livre intitulé "This is war!" publié en 1951. Dans la préface, il a écrit: "Pas d'apothéose dans ce livre, ni de conclusion fracassante. Juste le désir de montrer un peu ce qu'un homme doit subir quand son pays décide d'entrer en guerre".
Sur une autre photo, il y a un soldat à terre, visiblement mort, entouré de trois marines. "On mangeait notre ration. Le sniper a visé le gars à côté de moi, à même pas un mètre", raconte le photographe, ajoutant "La vie, c'est ça, c'est un coup de chance".
Puis, en colère, il explique qu'il n'avait pas pu publier cette photo. "Travailler pour un magazine et s'entendre dire qu'on ne peut pas montrer quelqu'un qui a payé un tel prix, le prix de la vie... Il n'est même pas reconnu pour son sacrifice", déplore-t-il vivement.
Sa révolte est intacte, malgré les années qui ont passé. Il se montre également très virulent vis-à-vis de l'administration Bush. "Aujourd'hui, faire ce que j'ai fait en Corée, ça serait totalement impossible. Il y a des imbéciles au Pentagone qui veulent tout cacher", juge-t-il.
Toujours en forme malgré ses 92 ans, il lance des conseils aux plus jeunes: "Vous avez des appareils photos, c'est comme des armes politiques, il faut s'en servir".
David Douglas Duncan a été l'un des premiers photographes contactés par le festival "Visa pour l'image", à sa création il y a vingt ans, mais jusqu'à cette année, il n'avait jamais exposé son travail à Perpignan.
Le photographe, qui vit près de Nice depuis une dizaine d'années, avait donné tous ses négatifs à l'université du Texas à Austin et il était impossible d'obtenir des tirages. Grâce à la technologie numérique, les négatifs ont finalement pu être scannés, afin de réaliser les tirages exposés à Perpignan jusqu'au 14 septembre.
"J'ai un souvenir très vif" des circonstances dans lesquelles ont été prises ces photos de Corée, dit le très respecté David Douglas Duncan. Celle-ci, "c'était au lever du soleil. Il faisait très froid, dans les moins 30 degrés, nous avions faim, nous n'arrivions plus à parler", raconte David Douglas Duncan, la voix étranglée par l'émotion.
"Je suis désolé de pleurer comme ça. (...) Je ne comprends pas comment font les médecins le soir après avoir vu tant de choses horribles", confie David Douglas Duncan, lors d'une conférence de presse organisée dans le cadre du festival Visa pour l'image à Perpignan.
"Pendant la guerre de Corée, j'étais photographe pour Life, mais j'étais aussi un marine à la retraite puisque j'avais été dans l'armée pendant la Seconde guerre mondiale à partir de 1942", explique-t-il, racontant que cela l'avait aidé à rejoindre les troupes en Corée. Les soldats sont le sujet de son travail dans cette guerre.
David Douglas Duncan a compilé les photographies dans un livre intitulé "This is war!" publié en 1951. Dans la préface, il a écrit: "Pas d'apothéose dans ce livre, ni de conclusion fracassante. Juste le désir de montrer un peu ce qu'un homme doit subir quand son pays décide d'entrer en guerre".
Sur une autre photo, il y a un soldat à terre, visiblement mort, entouré de trois marines. "On mangeait notre ration. Le sniper a visé le gars à côté de moi, à même pas un mètre", raconte le photographe, ajoutant "La vie, c'est ça, c'est un coup de chance".
Puis, en colère, il explique qu'il n'avait pas pu publier cette photo. "Travailler pour un magazine et s'entendre dire qu'on ne peut pas montrer quelqu'un qui a payé un tel prix, le prix de la vie... Il n'est même pas reconnu pour son sacrifice", déplore-t-il vivement.
Sa révolte est intacte, malgré les années qui ont passé. Il se montre également très virulent vis-à-vis de l'administration Bush. "Aujourd'hui, faire ce que j'ai fait en Corée, ça serait totalement impossible. Il y a des imbéciles au Pentagone qui veulent tout cacher", juge-t-il.
Toujours en forme malgré ses 92 ans, il lance des conseils aux plus jeunes: "Vous avez des appareils photos, c'est comme des armes politiques, il faut s'en servir".
David Douglas Duncan a été l'un des premiers photographes contactés par le festival "Visa pour l'image", à sa création il y a vingt ans, mais jusqu'à cette année, il n'avait jamais exposé son travail à Perpignan.
Le photographe, qui vit près de Nice depuis une dizaine d'années, avait donné tous ses négatifs à l'université du Texas à Austin et il était impossible d'obtenir des tirages. Grâce à la technologie numérique, les négatifs ont finalement pu être scannés, afin de réaliser les tirages exposés à Perpignan jusqu'au 14 septembre.