"De liens et d'exils", une exposition collective de sept artistes marocains à Bruxelles

MAP

Une invitation à réfléchir aux notions du "lien" et de "l'exil" dans la société moderne à travers l'art dans toute sa splendeur et sa diversité, c'est ce que proposent sept artistes marocains dans le cadre d'une exposition collective dont le vernissage a eu lieu, mercredi soir à la somptueuse Villa Empain à Bruxelles.

Organisée par la Fondation Boghossian et le Centre nomade des Arts "Moussem" avec le soutien de l'Ambassade du Maroc en Belgique et Wallonie-Bruxelles International, cette exposition intitulée "De liens et d'exils" met en avant des œuvres d'une grande originalité qui reflètent des univers artistiques singuliers et créatifs.

Photographie, vidéo, sculpture, gravure, tissage..., cette exposition mêle avec brio différentes formes artistiques pour évoquer avec finesse et subtilité des thématiques complexes sur fond de questionnements sur le sens du lien face à la réalité brutale de l'exil.

Il s'agit d'explorer des liens affectifs et territoriaux qui se nouent et se dénouent dans un monde où les relations humaines sont de plus en plus mises à mal par l’individualisme, les conflits identitaires et les progrès technologiques.

"On ne peut pas penser l'exil sans penser le lien, que ce soit sur le plan social, psychologique ou émotionnel. Ce sont des questions universelles que le contexte actuel et les réalités géopolitiques nous imposent avec acuité", a déclaré à la MAP, l'universitaire Nadia Sabri, commissaire de l'exposition. 

L'exposition "De liens et d'exils", qui est également un projet de résidences artistiques, réunit sept artistes dont chacun a fait le choix d'aborder une facette de ces deux thématiques et d'expérimenter un nouveau parcours et une démarche novatrice, a-t-elle ajouté.

Le directeur du centre "Moussem", Mohamed Ikoubaan, s'est, de son côté, félicité de la qualité artistique des œuvres exposées, lesquelles mettent en exergue "les liens et les dynamiques positives qui se dégagent de l'exil et de l'immigration". 

L'exposition "De liens et d'exils", qui se poursuivra jusqu'au 3 février 2019, permet ainsi au public de découvrir le projet de photographies "Portraits de familles" de Hassan Darsi à travers la série V: Souk Had Oulad Fraj qui reconstitue des décors de schémas familiaux dans une démarche esthétique et intimiste. Elle propose également aux visiteurs une immersion dans l'univers artistique novateur de Wiam Haddad qui évoque, par la fragilité du matériau, le corps humain comme palimpseste.

A ces œuvres, s'ajoutent le travail de Hanane El Farissi qui exprime toute sa sensibilité artistique à travers ses deux projets "Pur et impur" et "Poudre noire" où installations et sculptures se complètent et se subliment, ainsi que les réalisations de Randa Maroufi qui présente sa vision du lien et de l'exil via son projet "Ceuta's Gate". 

L'exposition offre à voir également l'installation "Fatima's salon" de l'artiste visuelle Saddie Choua qui reconstitue le salon de l'éminente sociologue et écrivaine marocaine, feue Fatima Mernissi en ayant recours à des archives et des éléments documentaires et fictifs.

"La métaphore de la ligne et du fil" est, par ailleurs, au cœur du projet artistique de Zainabe Andalibe qui traite la question de l'exil et de la migration de façon métaphorique en se basant sur le témoignage d'un migrant subsaharien.

Pour elle, c'est une façon "de raconter l'histoire d'appartenir à un territoire et la non-appartenance subie par la distance".

Les visiteurs de l'exposition terminent leur parcours en beauté avec l'oeuvre d'Abdessamad El Montassir, jeune artiste originaire de Boujdour.

A travers une vidéo intitulée "Achayef", l'artiste présente "l'histoire comme un paysage" en racontant des micro-histoires du Sahara marocain transmises oralement par les populations locales.

Il s'agit de mettre la lumière sur des archives non matériels et de relater des récits méconnus en puisant notamment dans la poésie et la mythologie, a-t-il expliqué à la MAP.

Ce projet s'inscrit dans le cadre d'"Al Amakine", une cartographie des vies invisibles, un projet d'art et de recherche collaboratif conçu selon une démarche artistique interdisciplinaire.

Le vernissage de l'exposition "De liens et d'exils" a eu lieu en présence de l'ambassadeur du Maroc en Belgique et au Grand Duché du Luxembourg, Mohamed Ameur, et d'une pléiade de personnalités du monde de l'art, de la culture et des médias, ainsi que de membres de la communauté marocaine.


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