Dessins de Mahomet: le Pakistan "condamne" et bloque Facebook et YouTube
AFP
Islamabad - Un concours de dessins du prophète de l'islam Mahomet lancé par un usager occidental sur Facebook a provoqué une controverse au Pakistan qui a bloqué l'accès à ce réseau de socialisation sur internet ainsi qu'à YouTube et "fermement condamné" ce qu'il considère comme des "caricatures".

Les violentes protestations déclenchées dans nombre de pays musulmans dès 2006 par la publication de caricatures du prophète dans des journaux danois, puis d'autres pays d'Europe, avaient culminé le 2 juin 2008 au Pakistan: un attentat suicide contre l'ambassade du Danemark à Islamabad avait fait huit morts, dont un Danois.
L'attaque avait été revendiquée par Al-Qaïda en représailles à la publication des caricatures. Les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, fief des talibans, sont les principaux sanctuaires du réseau d'Oussama ben Laden.
La nouvelle controverse est née il y a un mois quand un usager occidental a lancé un concours intitulé "La journée des dessins de Mahomet" ("Draw Muhammad Day") dans lequel il invitait à poster sur le site, le 20 mai, des dessins représentant le prophète.
Depuis, des milliers de Pakistanais et de musulmans d'autres pays, ont protesté sur Facebook.
Dès jeudi, des manifestations hostiles à Facebook se sont déroulées sans violence dans plusieurs villes du Pakistan, qui a été le théâtre des mouvements de rues les plus violents par le passé à propos des caricatures danoises.
A Islamabad, à l'appel d'un parti islamiste, une centaine d'étudiants ont manifesté en faveur d'un boycott de Facebook et YouTube, scandant des slogans anti-occidentaux et demandant aux musulmans de "sacrifier leurs vies pour la gloire de l'islam et du prophète Mahomet", a rapporté un journaliste de l'AFP sur place.
A Lahore, des étudiants et des religieux scandaient "à bas l'Amérique" et exigeaient du Pakistan qu'il rompe ses relations diplomatiques avec le Danemark, la Suède et la Norvège, selon un autre journaliste de l'AFP.
Mercredi, sur une requête en référé d'un groupe d'avocats, la Haute Cour de Lahore (est) avait ordonné aux autorités de bloquer l'accès à Facebook jusqu'au 31 mai, date de l'audience qui jugera l'affaire sur le fond.
Aussitô t, le gouvernement avait ordonné à tous les fournisseurs d'accès à l'internet de "bloquer l'accès au site www.facebook.com jusqu'à nouvel ordre (...) en vertu du jugement".
Puis jeudi, c'était au tour de YouTube, le site internet de partage de vidéos. Les autorités ont ordonné à tous les fournisseurs d'accès de "fermer le site internet www.youtube.com en raison de la multiplication de contenus sacrilèges", en se référant également à des dessins du prophète.
"Nous condamnons fermement la publication de caricatures blasphématoires de notre saint prophète sur Facebook, ces attaques malveillantes et insultantes blessent les musulmans dans le monde entier", déclarait un peu plus tard à la presse le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdul Basit.
Aux Etats-Unis, Facebook s'est dit mercredi soir dans un communiqué "très déçu par le jugement de la cour (de Lahore) de bloquer" son site "sans avertissement".
"Nous analysons la situation et les implications judiciaires et nous prendrons les mesures appropriées, qui pourraient inclure l'impossibilité pour les usagers au Pakistan d'accéder" aux pages incriminées, a cependant promis Facebook depuis son siège de Palo Alto, en Californie.