Douglas Kennedy revient avec un cauchemar américain

AFP/Dominique CHABROL

Douglas Kennedy écrit de gros livres pleins de rebondissements qu'il vend à des centaines de milliers d'exemplaires. A 54 ans, l'écrivain new-yorkais publie un nouveau roman, "Quitter le monde", dans lequel il dresse un tableau accablant de la société américaine où la nécessité de survivre efface l'idée même du bonheur.

Douglas Kennedy revient avec un cauchemar américain
"Tous les écrivains américains font face à leur pays. Quand un journaliste me dit : "Vous critiquez votre pays dans vos livres, je réponds : 'Mais, c'est un devoir'", explique-t-il dans un entretien avec l'AFP.
Après 30 années passées en Europe, Kennedy se partage désormais entre Londres, Paris, Berlin et l'État du Maine où il a acheté une maison. "J'ai décidé d'avoir une vraie dimension américaine dans ma vie. C'est mon pays et un pays c'est comme une famille, on se dispute tout le temps", confie-t-il.
"La femme du Ve", son précédent roman, dont l'action se déroulait à Paris, s'est vendu à 600.000 exemplaires en France. Pour "Quitter le monde" (Belfond), il est retourné aux États-Unis. Et une fois de plus, son personnage principal est une femme.
Le jour de son 13e anniversaire, Jane Howard annonce à ses parents en pleine dispute qu'elle ne se mariera jamais et n'aura pas d'enfants. "C'est une grande fresque de la vie d'une femme, comme dans les romans du XIXe siècle. Il y a l'idée que l'ombre de l'enfance nous suit toute notre vie, que nous répétons les mêmes erreurs à cause de l'enfance", dit-il, blouson noir et visage plein de vieil adolescent américain.
Le livre est conçu comme une sorte de road-movie et l'auteur de "La poursuite du bonheur" (2001) n'épargne pas la pauvre Jane, qui accumule déceptions et drames personnels, jusqu'à décider de "Quitter le monde". Kennedy explore différents milieux, l'université, la finance, il décrit les dérives conjugales ou religieuses et termine son roman comme un thriller.
Le ton est plus grave que dans ses livres précédents. La voix plus posée aussi pour parler de ce livre dans lequel il a mis beaucoup de son expérience personnelle : "Dans tous mes romans, il y a l'idée que la vie quotidienne est un vernis très fragile, que tout peut casser et que la chute va commencer".
Les lecteurs français adorent ces pavés de 500 pages que l'on ne pose pas avant la dernière ligne. "Quand j'étais enfant, j'adorais les montagnes russes", raconte-t-il en riant. Ses romans sont construits sur le même principe, avec des dégringolades soudaines et des remontées en flèche qui font que l'on ne peut guère sauter en marche.
Best-seller en France (avec un premier tirage de 300.000 exemplaires), reconnu en Grande-Bretagne ou en Allemagne, Douglas Kennedy est en revanche ignoré dans son propre pays. "J'ai une maison d'édition dans 21 langues, dans tous les pays anglophones, sauf aux États-Unis", explique-t-il : "Aux Etats-Unis, je suis trop populaire pour le rayon littérature et trop littéraire pour le rayon populaire".
Après plusieurs récits de voyages, il a connu son premier succès à plus de 40 ans avec "L'homme qui voulait vivre sa vie" (1998) : "J'ai eu besoin de sept livres pour devenir un vrai écrivain. C'est un métier, il faut grandir en tant qu'écrivain, s'améliorer. Ce qui est important pour l'avenir de la littérature, c'est que ce ne soit pas simplement une question de chiffres".
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("Quitter le monde" de Douglas Kennedy - Belfond - Sortie le 7 mai - 490 p. - 23 euros)


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