ETA menace la France

LEXPRESS.fr

La branche armée de l'organisation indépendantiste basque menace indirectement d'étendre ses actions en France. Elle accuse la police française d'avoir participé à l'enlèvement d'un militant.

Jurdan Martitegi, chef militaire de l'ETA
Jurdan Martitegi, chef militaire de l'ETA
L'organisation indépendantiste basque armée ETA a accusé, ce mercredi, la France et l'Espagne de la disparition d'un de ses militants et menacé indirectement d'étendre ses actions au territoire français.

Le ministre espagnol de l'Intérieur Alfredo Perez Rubalcaba a qualifié de "bobard" l'accusation du groupe clandestin qui figure sur la liste européenne des organisations terroristes.

"Le 18 avril, Jon Anza a pris le train à Bayonne (sud-ouest de la France, ndlr) pour Toulouse parce que (...) il avait rendez-vous avec l'organisation armée pour apporter de l'argent", écrit l'ETA dans un communiqué publié par le journal basque Gara.

L'ETA affirme que jamais ce militant "ne s'est présenté à ce rendez-vous ni à deux autres rendez-vous établis, par précaution, dans le centre de la ville occitane, le 18 et le jour suivant", explique Gara, canal habituel de revendication de l'ETA.

L'organisation basque assure que la police savait que Jon Anza était un de ses militants après "la découverte en début d'année de matériel informatique de l'ETA que le militant conservait dans une cache", précise Gara.

Importation du "conflit espagnol" en France

Le groupe armé, tenu pour responsable de la mort de 825 personnes en 41 ans d'attentats pour l'indépendance du Pays Basque, affirme que "la garde civile espagnole et les polices" procèdent à des "arrestations extra-judiciaires" pour exiger des personnes arrêtées "collaboration et information".

L'ETA dénonce la présence de forces anti-terroristes espagnoles importantes dans le sud-ouest de la France avec l'accord du gouvernement français et menace en termes voilés de frapper la France, ce qui n'a jamais été directement le cas jusqu'à présent.

Le gouvernement français "ouvre la voie à l'importation dans toute la France de ce qu'ils appellent le problème et conflit espagnol", selon la retranscription en espagnol par Gara du communiqué en langue basque de l'ETA.

L'ETA accuse "les forces de police espagnoles et leurs collaborateurs français" d'agir comme "aux temps des Gal".

Organisation parapolicière mise en place par le ministère de l'Intérieur du gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez dans les années 80, les Groupes Antiterroristes de Libération (Gal) sont tenus pour responsables de 28 assassinats dans les milieux indépendantistes, principalement sur la côte basque française.

Pour le spécialiste de l'ETA, Florencio Dominguez, ce communiqué vise à "recréer psychologiquement le climat des Gal, de la menace extérieure, pour resserrer les rangs" dans une période où l'ETA est très affaiblie par les coups policiers à répétition.

La menace contre la France est "indirecte et pas immédiate" car l'ETA a débattu en 2008 de la possibilité de perpétrer des attentats en France et décidé de continuer à épargner ce pays qui est la base arrière traditionnelle de ses activistes, ajoute Florencio Dominguez, rédacteur en chef de l'agence Vasco Press.

Depuis l'échec d'une tentative de négociations avec le gouvernement espagnol en 2006/2007, l'organisation armée s'est radicalisée, multipliant les attentats sur le sol espagnol (une trentaine) et tuant six Espagnols.


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :