Egypte: appel à de grandes manifestations mardi pour maintenir la pression
AFP
Le Caire - Des militants égyptiens qui avaient lancé la révolte à l'origine de la chute de Hosni Moubarak en 2011 veulent maintenir la pression avec de grandes manifestations mardi après le verdict jugé trop clément contre l'ancien président et plusieurs de ses proches.
Ces verdicts qui ne désignent aucun coupable direct dans la mort de ces centaines de manifestants ont provoqué la colère et de nombreux rassemblements à travers le pays. Le parquet a annoncé qu'il ferait appel, mais selon une source judiciaire ce processus pourrait prendre plusieurs semaines.
Un des six anciens chefs de la Sécurité reste cependant en prison, le chef du département de la Sécurité de l'Etat, Hassan Abdel Rahmane, en attendant l'issue de l'enquête sur la destruction de documents de ce service autrefois redouté et aujourd'hui dissous.
Des organisations de défense des droits de l'Homme ont jugé que l'acquittement des six ex-hauts responsables de la sécurité était un déni de justice qui pourrait encourager une culture d'impunité dans la police.
Les formations pro-démocratie dont le Mouvement du 6-Avril, la Coalition des jeunes de la révolution et l'Union des jeunes de Maspero ont appelé à manifester mardi à partir de 15H00 GMT.
Deux candidats à la présidentielle éliminés au premier tour, le nationaliste de gauche Hamdeen Sabbahi et l'islamiste modéré Abdel Moneim Aboul Foutouh, conduiront chacun un cortège en direction de la célèbre place Tahrir au Caire.
Les deux hommes étaient arrivés 3e et 4e au premier tour d'un scrutin qui va désormais se jouer au second tour les 16 et 17 juin entre Mohammed Morsi, le candidat des Frères musulmans, et Ahmed Chafiq, le dernier Premier ministre de M. Moubarak.
La condamnation de M. Moubarak, 84 ans, a provoqué la colère parmi les protestataires: l'ancien président a échappé à la peine de mort requise par le parquet, et il a été blanchi des faits de corruption qui lui étaient reprochés.
Ses deux fils, Alaa et Gamal, poursuivis également pour corruption, n'ont pas été condamnés, les faits qui leur étaient reprochés étant couverts par la prescription, une décision ayant également provoqué la colère et des manifestations au Caire, à Alexandrie et d'autres villes. Les fils Moubarak restent cependant en prison pour une autre affaire.
L'épouse de M. Moubarak, Suzanne, et ses deux belles filles Khadija al-Gammal et Heidi Rasekh ont pu rendre visite lundi à l'ancien président et ont été autorisées à lui porter de la nourriture et des boissons, selon un responsable du ministère de l'Intérieur à l'AFP.
D'après des responsables de la sécurité et la télévision d'Etat, le président déchu, qui pendant ses trois décennies de règne avait joui d'un pouvoir quasi absolu, a pleuré samedi et refusé de quitter l'hélicoptère pour rejoindre la prison de Tora où il a été transféré après sa condamnation.
L'issue du procès alourdit encore le climat à l'approche du second tour de la présidentielle.
Les militants pro-démocratie se retrouvent devant un choix difficile: élire une figure de l'ère Moubarak serait admettre la fin de la révolution et choisir Mohammed Morsi voudrait dire confier le pays à un mouvement qui selon eux a cherché à monopoliser le pouvoir depuis le soulèvement.
Dimanche, M. Chafiq a attaqué les Frères musulmans, en affirmant qu'ils allaient ramener le pays "vers le Moyen-Age".
A moins de deux semaines du vote, un mouvement de boycott gagne du terrain, avec notamment le soutien des acteurs Khaled el-Sawy et Amr Waked. Les manifestants de Tahrir proposent pour leur part un conseil présidentiel, une idée vite rejetée par M. Chafiq et que M. Morsi n'acceptera probablement pas.
MM. Aboul Fotouh et Sabbahi se sont vus dimanche pour coordonner leur action et devaient rencontrer M. Morsi lundi.
Après l'annonce du verdict samedi, le candidat des Frères musulmans a appelé les Egyptiens à poursuivre leur "révolution", avant de se joindre un quart d'heure à la foule sur la place Tahrir.