Egypte: au moins mille arrestations, appel à de nouvelles manifestations
AFP
Le Caire - Au moins mille personnes ont été arrêtées en deux jours de manifestations sans précédent contre le régime du président Hosni Moubarak en Egypte, a indiqué jeudi un responsable, alors que les militants entendent poursuivre leur mouvement de contestation.
Ces protestations, à l'appel de l'opposition qui réclame des réformes politiques, économiques et sociales, sont les plus importantes depuis l'arrivée au pouvoir en 1981 de M. Moubarak, 82 ans, objet de critiques pour n'avoir notamment jamais levé l'état d'urgence en place depuis près de 30 ans.
"Au moins mille personnes ont été arrêtées à travers le pays", a déclaré le responsable de la sécurité sous couvert de l'anonymat.
Le "Mouvement du 6 avril", une organisation de jeunes pro-démocratie, à l'origine de ces rassemblements, a appelé les Egyptiens à continuer le mouvement, inspiré par la révolte tunisienne qui a chassé du pouvoir le président Zine El Abidine Ben Ali.
"Jeudi ne sera pas un jour de vacances, les actions dans la rue vont se poursuivre", affirme le groupe sur sa page Facebook.
Il appelle également à des manifestations après les prières hebdomadaires du vendredi.
"Nous avons commencé et nous n'arrêterons pas", a déclaré un manifestant à l'AFP.
Les protestations se sont poursuivies tard jeudi dans le centre du Caire où les forces de sécurité ont procédé à de nouvelles arrestations et dispersé les protestataires à coups de gaz lacrymogènes.
Les autorités avaient annoncé mercredi l'interdiction des manifestations, après un premier jour de manifestations à travers le pays durant lesquelles les forces de sécurité ont fait preuve de retenue.
Mercredi, elles ont pourchassé les manifestants dans les rues des quartiers, faisant usage de gaz lacrymogènes, de matraques et même de pierres. Les protestataires jetaient aussi des pierres sur les forces anti-émeutes.
Au Caire, ils ont forcé un portail de l'enceinte du ministère des Affaires étrangères avant d'en être chassés par des gaz lacrymogènes.
A Suez, à 100 km au nord-est du Caire), les manifestations ont été les plus violentes mercredi.
Les affrontements ont éclaté après le refus de la police de remettre le corps d'un des trois manifestants morts mardi.
Les manifestants ont lancé des bouteilles incendiaires contre un bâtiment relevant de la municipalité, dont une partie a pris feu, selon des témoins. Ils ont aussi attaqué le siège du parti de M. Moubarak et un poste de police.
Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtés à Alexandrie (nord), deuxième ville du pays, alors qu'ils tentaient d'atteindre une place du front de mer pour manifester, selon des témoins.
La communauté internationale, dont les Etat-Unis, l'Union européenne et l'ONU, ont appelé le gouvernement égyptien à écouter les demandes du peuple et à respecter la liberté d'expression.