Enregistrements Merah: un juge va enquêter sur la fuite

AFP

Paris - Un juge d'instruction va enquêter sur la fuite des enregistrements des conversations entre la police et Mohamed Merah lors du siège de l'appartement du tueur au scooter, diffusés dimanche soir par TF1.

Enregistrements Merah: un juge va enquêter sur la fuite
Le parquet de Paris a décidé mercredi l'ouverture d'une information judiciaire contre X pour "violation du secret de l'instruction", "violation du secret professionnel" et recel, a-t-on indiqué de source judiciaire.

Dans un premier temps, il avait ouvert dimanche une enquête préliminaire à la suite de la diffusion de ces enregistrements, avant d'ouvrir une information judiciaire, cadre procédural jugé plus approprié avec la désignation d'un juge d'instruction.

L'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices" chargée de l'enquête, avait tenté sans succès lundi de récupérer auprès de la société de production Éléphant et Cie les enregistrements audio dans le cadre d'une demande de remise volontaire. La société avait refusé.

Une enquête administrative a été ouverte parallèlement, confiée également à l'IGPN.

La diffusion par TF1 des extraits de discussions entre le tueur au scooter et la police qui l'assiégeait a suscité la colère des familles des victimes, la chaîne se justifiant en mettant en avant leur valeur informative.

TF1 a diffusé pour la première fois, dans son émission Sept à Huit, une partie des enregistrements audio où l'on entend le tueur au scooter dialoguer avec des policiers les 21 et 22 mars, et relater d'un ton posé, calme, ses crimes comme ses projets criminels à venir.

L'avocate du père Merah à Paris

La chaîne a affirmé disposer d'une bande de quatre heures et demie d'enregistrements. Le siège avait duré 32 heures et s'était terminé par la mort de Mohamed Merah.

"La question est de comprendre pourquoi il y a eu cette fuite et si cette enquête, mise en perspective avec l'enquête administrative, mettra en exergue une personne ou une organisation", ont estimé auprès de l'AFP Mes Marie-Laure Ingouf et Jean Tamalet qui représentent Atim Ibn-Ziaten, frère du premier militaire assassiné par Mohamed Merah.

Lundi, les deux avocats s'étaient interrogés sur l'intérêt éventuel d'un service de police d'orchester la fuite de ces enregistrements.

L'ouverture de cette information judiciaire intervient alors que l'avocate algérienne du père de Mohamed Merah, Me Zahia Mokhtari, doit se rendre à Paris en fin de semaine pour remettre à la justice française des preuves qu'elle dit détenir, dont des vidéos qui auraient été filmées par le tueur et envoyées à son père.

Le père de Merah, Mohamed Benalel Merah, résidant en Algérie, a déposé plainte mi-juin pour "meurtre" contre la hiérarchie de la police française ayant donné l'ordre de lancer l'assaut qui a tué son fils le 22 mars.

La justice française attend les éléments promis par l'avocate du père pour statuer sur cette plainte. Au moment de la plainte, elle avait jeté le doute sur l'existence alléguée de vidéos envoyées par Merah à son père.

Parallèlement, les avocats d'Atim Ibn Ziaten ont indiqué que leur client, reçu en début de semaine au ministère de la Défense, était "satisfait" des promesses du ministère.

Aucun engagement écrit n'a cependant été pris, ont-ils indiqué, les avocats pressant le ministère de prendre en charge les frais de défense de la famille.


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