Etats-Unis: Obama déterminé à agir sur les inégalités, avec ou sans le Congrès

AFP

Washington - Espérant une année 2014 sous le signe de la "percée" économique, Barack Obama a prévenu mardi le Congrès qu'il se passerait au besoin de son feu vert pour oeuvrer à la réduction des inégalités aux Etats-Unis.

Lors de son discours annuel sur l'état de l'Union, le président des Etats-Unis a souhaité "faire accélérer la croissance, renforcer la classe moyenne et créer des nouvelles passerelles vers la classe moyenne".

Certaines de ces mesures "vont requérir une action du Congrès, et j'ai hâte de travailler avec vous tous", a affirmé M. Obama, d'un ton volontaire et combatif, après trois ans pendant lesquels son programme économique et social a été contrecarré par les républicains majoritaires à la Chambre des représentants.

"Mais les Etats-Unis ne restent pas immobiles, et moi non plus. Donc, quand je pourrai prendre des mesures sans passer par la voie législative pour améliorer les chances pour davantage de familles américaines, c'est ce que je ferai", a-t-il martelé, même si sa marge de manoeuvre est très limitée.

L'administration démocrate et les républicains du Congrès sont engagés depuis 2011 dans un bras de fer qui a atteint son paroxysme en octobre, avec plus de deux semaines de blocage du gouvernement fédéral. Depuis, les élus sont parvenus à un compromis sur des orientations budgétaires à moyen terme, mais d'autres crises menacent, comme un énième relèvement du plafond de la dette.

De nombreux élus ont surtout leur avenir personnel à l'esprit: toute la Chambre et le tiers du Sénat seront renouvelés en novembre prochain. Les alliés démocrates de M. Obama semblent mal partis pour reconquérir une majorité.

"Ce qui à mon avis unit les gens dans ce pays (...) c'est la croyance simple et profonde dans l'idée que chacun peut réussir", a affirmé M. Obama, en donnant de nombreux exemples de sa disposition à stimuler la reprise après la récession de 2007-2009.

Evoquant "le taux de chômage le plus bas depuis cinq ans", "un marché de l'immobilier en train de rebondir", M. Obama a dit être "persuadé que cette année peut être celle de la percée pour les Etats-Unis".

Il a toutefois souligné que "même en pleine reprise, trop d'Américains travaillent plus dur qu'avant juste pour joindre les deux bouts" et affirmé que la mission du gouvernement était "de renverser cette tendance".

Parmi les mesures unilatérales que le dirigeant a annoncé figurent une augmentation du salaire horaire minimum pour les nouveaux contractuels de l'Etat fédéral, à 10,10 dollars contre 7,25 dollars actuellement. Il a aussi exhorté le Congrès à étendre cette mesure à tous les employés. "Donnez une augmentation à l'Amérique!", s'est-il écrié.

Promesse de veto sur l'Iran

Le président républicain de la Chambre John Boehner a estimé qu'"après cinq ans (de pouvoir), le président Obama est visiblement à court d'idées. Avec peu de propositions soutenues par les deux partis, les Américains ont entendu un président plus idéologique qu'intéressé par une solution aux problèmes qui préoccupent les gens".

"Trop de gens perdent pied parce que les politiques du président leur rendent la vie plus difficile", a de son côté affirmé Cathy McMorris Rodgers, représentante chargée de prononcer la "réponse" républicaine au discours de M. Obama. Elle s'en est aussi pris à la réforme de l'assurance-maladie du président, dont le lancement du volet central a été marqué par de graves ratés à l'automne.

Mardi soir, M. Obama, dont la cote de confiance a décliné ces derniers mois, a assumé fièrement cette législation et exhorté ses compatriotes à continuer à s'inscrire pour en bénéficier. Il a aussi appelé à "une année d'action" après une année 2013 marquée par de multiples revers, du contrôle de la circulation des armes à feu à l'aide aux chômeurs de longue durée.

Comme souvent pour un tel discours, les questions internationales n'ont été évoquées que rapidement. Les Etats-Unis ont mis Al-Qaïda "sur le chemin de la défaite" mais "la menace a évolué" et des groupes affiliés s'enracinent ailleurs, comme au Yémen, en Somalie, en Irak et au Mali, a prévenu le président.

Sur l'Iran, il a répété qu'il opposerait son veto à toutes sanctions qui seraient votées par le Congrès pendant les négociations sur le programme nucléaire de la République islamique.

Et en Ukraine, théâtre d'une violente crise politique, M. Obama a souligné que les Etats-Unis défendaient "le principe que le peuple a le droit de s'exprimer librement et pacifiquement et doit avoir son mot à dire pour l'avenir du pays". Le président a, enfin, réitéré son appel au Congrès à l'aider à fermer la prison militaire de Guantanamo à Cuba, une promesse non tenue de son premier mandat.

Des Américains emblématiques ou méritants avaient été conviés à assister au discours à proximité de Michelle Obama: deux rescapés des attentats du marathon de Boston, le premier basketteur NBA ouvertement homosexuel, Jason Collins, ou encore la nouvelle patronne de General Motors, Mary Barra. Le président a aussi longuement fait applaudir un soldat grièvement blessé en Afghanistan, comparant son courage à celui du pays tout entier face à l'adversité.


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